L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
La prédation par les orques du Pacifique des petits mammifères marins
Les baleines grises constituent les proies les plus imposantes des orques transientes du Pacifique Nord-Est qui profitent de leur migration. Le reste de l’année, d’autres cétacés, plus petits, des pinnipèdes, et même des oiseaux marins complètent leur menu.
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Sommaire
La prédation par les orques des petits cétacés
Les orques du Pacifique nord-est apprécient autant les dauphins que les marsouins.
Les grands bancs de dauphins victimes de la prédation par les orques
Dans la baie de Monterey, il n’est pas rare de voir des bancs de plusieurs centaines de dauphins à flancs blancs du Pacifique et de dauphins communs. Les tactiques utilisées par les orques de Bigg pour capturer et tuer les petits cétacés impliquent généralement des poursuites coordonnées à grande vitesse en pleine mer.
Lorsqu’elles chassent les dauphins, les orques transientes tentent de séparer un individu ou un petit groupe d’une formation beaucoup plus importante. À cette fin, elles chargent le banc, ce qui provoque la panique et la fuite des dauphins. Ce comportement peut également être utilisé pour vérifier la présence de jeunes dauphins ou de dauphins affaiblis, vieux ou malades, qui sont désorientés et laissés derrière dans la panique.
La chasse des marsouins de Dall
Les poursuites impliquant de petits groupes de marsouins donnent lieu à des scènes frénétiques. Les marsouins de Dall notamment sont agiles et peuvent atteindre des vitesses allant jusqu’à 55 km/h, une capacité leur permettant de fuir leurs prédateurs.
Lorsqu’un marsouin de Dall est repéré, une poursuite s’engage, l’un des membres du pod d’orques menant la chasse, souvent en « marsouinant » haut dans les airs, directement derrière le marsouin en fuite. Marsouiner signifie se déplacer comme le marsouin, c’est-à-dire en accélérant sous la surface puis en se projetant vigoureusement hors de l’eau pour bénéficier de la plus faible résistance de l’air avant de replonger et ainsi avancer plus vite tout en économisant de l’énergie.
Une tactique éprouvée pour empêcher toute retraite
Qu’il s’agisse de la chasse au dauphin ou au marsouin, les orques transientes sont passées maîtres dans l’art de couper la voie de la retraite. Le pod finit par encercler le petit cétacé, rendant la fuite impossible.
Lorsqu’une orque se fatigue, une autre prend le relais jusqu’à ce que le dauphin ou le marsouin soit épuisé et incapable de continuer. Dès qu’il le peut, l’un des épaulards fait surface sous le dauphin ou le marsouin, le lançant dans les airs.
Une fois le dauphin ou le marsouin tué, les orques se partagent le butin. Elles ne se nourrissent généralement que de certaines parties de la carcasse, laissant de côté le cœur et les poumons.
La prédation par les orques des pinnipèdes
Les attaques sur les otaries de Californie sont fréquentes, mais requièrent de la prudence de la part des orques. La grande taille des pinnipèdes et leurs redoutables canines constituent en effet un danger à ne pas négliger.
Lorsqu’une otarie est repérée, le pod d’épaulards l’entoure pour l’empêcher de s’échapper. À tour de rôle, les orques se précipitent sur le pinnipède pour l’éperonner ou le frapper à plusieurs reprises avec leurs nageoires. Cela peut durer plus d’une heure, jusqu’à ce que l’otarie soit affaiblie et incapable de se défendre. À ce moment-là, les orques saisissent leur proie et l’entraînent sous la surface pour la noyer. Une fois l’otarie tuée, les membres du groupe se partagent la carcasse.
La technique de la catapulte
Lors de la prédation par les orques des pinnipèdes, les cétacés frappent leur proie avec leur rostre, ou utilisent leurs nageoires pour la catapulter dans les airs. Ce comportement permet de l’affaiblir et de tuer la proie. Un phoque commun peut être catapulté à une hauteur de 30 mètres, ce qui suffit pour le tuer, lors de l’impact avec l’eau en plus du choc initial. Cette hauteur record est rarement observée, mais la technique en elle-même, à une moindre hauteur, est très fréquente et surtout très efficace.
Il arrive que des proies soient tuées sans être consommées. Les observateurs attribuent ce phénomène à l’entraînement des jeunes orques pendant les périodes où la densité de proies est importante, notamment lors de la mise bas et des migrations et déplacements en masse. L’apport énergétique étant alors le plus élevé, c’est l’occasion pour les orques juvéniles d’apprendre les techniques de chasse.
Les blessures généralement observées sur ces proies non consommées et récupérées par les chercheurs sont des lacérations et des marques de dents, des blessures par perforation, des hémorragies internes, des côtes cassées et des poumons perforés.
Rien ne se perd dans la nature. Lorsque les carcasses sont délaissées, d’autres animaux allant du plus petit organisme au plus gros requin, en passant par toute la chaîne des poissons en profitent.
Les rares prédations par les orques des éléphants de mer du Nord
D’importantes colonies de reproduction d’éléphants de mer du Nord se trouvent dans le Pacifique nord-est, notamment à Año Nuevo, Piedras Blancas, Point Reyes et dans les îles Farallon. Toutefois, les tentatives de prédation par les orques des éléphants de mer sont rarement observées. Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) demeure leur principal prédateur.
La technique employée est la même que pour les otaries de Californie et vise les pinnipèdes juvéniles. La grande taille et les capacités de plongée supérieures aux orques des éléphants de mer adultes leur permettent d’échapper aux épaulards assez efficacement.
La prédation par les orques des oiseaux marins
Il n’est pas rare de voir des orques transientes interagir avec des oiseaux marins. Les scientifiques ont d’ailleurs pris l’habitude de repérer les cétacés en fonction de la présence d’oiseaux à l’horizon. Les volatiles sont attirés par un pod en train de se partager une proie, car ils en profitent pour grappiller des morceaux de tissus qui flottent à la surface.
Les charognards les plus fréquemment observés sont les puffins fuligineux (Ardenna grisea), les fulmars boréaux (Fulmarus glacialis), diverses espèces de goélands (Larus) et les albatros à pieds noirs (Phoebastria nigripes).
Les albatros peuvent même suivre les orques à distance en attendant qu’ils localisent leurs proies. Ce comportement s’avère bénéfique pour les oiseaux, car les orques leur permettent d’accéder à des proies sous la surface auxquelles ils n’ont jamais accès sinon. Cette théorie a été étayée par des recherches menées dans l’océan Austral, où des caméras montées sur des albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophris) ont confirmé que ces oiseaux suivaient activement les orques bien avant qu’elles repèrent les proies et se mettent en chasse, pour récupérer une partie du butin ensuite.
Les oiseaux marins à leur tour pris au piège
Si les oiseaux marins profitent du produit de la chasse des orques, ils en deviennent aussi l’objet. En effet, outre leur régime alimentaire essentiellement composé de mammifères marins, les orques transientes s’attaquent parfois aux oiseaux marins.
Dans la plupart des cas, ce sont les épaulards juvéniles qui s’approchent furtivement des guillemots de Troïl (Uria aalge) et des macareux rhinocéros (Cerorhinca monocerata), peut-être en guise d’entraînement à la chasse, avant d’être suffisamment matures pour s’attaquer aux mammifères marins.
En général, la jeune orque frappe l’oiseau avec sa nageoire caudale ou le mord par en dessous, avant de l’entraîner sous la surface pour le noyer. Le jeune cétacé relâche souvent l’oiseau qui se débat à la surface. Ce comportement peut durer plusieurs minutes avant que l’oiseau ne soit consommé ou abandonné.
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