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Eye patch : plongée dans les yeux des orques

Eye patch : plongée dans les yeux de l’orque

Pourquoi l’orque affiche-t-elle une grande tache blanche juste au-dessus de son œil ? Les anglophones l’appellent « eye patch », nous le traduisons généralement par tache oculaire. Chaque type d’épaulard possède un eye patch propre à son groupe ; chaque individu présente ensuite des nuances dans la forme et la dimension de sa tache oculaire.

Eye patch orque - tache oculaire

L’orque, le plus grand des dauphins, reconnaissable entre tous

L’orque fait partie des mammifères marins les plus faciles à reconnaître, sans avoir besoin d’être un expert. Il s’agit du plus grand des dauphins dont la robe caractéristique noir et blanc se repère de loin. Pourtant, ces couleurs lui sont bien utiles pour se camoufler dans l’océan et échapper à la vue de certaines de ses proies.

En effet, le noir n’offre que peu de contraste avec les eaux dans lesquelles on rencontre l’orque. Elle croise plus souvent dans des océans dont l’eau apparaît sombre, plutôt que dans les baies sablonneuses d’un turquoise éclatant. Quant au blanc qui couvre une partie de son ventre, vue de dessous, il se fond avec la surface de l’eau éclairée par la lumière du jour.

Mais quelle est l’utilité de sa tache oculaire blanche, si visible de loin ?

Tache oculaire - eye patch orque

L’eye patch, pas vraiment une tache oculaire

Il n’existe pas d’explication définitive et péremptoire quant à la signification de l’eye patch blanc de l’orque, en revanche, les scientifiques avancent plusieurs hypothèses plausibles.

Où se trouve l’œil de l’orque par rapport à son eye patch ?

La traduction littérale de « eye patch » signifie « bandeau » ou « cache-œil », ce qui ne correspond pas à la réalité, car la tache oculaire se situe juste au-dessus de l’œil de l’orque. Il serait plus approprié de parler d’ocelle dont voici la définition :

tache arrondie que l’on retrouve sur l’aile d’un insecte, le plumage d’un oiseau, le pelage d’un félin. Ocelles du pelage du léopard, de la queue du paon. Exemple : ce papillon est doté d’ocelles évoquant les yeux d’un mammifère.

Toutefois, la littérature consacrée aux orques reprend indifféremment les qualificatifs de eye patch ou tache oculaire.

Tache oculaire orque

1 – La confusion entre l’eye patch et l’œil pour leurrer la proie sur la défensive

Il est fréquent que la nature dote les animaux de couleurs et marques qui leur permettent soit de se camoufler, soit de leurrer les autres animaux qu’ils croisent.

Les yeux de l’orque sont situés juste en dessous et à l’avant des taches oculaires, au-dessus et derrière le coin de leur bouche.

Les couleurs noir et blanc, ainsi que les taches blanches près des yeux de l’orque créent un effet trompeur sur leurs proies. Les orques résidentes s’attaquent généralement aux poissons qui ne disposent pas de moyens de défense susceptibles de blesser l’épaulard. En revanche, les orques transientes s’attaquent à des mammifères marins, ainsi qu’à des requins (y compris le grand requin blanc) qui ne se laissent pas capturer sans riposter. Quant aux orques hauturières, leur menu est composé de poissons, mais surtout des plus grands d’entre eux, les requins.

Toutes ces proies mordent et griffent leurs assaillants. Or, elles peuvent chercher à atteindre l’œil qui constitue un organe sensible, même chez les prédateurs les plus redoutables.

Grâce à la tache oculaire, une otarie ou un requin attaqué par une orque peut cibler l’œil pour se défendre et viser en réalité l’eye patch. Ainsi, les yeux de l’orque sont protégés et les chances déjà maigres pour le pinnipède ou le squale de s’échapper anéanties.

La blancheur de cette tache oculaire pourrait donc permettre de leurrer les proies sur la défensive.

Eye patch orque

2 – Le camouflage misant sur le contraste entre le noir et le blanc

L’effet d’optique du contraste entre le noir et le blanc peut aussi servir de camouflage. L’océan lui-même est sombre, mais le soleil engendre des reflets éblouissants qui apparaissent comme de grandes taches blanches. C’est encore plus flagrant dans les eaux arctiques et antarctiques dans lesquelles les orques nagent au milieu des blocs de glace, icebergs et fragments de banquise d’un blanc éclatant.

Les taches oculaires peuvent ainsi participer aux illusions d’optique et créer la confusion chez les proies de l’orque.

Eye patch orque Islande

3 – Au contraire du camouflage, la couleur blanche pour servir de repère !

Une autre hypothèse avance que l’eye patch blanc aide les orques à se reconnaître et à s’orienter dans l’eau dense et sombre des profondeurs de la mer. Animal par nature très social, l’orque chasse le plus souvent en meute. Les orques mettent au point des techniques qui diffèrent en fonction du type de proies, ainsi que de la culture familiale.

Dans tous les cas, la chasse exige une coordination et une communication sans aucune faille. Dans les eaux profondes que la lumière n’atteint que très faiblement ou dans les eaux troubles où la visibilité est réduite, les taches oculaires pourraient servir de repère pour la reconnaissance et la communication des épaulards entre eux. Elles les aideraient à chasser, mais aussi à rester groupés, à se coordonner et à interagir socialement.

Eye patch orques

L’eye patch de l’orque en fonction de son type

L’eye patch affiche une forme distinctive chez chaque type d’orque.

Orque type 1 mâle
Orque type 1 mâle
Orque type 2 mâle
Orque type 2 mâle
Orque type A Antarctique mâle
Orque type A Antarctique mâle
Orque type B (petit) mâle
Orque type B (petit) mâle
Orque type B (grand) mâle
Orque type B (grand) mâle
Orque de la mer de Ross type C mâle
Orque de la mer de Ross type C mâle
Orque type D mâle
Orque type D mâle
Épaulard résident mâle
Épaulard résident mâle
Épaulard transient mâle
Épaulard transient mâle
Épaulard hauturier mâle
Épaulard hauturier mâle

L’eye patch particulière de chaque orque

La forme de l’eye patch diffère légèrement pour chaque orque, mais les nuances peuvent être très subtiles. Par ailleurs, la tache oculaire n’est que peu ou pas visible pour les observateurs hors de l’eau. C’est pourquoi elle ne sert pas à l’identification des orques.

Les scientifiques qui répertorient les orques utilisent la forme de l’aileron dorsal, ainsi que les caractéristiques de la tache de la selle. Il s’agit de la marque déclinant des tons de gris, située jusque derrière l’aileron. L’identification s’effectue selon sa forme, ses couleurs et ses marques distinctives.

L’eye patch peut exceptionnellement servir de repère lorsqu’il présente une forme originale ou une cicatrice distinctive.

Œil orque

À quoi ressemblent les yeux de l’orque ?

Les yeux de l’orque mesurent dans les 8 à 10 centimètres de diamètre. Ils sont comparables en taille à ceux d’une vache, ce qui apparaît assez petit par rapport à la dimension de l’animal, entre 6 et 8 mètres de long.

La vision est importante pour l’orque, mais peut être facilement compensée par l’ouïe et l’écholocalisation lorsque la visibilité devient nulle ou presque. Son sens de la vue apparaît assez fin hors de l’eau, ce qui explique les séances de spyhopping qui réjouissent immanquablement les observateurs… sauf lorsqu’il s’agit de proies potentielles, par exemple des otaries sur la plage, sur un rocher ou sur un morceau de banquise.

Spyhopping des orques dans le Kaldfjord

La vision de l’orque

La vision de l’orque est bien développée. Le cristallin des yeux de l’orque est fortement convexe, ce qui signifie que sa forme sphérique est plus prononcée que chez les mammifères terrestres.

Sa cornée focalise les rayons lumineux vers le cristallin qui concentre à son tour les rayons lumineux sur la rétine. Sous l’eau, la cornée n’est pas en mesure de répercuter correctement les ondes vers le cristallin, car l’indice de réfraction de l’eau est similaire à celui de l’intérieur de l’œil. La forme sphérique compense ce manque de réfraction.

La couleur des yeux de l’orque peut être noire, brune ou bleue. Les yeux sont dépourvus de certains pigments visuels, cônes et récepteurs, permettant d’identifier certaines couleurs. Ce sont notamment les cônes sensibles aux ondes courtes, sensibles à la lumière bleue, qui sont absents, ce qui apparaît ironique pour un animal vivant dans un univers où le bleu domine.

Quoi qu’il en soit, l’orque n’a pas besoin de distinguer toutes les couleurs pour demeurer le prédateur ultime des océans, au sommet de la chaîne alimentaire !

Eye patch - œil orque

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