L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Cétacés : la vie sociale des orques
Les orques font partie des mammifères les plus répandus sur la planète. Parfois surnommés les « loups de mer », les orques sont des cétacés, membres de la famille des dauphins océaniques (Delphinidae). S’adaptant à tous les climats, on les trouve dans tous les océans, y compris là où les températures les plus extrêmes règnent, en Arctique et en Antarctique, comme dans les zones tropicales.
Un cerveau 4 fois plus grand que celui d’un humain
Ces prédateurs hors pair possèdent une intelligence considérable. Après le cachalot, les orques possèdent le deuxième plus grand cerveau de tous les mammifères océaniques. Il est près de quatre fois plus grand que celui d’un être humain et pèse près de sept kilogrammes.
Pour étudier les cétacés, les chercheurs ont analysé leur cerveau, ce qui leur a permis de développer diverses hypothèses concernant l’intelligence des orques. Ils sont arrivés à la conclusion qu’elles manifestent un large éventail d’émotions, notamment la frustration, la colère, la peur, la joie, ainsi que la conscience de soi, ce qui les rend passionnants à observer en tant que mammifères sociaux.
En effet, les épaulards sont des cétacés à dents extrêmement sociaux qui vivent en famille tout au long de leur vie.
Intelligence et puissance sont les deux caractéristiques qui permettent à ce cétacé de s’élever au sommet de la chaîne alimentaire des mers et océans
L’impressionnante intelligence de l’orque lui permet de mettre au point des techniques de chasse avec des stratégies qui s’adaptent à l’environnement en même temps qu’à la proie. Ces méthodes sont ensuite transmises de génération en génération et font l’objet d’un apprentissage, parfois très long.
Par exemple, la technique de l’échouage – que l’on peut observer sur les plages de Patagonie et qui consiste à se jeter sur la plage pour attraper les jeunes otaries – nécessite plusieurs années d’apprentissage sous la houlette d’un ou plusieurs adultes.
Le cétacé est aussi capable de mettre au point des stratégies communes, pour par exemple créer une vague pour faire tomber à l’eau un phoque qui s’est réfugié sur un morceau de banquise. Il faut pour cela que les membres de la famille se connaissent très bien, se soient entraînés et se fassent mutuellement confiance.
La meilleure preuve du lien indéfectible entre les orques est qu’il est fréquent de les voir se partager une proie une fois qu’ils l’ont tuée. Cette mise en commun de la nourriture permet d’en faire profiter des membres inaptes à la chasse, car trop vieux, trop jeunes, handicapés ou les rares orques atteints de leucisme (ce qui les rend trop visibles et repérables par les proies pour être efficaces).
La classification des orques
- Espèce : Orcinus Orca
- Ordre : Cetacea (cétacés)
- Sous-ordre : Odontocète (à dents)
- Famille : Delphinidae
- Sous-famille : Orcininae
- Genre : Orcinus
Orcinus orca est l’une des 35 espèces de la famille des dauphins océaniques. Il est probablement apparu il y a environ 11 millions d’années.
Bien qu’il présente des similitudes morphologiques avec les fausses-orques (Pseudorca crassidens), les globicéphales noirs (Globicephala melas) et les orques pygmées (Feresa attenuate), ses plus proches parents sont le dauphin à aileron retroussé d’Australie (Orcaella heinsohni) et le dauphin d’Irrawaddy (Oracaella brevirostris).
La raison pour laquelle on utilise souvent le vocable de baleine pour l’orque vient du fait que les marins les ont appelés des « tueurs de baleines » (whale killers) après les avoir vus s’attaquer aux baleines et autres mammifères marins. Le terme est ensuite devenu « killers whales », ce qui amène la confusion en anglais, comme en français et l’utilisation du mot « baleine ».
On ne le redira jamais assez, mais l’orque sauvage n’a jamais montré aucune agressivité envers l’homme et aucune attaque dans la nature n’a jamais été répertoriée.
La vie sociale du pod
Ces cétacés extraordinaires se déplacent constamment en groupes stables, remarquablement équilibrés, menés par des femelles plus âgées.
Il existe trois types de groupes : les groupes résidents (les cétacés sédentaires), les groupes transients (les cétacés nomades) et les groupes hauturiers (qui errent au large des côtes, dans les eaux bleues profondes et qui sont les plus méconnus).
On observe de grandes différences dans les comportements, les modes de chasse, la communication et les habitudes alimentaires entre les différents groupes. Les groupes résidents se nourrissent principalement de poissons, tandis que les groupes transients et hauturiers mangent des espèces marines plus grandes, dont toutes sortes de mammifères marins, ainsi que des requins.
Bien qu’elles puissent être régulièrement observées près des côtes, les orques sont connues pour plonger à des profondeurs de près de 300 mètres à la recherche de nourriture. Selon leur régime alimentaire et leur âge, elles peuvent consommer jusqu’à 10 % de leur poids corporel chaque jour.
Les orques sont connues pour manger tous les animaux qu’elles rencontrent, même si elles ont leurs préférences. Elles se situent au sommet de la chaîne alimentaire en tant que prédateurs : leur repas peut être composé de baleines, phoques, requins, calmars, poissons, autres dauphins et, dans certains cas, oiseaux.
Les groupes de cétacés se rejoignent parfois pour former un pod géant
Les orques voyagent et chassent dans des structures sociales matriarcales qui peuvent contenir 50 individus ou plus. Certains groupes se combinent momentanément pour former des groupes de plus de 100 orques. Les individus qui composent ces groupes nagent relativement près les uns des autres.
Ces grands groupes comprennent diverses générations d’individus apparentés. Ils sont composés d’environ 20 % de veaux, 20 % de mâles et 60 % de femelles. Le pod établit des hiérarchies, avec une structure sociale considérée comme l’une des plus stables de toutes les espèces animales. Le développement de nouveaux groupes peut prendre plusieurs générations en raison de la longue durée de vie des animaux.
Jusqu’à 160 kilomètres par jour
Le groupe peut nager jusqu’à 160 kilomètres en une journée à la recherche de nourriture. Ayant travaillé ensemble pour attraper des proies, les orques partagent leur repas avec les membres du groupe, en particulier avec les plus jeunes.
Certains membres du pod peuvent quitter leur groupe pendant quelques heures à la recherche d’une proie, pour revenir ensuite.
Les migrations des cétacés pour suivre les proies et non en fonction de la température
Leurs liens étroits, en plus de leurs méthodes de chasse exceptionnelles, font de ces cétacés les plus craints du règne animal. Il apparaît que leur migration est peu ou pas liée à la température de l’eau ou au climat.
Les orques ont tendance à migrer lorsque la nourriture se fait rare. Étant donné que la plupart des cétacés présentent des schémas de migration standard, en fonction d’un calendrier fixe, ce comportement rend les orques uniques.
La fusion entre la mère et ses descendants : une relation à vie
Les orques prodiguent des soins très attentifs à leur progéniture. Les veaux sont non seulement éduqués par leur mère, mais aussi par leur grand-mère qui est souvent plus disponible après la ménopause. La fin de la fertilité est un phénomène très rare dans le monde animal. Dans les océans, seules les fausses-orques et les femelles globicéphales noirs cessent de se reproduire des années avant la fin de leur vie.
Les jeunes épaulards sont soumis à la discipline et à certains comportements que l’on peut assimiler à des punitions lorsque le petit n’obéit pas aux injonctions de sa mère. Les signes de la colère d’une femelle orque comprennent de forts mouvements de la tête, des coups de queue dans l’eau, des bruits inhabituels émis par les dents, ainsi que toute une série d’autres mouvements corporels plutôt intimidants.
Les mères forment des liens exceptionnellement étroits avec leurs petits et qui durent jusqu’à la fin de leur vie
Une mère orque nage avec l’ensemble de ses fils et ses filles, ainsi qu’avec ses petits-enfants. Les filles adultes (qui peuvent avoir leur propre progéniture) peuvent se séparer de leur mère brièvement, mais ne s’éloignent pas d’elle.
Les mâles prennent leur distance pour rejoindre un autre pod le temps de l’accouplement, mais reviennent toujours dans le pod dirigé par leur mère ou leur grand-mère (parfois même leur arrière-grand-mère).
Tout le clan au service des petits
Les orques sont très protectrices avec leurs petits. Si la grand-mère peut prendre en charge une partie de l’éducation, les adolescentes (sœurs et cousines) aident souvent les mères à s’occuper des petits.
Ce baby-orca-sitting par les jeunes orques les prépare à la responsabilité ultérieure de devenir mère. Les mâles au sein du groupe participent aussi à protection des plus jeunes et à leur surveillance.
Les comportements visibles hors de l’eau
À force d’observation, les cétologues ont conclu que chaque pod d’orques possède sa propre culture, avec notamment un langage unique. Les divers pods possèdent des personnalités, des comportements, des modes de communication et des régimes alimentaires différents.
Les jeux sont très importants au sein du pod et ils peuvent durer longtemps.
Les orques ne se contentent pas de communiquer sous l’eau, mais elles effectuent des mouvements hors de l’eau qui ont aussi une signification.
Le breaching et le battement de la caudale à la surface de l’eau
Le breaching (effectuer une brèche en français) consiste à sauter hors de l’eau et retomber sur la surface en éclaboussant avec tout son corps.
La raison de cette activité peut avoir plusieurs explications. Le breaching constitue probablement un mode de communication, ainsi qu’un moyen de se débarrasser des parasites. Il permet aussi d’obtenir brièvement une meilleure vue de l’environnement. C’est aussi peut-être tout simplement un amusement.
Le battement de la caudale (tail lobs = chandelles de la queue) à la surface de l’eau peut aussi avoir ces mêmes significations. Parfois, le mouvement est prudent et doux, mais il peut aussi être assez violent en produisant un bruit très fort.
Un festival de battements de la queue et de brèches spectaculaires avec les orques de Dyes Inlet, vers Puget Sound aux États-Unis
Le spyhooping ou l’espionnage
L’espionnage (spyhooping en anglais) consiste pour une orque à se tenir verticalement dans l’eau et à agiter lentement sa caudale, afin de maintenir sa tête au-dessus de la surface de l’eau.
L’espionnage permet à l’orque d’étudier l’environnement. L’observation peut durer quelques secondes ou plus d’une minute.
Spyhooping – l’espionnage des cétacés – Kaldfjord en Norvège
La mémoire de l’orque
Le crâne de l’orque est de forme ovale et contient l’un des plus gros cerveaux de la terre. Le cétacé possède une excellente mémoire photographique, mais ce sont surtout les zones du cerveau connues pour englober la pensée et la réponse émotionnelle qui intéressent le plus les chercheurs.
Les neurologues expliquent que la zone appelée « système limbique » est responsable du traitement de toutes les émotions. Le cerveau de l’orque contient un lobe supplémentaire de tissu, situé immédiatement à côté du système limbique et du néocortex appelé lobe paralimbique, que les humains ne possèdent pas.
Le lobe paralimbique est une excroissance des zones du cerveau qui sont connues pour contrôler la communication et les émotions sociales chez les mammifères, ce qui explique que les orques ressentent des sentiments, des émotions et des connexions sociales telles que l’amour, la joie et le chagrin.
L’écholocation des épaulards
Les orques possèdent des sens très développés. Elles peuvent entendre une large gamme de sons, possèdent une vision admirable dans et hors de l’eau, et leur peau est très sensible au toucher.
Comme la plupart des dauphins, les orques utilisent un sonar biologique appelé écholocation pour communiquer, mais aussi pour capturer des proies lorsque la vision ne peut être utilisée. Pendant leur recherche sous-marine de nourriture dans des eaux troubles ou pendant la nuit, l’écholocation facilite la localisation des objets et des proies.
Les orques émettent un son qui se propage dans l’eau. Lorsque l’onde sonore frappe un objet, elle rebondit et retourne à l’orque. Grâce à l’écholocalisation, les orques peuvent détecter d’autres animaux ou objets dans la zone, ainsi que leur taille et leur forme. Les clics émis par un organe gras du front (appelé le melon) frappent les objets et rebondissent vers l’orque avec des informations importantes. Comme les mammifères marins sont capables de détecter l’écholocation, les orques peuvent diminuer les clics qu’ils émettent lorsqu’ils chassent, afin de ne pas annoncer leur présence.
Le langage des orques
Le langage des orques est l’un des plus complexes de toutes les espèces animales. Les cris que produisent les orques émettent des sons aussi puissants que ceux des moteurs d’avion à réaction, ce qui permet de communiquer à tout moment, quelle que soit la distance entre les animaux.
Chaque pod émet des sons très différents, ce qui explique que chaque pod possède son propre langage. Les cétacés communiquent entre eux par des sifflements très distinctifs et des appels précis, en plus des bruits de basse fréquence.
L’unique évent au sommet de la tête est utilisé non seulement pour respirer, mais aussi pour communiquer, en bavardant constamment entre eux. Les lèvres phoniques sont de délicats plis de peau à l’intérieur de l’évent qui permettent aux orques de créer différents clics de communication.
Les sifflements sont produits par le larynx (ce qui leur permet de créer plus d’un son à la fois), puisqu’elles n’ont pas de cordes vocales. Les orques utilisent leurs mâchoires pour émettre des claquements qui peuvent être entendus d’assez loin sous l’eau.
En possédant son propre dialecte sonore, chaque membre du pod peut reconnaître son groupe à une distance d’environ 12 kilomètres en fonction des appels spécifiques. Les sifflements sont utilisés pour les communications privées et à courte distance, tandis que les appels pulsés sont utilisés pour les communications à longue distance.
L’apprentissage du dialecte de leur mère est un processus lent pour le bébé orque. Le jeune cétacé a besoin d’environ deux ans de pratique pour acquérir un répertoire complet de sons. Les mères utilisent des sons exceptionnellement variés lorsqu’elles communiquent avec leur progéniture, contrairement aux sons qu’elles utilisent pour communiquer avec les membres adultes du pod.
Lorsqu’elles parlent à d’autres pods, les orques utilisent un langage plus commun, moins riche et donc plus facilement compréhensible.
Je n’imaginais pas que les orques pouvaient ressentir les mêmes émotions que nous ! Incroyable.. ça me fait d’autant plus mal au cœur de penser à ceux qui passent leur vie dans des parcs…
Les orques sont des animaux qui ne vivent jamais seuls, mais toujours en famille. Les parcs vont à l’encontre de leur nature et les rendent profondément malheureux.