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Aileron orque résidente

Les groupes d’orques : transient, résident ou hauturier

L’orque épaulard (Orcinus orca) appartient à l’ordre des cétacés et à la famille des Delphinidae. S’il est l’unique membre du genre Orcinus, il se divise ensuite en trois catégories : transient, résident ou hauturier. Ces différents types d’orques sont appelés écotypes et ils diffèrent sur de nombreux points : alimentation, structure sociale, langage, comportement, habitat et même apparence.

Voici comment distinguer ces trois catégories.

Un ou une orque ?

Faut-il dire un ou une orque ? La réponse est UNE orque. Cependant, il n’est pas rare d’entendre parler, à tort, d’un orque. En revanche, on dit bien UN épaulard qui est le synonyme d’orque.

Si je commence cet article en apportant cette précision, c’est que les catégories d’orques sont aussi souvent citées au masculin, ce qui est fautif. Vous lirez ou entendrez souvent : orque transient, orque résident et orque hauturier (pour offshore). Pour respecter la langue française, il faudrait parler d’orque transiente, orque résidente ou orque hauturière.

Une orque en anglais se dit killer whale, soit littéralement traduit par baleine tueuse. Les trois catégories sont : the transient killer whale, the resident killer whale et the offshore killer whale.

Fermons la parenthèse et passons à chacune de nos catégories d’orque épaulard.

Des populations qui ne se croisent jamais

Les trois catégories d’orques ont pour point commun d’être des animaux sociaux qui vivent en groupes et jamais en solitaire. En revanche, chaque population d’orque est génétiquement unique et ne s’accouple pas avec les membres d’une autre population. Des preuves génétiques ont révélé que les populations d’orques transientes et d’orques résidentes n’ont pas partagé d’ancêtre commun depuis au moins 750 000 ans !

Les orques sont la seule espèce connue dont les populations sont génétiquement séparées en raison de différences sociales et culturelles, et non pas parce qu’elles sont séparées par une barrière géographique. Sur le terrain, des orques résidentes et des orques transientes peuvent être observées relativement près les unes des autres, sans que cela n’engendre d’interactions sociales.

1 – L’épaulard résident

L’alimentation de l’orque résidente

L’alimentation est la façon la plus évidente de distinguer une population d’une autre. Les orques résidentes sont friandes de poisson, mais n’ont pas le même régime selon leur habitat. Dans le Pacifique Nord, les communautés du Nord et du Sud mangent presque exclusivement du saumon, tandis que les résidentes de l’Alaska semblent être plus généralistes dans leur préférence pour le poisson, mangeant de multiples espèces dont le saumon, le maquereau, le flétan et la morue.

Les recherches menées par le projet Far East Russia Orca Project (FEROP) ont montré que les orques piscivores au large des côtes de la Russie et du Japon préfèrent le saumon et le maquereau.

Les orques résidentes peuvent aussi manger des calmars.

Les liens familiaux de l’orque résidente

Les orques résidentes vivent en groupes familiaux au sein de communautés assez importantes, divisés par matrices et par groupes. Les petits vivent avec leur mère toute leur vie. Ces communautés sont génétiquement et acoustiquement distinctes les unes des autres, et chacune d’entre elles possède des caractéristiques uniques, propres à leur groupe.

2 – L’épaulard transient

L’alimentation de l’orque transiente

Le deuxième écotype est celui des orques transientes. Leur alimentation est beaucoup plus diversifiée avec des mammifères marins de toutes tailles. Elles peuvent s’attaquer au tout petit marsouin qui dépasse à peine un mètre, comme à la baleine bleue, le plus grand animal de la planète qui peut dépasser les 30 mètres de long. Certaines orques transientes sont des spécialistes de la chasse aux pinnipèdes et traquent le phoque sur la banquise de l’Antarctique ou sur les plages d’Amérique Latine.

Aileron orque transiente
Orque mâle transiente et son petit : grand aileron plus pointu

Les orques transientes peuvent aussi se nourrir de raies et de requins (qui font partie de la même famille). En cas de combat entre le grand requin blanc et l’orque transiente, ce sont les épaulards qui ont toujours gagné, en tout cas pour les observations réalisées jusque-là.

L’habitat de l’orque transiente et son rayonnement dans le monde

Les orques transientes vivent en petits groupes et voyagent fréquemment sur de très vastes domaines. Elles sont présentes partout dans le monde et peuvent parcourir des distances phénoménales lors de leurs transhumances.

Les liens familiaux de l’épaulard transient

Également très familiales, les orques transientes vivent en petits groupes et forment des associations étroites avec leurs parents. Certains petits restent avec leur mère toute leur vie. Cependant, leur structure sociale est un peu plus lâche que celle de leurs cousins piscivores.

En effet, comme les orques transientes chassent des mammifères qui ont des sens aiguisés pour détecter leurs prédateurs, elles ne peuvent pas se déplacer en grands groupes, car leurs proies les détecteraient facilement. Elles se déplacent plutôt en matrilignage, c’est-à-dire en compagnie d’une femelle et de sa progéniture.

Si l’unité familiale devient trop grande et que leur succès à la chasse commence à s’émousser, les filles adultes et leur progéniture ont tendance à se séparer les premières. S’il n’y a pas de filles adultes, le fils aîné du groupe se sépare de l’unité familiale, mais les mâles ont tendance à essayer de rester proches de leur mère toute leur vie.

Les orques transientes sont aussi appelées les orques de Bigg. Michael Bigg est un biologiste marin, né le 22 décembre 1939 à Londres et mort le 18 octobre 1990 à Duncan en Colombie Britannique (Canada). Il a travaillé toute sa vie sur l’observation des cétacés et s’était spécialisé dans l’études des orques. Il fut le premier à recenser les populations d’épaulards en utilisant la forme de la nageoire dorsale, ainsi que la tache grisâtre ou blanche qu’ils possèdent derrière cet aileron : la selle. Ces éléments sont uniques pour chaque animal et permettent de les répertorier pour mieux les étudier.

3 – L’épaulard hauturier

L’orque hauturière est moins connue, et moins souvent observée. Comme son nom l’indique, elle vit loin des côtes, en haute mer. On sait peu de choses sur ces insaisissables orques du large, car elles vivent loin des terres.

Leur vaste aire de répartition dans le Pacifique s’étend du sud de la Californie à la mer de Béring. Leur structure sociale et leurs préférences en matière de proies sont encore inconnues.  On les observe généralement en grands groupes de plus de 50 individus, et on les a déjà observées en train de chasser des poissons, dont certains requins.

Dents d'orques usées
Marque d’usure sur les dents de l’orque

Les dents de l’épaulard hauturier sont souvent usées, ce qui indique qu’il mange des proies à la peau rugueuse et abrasive, comme celle des requins. Il est le plus petit des trois écotypes et est plus étroitement liés aux résidentes qu’aux orques transientes, bien que les trois écotypes restent toujours génétiquement distincts.

Les caractéristiques physiques des trois écotypes

Les orques transientes sont légèrement plus longues et plus lourdes que les orques résidentes, mais cela est difficile à identifier sur l’eau. En revanche, l’aileron dorsal facile à observer est plus facile à différencier. En effet, l’extrémité de la nageoire des orques transientes apparaît plus pointue, tandis que celle des résidentes et des hauturières est plus arrondie (voir la photo tout en haut de l’article). L’orque mâle transiente se distingue par sa nageoire dorsale beaucoup plus imposante que tous les autres, pouvant dépasser deux mètres de haut.

Toutes les orques ont le dos noir, le ventre blanc et une tache blanche derrière et au-dessus de l’œil. Elles ont une tache en forme de selle sur le dos, juste derrière l’aileron, d’un blanc grisâtre.  Les taches de la selle des épaulards transients sont fermées et d’une seule pièce, tandis que les épaulards résidents peuvent avoir une tache ouverte dans laquelle se dessine une tache noire.

L’identification par les chercheurs qui étudient les populations d’orques s’effectue à partir de la forme unique de chaque nageoire dorsale, ainsi que le dessin derrière l’aileron. La combinaison des deux éléments constitue un moyen infaillible pour les reconnaître. Cette identification est cependant compliquée par le fait que la tache n’est pas symétrique et donc différente selon que l’on observe l’orque d’un côté ou de l’autre. Pour une identification complète, il faut donc des prises de vues des deux côtés.

À chaque groupe son langage

La façon de vocaliser est propre à chaque population d’orque. Les vocalises d’un groupe ne sont pas comprises par un autre, car chacun possède un dialecte transmis d’une génération à l’autre.

Il existe naturellement des points communs à l’intérieur des écotypes, notamment chez les transientes dont les groupes se sont scindés avant de devenir trop importants.

L’étude du langage des orques, comme de tous les mammifères marins, n’en est qu’à son balbutiement et nombreux sont les chercheurs à consacrer leur vie à essayer de percer le secret de ces merveilleuses vocalises.

Écoutez dans la vidéo ci-dessous quelques vocalises avec des dialectes différents. Même pour un profane, les nuances sont flagrantes.

Existerait-il un quatrième écotype d’orques : un nouvel écotype d’orques chassant les cachalots dans le Pacifique ?

 

 

L’article Comment reconnaître les différents types d’orques reprend la classification plus détaillée des orques dans le monde.
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