L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Tout savoir sur les orques – partie 2
Tout savoir sur les orques – partie 2 est la suite et fin de l’article Orque ou épaulard tout savoir sur Orcinus Orca. Comme pour la première partie, il fait l’objet de renvois sur des articles plus fouillés qui sont signalés par les liens.
Sommaire
Comportement
Le comportement quotidien des orques consiste généralement à chercher de la nourriture, voyager, se reposer et à se socialiser. Les épaulards adoptent fréquemment des comportements de surface tels que le saut complètement hors de l’eau et le battement de la queue.
Ces activités peuvent avoir des objectifs variés, comme faire la cour, communiquer, déloger des parasites ou jouer. L’espionnage est un comportement par lequel une orque se tient la tête hors de l’eau pour observer son environnement. Les anglophones parlent de « spyhopping ».
Il est courant de voir des orques résidentes nager aux côtés des marsouins et autres dauphins. En revanche, bien qu’ils soient la même famille, ces mêmes cétacés représentent des proies pour l’épaulard transient, ce qui les pousse à fuir une zone lorsqu’une famille d’orques nomades l’investit.
Les orques sont remarquables pour leurs sociétés complexes. Seuls les éléphants et les primates vivent dans des structures sociales d’une complexité comparable.
Les pods d’orques résidentes
Les épaulards résidents vivent dans des groupes sociaux particulièrement complexes et stables. Contrairement à toute autre structure sociale de mammifères connue, les épaulards résidents vivent avec leur mère toute leur vie. Ces groupes familiaux sont basés sur des matrilignages, composés de la femelle la plus âgée (matriarche) et de ses fils et filles, et des descendants de ses filles.
Comme les femelles peuvent atteindre l’âge de 90 ou 100 ans, jusqu’à quatre générations peuvent voyager ensemble. Ces groupes matrilinéaires sont très stables. Les individus ne se séparent que pendant quelques heures, pour s’accoupler ou se nourrir.
Les groupes résidents comptent un grand nombre d’animaux, comme l’explique l’article sur les différents types de groupes d’orques. Dans ces pods d’épaulards sédentaires, les groupes peuvent se séparer pendant quelques semaines pour se reproduire sans risquer la consanguinité. Les tests ADN indiquent que les mâles résidents s’accouplent presque toujours avec des femelles d’autres groupes.
Les clans représentent la structure supérieure. Ils sont composés de groupes ayant des dialectes similaires et un héritage maternel commun. Au-dessus des clans, vient la communauté. Elle se définit comme un ensemble de clans qui se mélangent régulièrement. Les clans au sein d’une communauté ne partagent pas de modèles vocaux.
Les pods d’épaulards transients
La taille moyenne d’un matrilignage est de 5 à 6 animaux pour les orques transientes. Les groupes sont généralement composés d’une femelle adulte et d’un ou deux de ses descendants. Les mâles entretiennent généralement des relations fortes avec leur mère. Ces liens peuvent se prolonger jusqu’à l’âge adulte.
Contrairement aux résidentes, la séparation prolongée ou permanente de la progéniture transiente des matrices natales est courante, pour des jeunes et des adultes des deux sexes. Certains mâles rejoignent des groupes qui recensent des femelles reproductrices. Comme dans les clans de résidentes, les membres de la communauté transiente partagent un répertoire acoustique, bien que des différences régionales dans les vocalisations aient été notées.
Vocalisations des différentes familles d’orques
Comme tous les cétacés, les orques dépendent fortement des sons sous-marins pour s’orienter, se nourrir et communiquer. Elles produisent trois catégories de sons : les clics, les sifflements et les appels pulsés.
Les clics servent principalement à la navigation, ainsi qu’à la discrimination des proies et de toute présence dans le milieu environnant. Ils sont aussi couramment entendus lors des interactions sociales.
Le chant des orques
Les groupes de résidents du Pacifique Nord-Est ont tendance à être beaucoup plus bruyants que les groupes transients dans les mêmes eaux. Ceci s’explique par le fait que les résidents se nourrissent principalement de saumons qui sont insensibles aux vocalisations des orques. En revanche, les mammifères marins qui sont les proies des transients entendent bien les sons émis par les orques. Les transients sont donc généralement plus silencieux et utilisent plutôt un seul clic (appelé clic cryptique), que le long train de clics observé dans d’autres populations. Les résidents ne sont silencieux que lorsqu’ils se reposent.
Tous les membres d’un groupe de résidents utilisent des sons similaires, connus collectivement sous le nom de dialecte. Ces langages sont complexes et stables dans le temps et se transmettent de génération en génération. Les modèles et la structure des appels sont distinctifs au sein des matrilignages. Les nouveau-nés produisent des appels similaires à ceux de leur mère, mais ont un répertoire plus limité. Les jeunes apprennent leur dialecte au contact des membres du pod. Des appels spécifiques plus fréquents au sein d’une famille sont observés dans les jours qui suivent la naissance d’un petit, ce qui peut aider ce dernier à les apprendre.
Les dialectes constituent un moyen important de maintenir l’identité et la cohésion du groupe. La similarité des dialectes reflète le degré de parenté entre les groupes.
Voici 3 articles pour en apprendre davantage sur la vocalisation des orques : Interpréter le chant de l’orque, Le chant des orques décrypté par un océanographe, Apprenez à reconnaître le pod de l’orque que vous écoutez !
Cycle de vie des orques
Des orques femelles sans doute centenaires
Les orques femelles commencent à mûrir vers l’âge de 10 ans et atteignent leur pic de fertilité vers 20 ans. Les femelles peuvent se reproduire jusqu’à l’âge de 40 ans. Les orques font donc partie des rares animaux qui connaissent la ménopause et vivent pendant des décennies après avoir terminé leur reproduction.
La durée de vie des femelles est en moyenne de 50 à 80 ans. Certaines vivraient beaucoup plus longtemps, jusqu’à plus de 100 ans.
Pour éviter la consanguinité, les mâles s’accouplent avec les femelles d’autres groupes. La durée de la gestation varie de 15 à 18 mois. Les mères mettent généralement bas un seul petit tous les cinq ans environ.
Dans les groupes résidents, les naissances ont lieu à n’importe quel moment de l’année, bien que l’hiver soit le plus fréquent. La mortalité est extrêmement élevée pendant les sept premiers mois de la vie, car 30 à 50 % des petits meurent. Le sevrage commence à l’âge de 12 mois environ et se termine à deux ans. Selon les observations faites dans plusieurs régions, tous les membres mâles et femelles des pods participent aux soins des jeunes.
La longévité des épaulards mâles réduite
Les mâles atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 15 ans, mais ne se reproduisent généralement pas avant 21 ans. Les mâles vivent en moyenne 30 ans, avec un maximum d’environ 60 ans.
Suivez ce lien pour en connaître davantage sur la durée de vie de l’orque.
Intelligence des orques
Les épaulards ont le deuxième cerveau le plus important parmi les mammifères marins, après les cachalots qui ont le plus gros cerveau de tous les animaux.
Les orques sont capables d’imiter leurs congénères et enseignent délibérément leurs compétences à leurs proches. On peut citer les mères, au large des îles Crozet, qui poussent leurs baleineaux sur la plage pour leur apprendre la chasse à l’échouage, attendant de pouvoir les ramener si nécessaire.
Les orques sont très curieuses et peuvent se montrer espiègles. Elles ont une capacité de réflexion qui leur permet de résoudre des problèmes et d’inventer des techniques de chasse en tenant compte de la nature des proies, ainsi que de l’environnement. C’est le cas par exemple en Arctique, pour la chasse au phoque crabier.
Les orques et la pêche à la palangre en Alaska
Les orques de l’Alaska ont non seulement appris à voler des poissons pêchés à la palangre, mais ont également surmonté diverses techniques conçues pour les arrêter, comme l’utilisation de lignes non amorcées comme leurres.
Lassés de se faire voler leurs proies, des pêcheurs ont placé leurs bateaux à plusieurs miles de distance, récupérant à tour de rôle de petites quantités de leurs prises, dans l’espoir que les épaulards n’auraient pas assez de temps pour se déplacer entre les bateaux pour voler les prises.
Mais les orques ont su déjouer ce plan en une heure tout au plus, en se divisant en deux groupes.
La culture transmissible
L’utilisation de dialectes par l’orque et la transmission de comportements appris de génération en génération ont été bien souvent décrits comme une forme de culture animale.
Les cultures vocales et comportementales complexes et stables des groupes d’orques sympatriques (espèces vivant dans une même zone, qui s’y croisent, mais sans s’hybrider) sont extrêmement sophistiquées. Les interactions entre groupes semblent leur permettre d’étendre encore leurs connaissances.
Ainsi se termine le second article générique consacré aux orques. Retrouvez tous les autres articles sur la page qui leur est consacrée pour en connaître davantage sur ce fabuleux animal.
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