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Orques type B

À la rencontre de l’orque type B

Photo de couverture de l’article © Leigh Hickmott, Open Ocean Consulting, UK

Les orques peuplent tous les océans du monde et les eaux entourant l’Antarctique ne font pas exception. Parmi les quatre écotypes présents dans ces mers hostiles, nous vous proposons de partir aujourd’hui à la découverte de l’orque de type B, dont la population est divisée en deux parties : les orques B1 et les orques B2.

Orque type B Australie
Orque type B en Australie © Micheline Jenner, CWR

Les orques de l’Antarctique

Les orques les plus connues — et les plus étudiées — dans le monde sont les orques résidentes (sédentaires) et les orques transientes (nomades), mais il existe une population moins célèbre évoluant autour de l’Antarctique. Certains scientifiques avancent le nombre de 25 000 épaulards croisant dans l’océan Austral. Le chiffre est naturellement sujet à caution, notamment en raison des difficultés pour étudier et par conséquent comptabiliser les individus.

Les scientifiques étudiant les orques de l’Antarctique ont défini 4 écotypes : A, B (B1 et B2), C et D.

Orques type B près de la base Dumont d'Urville
Association possible d’une orque femelle de type B avec son baleineau et sa progéniture juvénile photographiés autour de la base antarctique française Dumont D’Urville en décembre 2008.

Qu’est-ce qu’un écotype ?

En plus d’être des prédateurs supérieurs extrêmement charismatiques, les orques représentent l’une des espèces de mammifères marins les plus diversifiées. Ces cétacés cosmopolites vivent dans tous les océans du monde, avec une répartition allant des eaux polaires aux mers tropicales, en passant par les zones tempérées.

Toutefois, les chercheurs qui les suivent ont compris depuis longtemps qu’il existait une grande disparité entre les différentes populations d’orques. Ils les ont donc classées par « écotypes », en fonction des environnements spécifiques auxquels elles se sont adaptées.

Orques de type B
Le spyhopping pour espionner l’environnement et débusquer les phoques sur la banquise.

Un écotype se définit grossièrement comme un groupe d’individus au sein d’une espèce qui se spécialise dans une ou plusieurs proies spécifiques et présente des schémas distincts de déplacement, de comportement et d’adaptation sociale, souvent liés à cette spécialisation alimentaire.

Ces groupes de cétacés étant plus ou moins génétiquement différents, certains scientifiques ont suggéré qu’ils devraient être considérés comme des espèces différentes. Il n’existe actuellement aucune unanimité au sein du monde scientifique. L’espèce générique demeure donc celle de l’orque, avec des branches différentes tenant compte des subdivisions des populations.

Dessin orques type B
Orque type B

Les 4 écotypes de l’océan Austral

Dans l’océan Austral, les scientifiques ont décrit quatre écotypes principaux.

  1. L’orque type A est la plus grande ; elle se nourrit généralement les petits rorquals, sa proie favorite, autour de l’Antarctique.
  2. L’orque type B est plus petite et se divise en deux sous-types (B1 et B2), comme nous le détaillons plus bas.
  3. L’orque type C vit presque exclusivement autour de la mer de Ross et se nourrit de poissons comme la légine antarctique.
  4. L’orque type D constitue l’écotype antarctique le plus mystérieux. Elle présente une morphologie différente, à tel point que certains scientifiques revendiquent son appartenance à une espèce à part.

Orques type B chassant les pinnipèdes en Antarctique

Les particularités de l’orque type B

L’orque de type B possède de très grandes taches oculaires. Elle se distingue également par un magnifique motif gris sur le dos appelé « cape dorsale » (« dorsal cape » en anglais). Sa peau apparaît souvent jaunâtre en raison des diatomées qui la couvrent en partie. Ces diatomées sont des algues brunes unicellulaires, entourées d’une coque siliceuse souvent finement ornementée, qui se développent dans les eaux très froides.

L’épaulard de type B est considéré comme plus petit que ses congénères de type A. Les mâles adultes mesurent toutefois jusqu’à 6 à 8 mètres de long.

Orques type B mâles et femelles

Les différences entre l’orque de type B1 et l’orque de type B2

Les orques de type B1 sont légèrement plus grandes que celles de type B2.

L’orque de type B2 est parfois appelée « orque Gerlache », évoquant le détroit de Gerlache de la péninsule Antarctique où on la trouve le plus souvent.

Les orques de type B1 voyagent en petits groupes et se cantonnent à la banquise, où elles chassent plus facilement les phoques, leur proie favorite. Les orques B2 ont tendance à se déplacer en groupes plus importants et leur nourriture apparaît plus diversifiée : manchots, poissons, phoques de Weddell, phoques crabiers, léopards de mer, éléphants de mer du Sud et cétacés, dont le petit rorqual de l’Antarctique et la baleine à bosse.

Infographie orque type B
© Anaïs Remili & Lauryn Fly

Malgré leurs différences de morphologie, de stratégie alimentaire et de taille de groupe, les deux sous-types coexistent dans le même environnement.

Les orques B1 sont le type le plus rare et pourraient être confrontées à des menaces critiques en raison du changement climatique. Une étude récente menée dans la péninsule antarctique occidentale a révélé que la taille de la population du type B1 est inférieure à celle du type B2 dans la région : 100 épaulards pour le groupe B1 contre 740 individus pour le groupe B2.

Les auteurs de l’étude ont également estimé que la population d’orques de type B1 diminue chaque année d’environ 5 %. Ceci pourrait s’expliquer, entre autres, par le changement climatique et la perte de glace de mer. Celle-ci s’avère en effet capitale pour l’alimentation des orques de type B1.

Femelle orque type B
© Anaïs Remili & Lauryn Fly

Une technique de chasse unique

Les orques de type B — et plus particulièrement celle du groupe B1 — chassent les phoques d’une manière spectaculaire. Elles utilisent d’abord le spyhopping, c’est-à-dire qu’elles se dressent à la verticale, de façon à sortir la tête de l’eau et pouvoir espionner leur environnement. Cette méthode leur permet de repérer les phoques paressant sur des plaques de glace.

Orque type B sur la banquise

Dès qu’elles repèrent une proie, généralement un phoque de Weddell ou un phoque crabier, les orques de type B coordonnent leur attaque et commencent à foncer vers la banquise à toute vitesse. Ce mouvement de groupe, appuyé parfois par l’amorce d’un changement de cap (un virage, juste devant le morceau de glace), génère une ondulation dans l’eau, provoquant une vague plus ou moins importante. Le phoque est alors déséquilibré par le tangage de la plaque de glace sur laquelle il repose, ainsi que par l’eau qui peut la submerger, la rendant alors très glissante.

Orque de type B près de la base de Dumont d'Urville
Orque de type B près de la base de Dumont d’Urville

Deux types de vagues pour une chasse particulièrement efficace

Les orques de type B créent deux types de vagues, déferlantes ou non déferlantes :

  1. Les vagues déferlantes servent à déstabiliser les phoques reposant sur une plaque de glace ;
  2. Les vagues non déferlantes servent à briser les grandes plaques de banquise.

Si la vague ne suffit pas, l’orque de type B peut se servir de son rostre puissant pour briser la glace ou faire tanguer une plaque.

Orque de type B près de Devonport en Tasmanie
Orque de type B près de Devonport en Tasmanie © Kyle Wellard

Spectaculaire vidéo de la BBC montrant la technique de création de vagues

Une technique chasse à haut rendement

S’il n’arrive pas à se maintenir sur la plaque, le pinnipède qui tombe à l’eau n’a que très peu de chances d’échapper au pod d’orques qui l’attend. Une étude portant sur cette technique de chasse a révélé que sur 16 phoques ciblés par les orques, 12 ont été tués, avant d’être partagés par le groupe.

Ces chasses spectaculaires constituent un exemple de l’impressionnante gamme d’adaptations des orques. Les épaulards sont incroyablement intelligents et capables de développer des stratégies complexes pour chasser leurs proies favorites. Toutefois, si la glace fondait, les orques de type B1 seraient privées de leur source principale de nourriture. Elles devraient alors soit s’adapter à leur nouvel environnement, soit se déplacer dans les zones où la glace subsistera.

Orque de type B autour de la base de Dumont d'Urville
Orque de type B autour de la base de Dumont d’Urville

La migration vers des zones plus clémentes pour se débarrasser des diatomées

L’orque de type B migre périodiquement vers les eaux tropicales et subtropicales. Le terme de « migrations de maintenance » est évoqué pour signifier que son périple a pour objectif de le débarrasser des diatomées qui couvrent sa peau.

Orque type B nageoire dorsale

Je vous invite à lire l’article entièrement dédié au sujet de la migration de l’orque Antarctique vers le nord : La mue de la peau à l’origine de la migration de l’orque Antarctique ?

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