L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Orque Canada et USA : à la rencontre des résidentes du sud
Dans le Pacifique Nord-Ouest cohabitent les orques du sud et les orques du nord. Vous suivez ? C’est plus simple qu’il n’y paraît : la population résidente orque Canada et États-Unis qui vit dans la partie nord de l’océan Pacifique se divise en deux groupes distincts : les orques résidentes du nord et les orques résidentes du sud. C’est à ces dernières que nous nous intéressons aujourd’hui.
La carte ci-dessous vous aide à mieux comprendre la répartition de ces deux populations.
Sommaire
Orque Canada et USA : les 4 populations qui se croisent – ou pas – dans les eaux du Pacifique
L’orque ou épaulard (Orcinus orca) est présent dans tous les océans. Avant de détailler la population des SRKW (South Resident Killer Whale), sachez qu’il y a en tout 4 populations d’orques bien distinctes qui se partagent les eaux de l’océan Pacifique Nord.
- Les orques résidentes du sud (SRKW) : entre 70 et 75 individus (74 en juin 2020) dont le nombre tend à décroître.
- Les orques résidentes du nord (NRKW) : entre 240 et 260 individus dont la population a tendance à augmenter.
- Les orques de Bigg, aussi appelés épaulards transients (nomades) : environ 400 individus, population également en augmentation.
- Les orques hauturières : leur population est estimée à 300 individus, mais sans certitude et sans connaître la tendance démographique, car ces épaulards évoluent en pleine mer et sont difficiles à observer.
Tous ces épaulard nous régalent avec Le spectaculaire saut de l’orque (ou brèche).
Découvrez le curieux comportement des épaulards résidents du nord avec Les fabuleuses vidéos du massage de l’orque sur la plage.
Ces différents pods se différencient par la taille de leur corps, leur régime alimentaire, leur structure sociale, leurs vocalisations et dialectes, leur environnement, ainsi que par la forme de leur aileron, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
La population et les écotypes de l’orque Canada et USA
Les orques résidentes du Sud sont l’une des populations d’orques les plus connues, car les plus suivies par les cétologues. Il s’agit d’épaulards sédentaires qui vivent toute l’année dans la même région.
L’habitat des orques résidentes du sud
Les orques résidentes du sud vivent en famille tout au long de leur vie dans la mer des Salish. Leur aire de répartition s’étend entre l’État de Washington, les États-Unis et la Colombie-Britannique, plus précisément autour du détroit de Juan de Fuca, du détroit de Géorgie et de Puget Sound.
Chaque pod est constitué des membres d’une même famille avec une structure matriarcale. La doyenne mène le groupe, suivie de ses filles, fils, petites-filles et petits-fils, voire la génération suivante si elle vit assez longtemps. Les orques mâles quittent le pod pour rejoindre les femelles d’autres groupes, ce qui évite toute consanguinité, puis reviennent dans leur famille.
Les trois groupes de SRKW sont appelés par les lettres J, K et L. En juin 2020, 74 individus étaient recensés. Depuis février, avec l’arrivée d’un nouveau bébé orque, les orques résidentes du sud sont 75 :
- pod J = 24 orques ;
- pod K = 17 orques ;
- pod L = 34 orques.
La 76e orque est malheureusement captive et vit actuellement au Seaquarium de Miami, en Floride. Elle s’appelle Lolita, également connue sous le nom de Tokitae, et a environ 50 ans.
La population des orques du sud est vraiment réduite et en perpétuel danger, d’autant qu’elle vit dans une région où le trafic maritime est intense et perturbe leur existence, à cause du bruit, des risques de collisions, la pollution, la difficulté de chasser au son et la raréfaction de leur nourriture préférée, le saumon royal.
Jusqu’il y a peu, les scientifiques pensaient que les orques du sud n’habitaient que la mer des Salish, mais elles semblent étendre leur terrain de chasse en direction du sud, allant jusqu’à la baie de Monterrey, en Californie.
Les vocalisations de l’orque Canada et USA
Les trois pods montrent des similitudes évidentes de taille, silhouette, couleur et régime alimentaire. Les scientifiques repèrent les formes de la nageoire dorsale et la forme de la selle (la marque grise derrière la nageoire dorsale). Elles constituent des marques distinctives uniques qui permettent de distinguer chaque individu.
En revanche, les vocalisations d’un groupe à l’autre sont très différentes comme nous l’avions déjà évoqué avec l’article « Apprenez à reconnaître le pod de l’orque que vous écoutez ! ».
Ces vocalisations consistent généralement en des clics, des sifflements et des appels, comme chez les autres dauphins. Les clics sont utilisés pour l’écholocation (20-30kHz à 40-60kHz) et les aident à trouver leurs proies. Les sifflets (0,5-40 kHz avec une pointe à 6-12 kHz) sont généralement utilisés pour les communications à courte distance ou « privées ». Les appels à impulsions servent à la reconnaissance au sein du groupe et une coordination des mouvements.
Les vocalisations sont importantes pour la chasse dans ces groupes, car ces orques utilisent beaucoup de tactiques coopératives. Une partie de chasse implique une bonne coordination et il faut pour cela une bonne communication. C’est la raison pour laquelle le trafic maritime génère des nuisances qui leur sont difficiles à surmonter.
L’orque chasse grâce à l’écholocalisation (ou écholocation). Les ondes sonores sont produites dans le sac nasal par les lèvres phoniques. Ce son est concentré et canalisé vers l’extérieur lorsqu’il passe à travers le melon. Il rebondit ensuite sur les objets et animaux dans l’eau, et leur écho revient à l’orque.
Les cavités remplies de graisse des mâchoires inférieures reçoivent le son de retour. Il est ensuite conduit à travers la mâchoire inférieure vers l’oreille moyenne et l’oreille interne. Il pénètre finalement dans le centre auditif du cerveau, par le nerf auditif. La précision est telle que l’orque « voit » avec le son : elle discerne la taille, la forme et les mouvements de la proie potentielle. L’écholocation lui permet de chasser dans une eau trouble ou dans l’obscurité.
Voici des exemples d’enregistrements de vocalisations de pods J, K et L, réalisées par Ocean Networks Canada.
Vocalisations du pods J
Vocalisations du pod K
Vocalisations du pod L
Le régime alimentaire de l’orque résidente du sud
Le régime alimentaire des orques résidentes du sud est très majoritairement composé de salmonidés (environ 90 %). Elles sont réputées pour leur consommation de saumon royal dont on estime qu’elles engloutissent entre 190 000 et 260 000 adultes chaque année.
Comme la plupart des saumons, ce sont des poissons anadromes. Cela signifie qu’ils peuvent vivre aussi bien en eau douce qu’en eau salée. La première étape dans le cycle de vie du saumon royal est de frayer dans les rivières. La deuxième étape de sa vie consiste à migrer vers l’eau salée pour se nourrir, grandir et atteindre la maturité. Enfin, pour boucler la boucle de la vie, il retourne en eau douce, dans la rivière où il est né, pour frayer et mourir.
Plusieurs organismes étudiant l’écosystème de la mer des Salish réclament la suppression, ou au moins l’aménagement, de plusieurs barrages qui empêchent la circulation des saumons entre leur rivière d’origine et la mer. L’impossibilité de migrer engendre des difficultés de reproduction qui ont une incidence directe sur l’alimentation des orques et donc sur leur survie. Le barrage construit sur la rivière Snake par exemple, dans le sud-est de l’État de Washington fait actuellement l’objet de nombreuses plaintes.
Les autorités canadiennes ont conscience des dangers qui menacent les orques résidentes du sud. Ces épaulards représentent un symbole fort dans la région et leur influence sur l’économie locale est importante, notamment en ce qui concerne le tourisme. Les scientifiques travaillent en collaboration avec le gouvernement pour mettre en place des solutions qui doivent permettre la sauvegarde à long terme de cette population fragile.
Grâce aux drones, on en sait désormais davantage sur Les relations sociales des orques du Pacifique Nord.
Découvrez les détails du Baby-boom chez les orques résidentes du sud ! qui donne de l’espoir pour la survie de leur population.
Découvrez la mise à jour de l’étude consacrée aux SRKW en consultant l’article Comptage 2022 des orques résidentes du sud au Canada et aux USA.
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