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Orques Monterey Bay

Les 3 écotypes d’orques du nord-est du Pacifique

Les orques (Orcinus orca) représentent le plus grand membre de la famille des dauphins et la seule espèce de cétacés connue pour consommer régulièrement des mammifères marins. Le nom anglais de « killer whale » (baleine tueuse) leur a été donné par les premiers marins qui les ont observés en train de s’attaquer à de grandes espèces de baleines. En français, on les appelle aussi les épaulards. Nous vous présentons ici les 3 écotypes présents dans le nord-est du Pacifique.

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Les orques sont présentes partout dans le monde

Les orques sont des prédateurs de premier ordre dont la répartition est cosmopolite, c’est-à-dire qu’on les trouve dans tous les grands bassins océaniques. Elles se concentrent principalement dans les hautes latitudes, le long des régions côtières où les proies sont abondantes, mais elles sont également présentes dans des écosystèmes océaniques ou hauturiers, ainsi qu’à des latitudes plus basses.

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1 espèce, mais au moins 10 écotypes

Actuellement, une seule espèce d’orque est reconnue au niveau mondial, mais 10 écotypes ont été décrits. Un écotype est une variété d’une espèce animale donnée qui s’est adaptée de façon génétique aux conditions spécifiques d’un milieu, grâce à la sélection naturelle. Pour les orques, cette évolution est aussi possible grâce à l’apprentissage d’une génération sur l’autre.

La spécialisation des proies entre les écotypes et les différentes techniques de chasse constituent la force motrice qui a façonné l’évolution des orques. Dans le nord-est du Pacifique, des études à long terme ont permis de décrire trois écotypes sympatriques – c’est-à-dire vivant dans la même aire géographique sans s’hybrider – connus sous le nom de résidents, transients et hauturiers. Ces écotypes diffèrent par leur régime alimentaire, leur comportement, leur distribution, leur morphologie, leur acoustique et leur génétique.

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1 – Les orques résidentes du nord-ouest du Pacifique

Les orques résidentes sont spécialisées dans la recherche de poissons, en particulier de salmonidés. Elles vivent dans des groupes matrilinéaires stables dont la taille varie de 10 à 50 épaulards. Elles se composent de trois segments de population distincts qui sont socialement isolés.

  1. Les orques résidentes du sud se répartissent entre les eaux du sud de la Colombie-Britannique et la côte centrale de la Californie ;
  2. Les orques résidentes du nord se répartissent entre la Colombie-Britannique et le sud-est de l’Alaska ;
  3. Les orques résidentes de l’Alaska se répartissent entre le sud-est de l’Alaska et les îles Aléoutiennes.

Orque résidente Pacifique nord-est

Les caractéristiques physiques des orques résidentes du Pacifique Nord-Est

  • Nageoire dorsale : arrondie à l’extrémité.
  • Tache de selle : ouverte ou fermée.
  • Dents : pointues, usées sur les côtés.
  • Régime alimentaire : poisson, principalement les saumons.

Les nageoires dorsales des orques résidentes sont principalement arrondies et présentent parfois un angle distinct vers le bord arrière de la pointe. La courbe de la nageoire dorsale varie d’un individu à l’autre et d’une communauté à l’autre (c’est-à-dire entre résidente de l’Alaska, du sud et du nord). La tache de selle peut être ouverte (contenant diverses quantités de pigment noir) ou fermée.

Les dents ont tendance à être légèrement usées sur les côtés. Cela peut être dû au fait qu’elles mordent dans la chair tendre des poissons, ce qui peut entraîner des frictions et des frottements lorsque les dents s’imbriquent les unes dans les autres.

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2 – Les orques hauturières

Les orques hauturières vivent au large des côtes et sont les moins connues. Elles sont également piscivores, mais se nourrissent également d’espèces de niveau trophique supérieur, notamment les requins. Les individus ayant été observés montrent une dentition très abîmée et usée, imputée à la peau très rugueuse des squales.

Les orques hauturières sont rarement rencontrées par les bateaux. Elles se déplacent souvent en groupes de 50 animaux ou plus et se trouvent dans les eaux du large, de l’Alaska au sud de la Californie.

Orque hauturière Pacifique nord-est

Les caractéristiques physiques des orques hauturières du Pacifique Nord-Est

  • Nageoire dorsale : complètement arrondie.
  • Tache de selle : ouverte ou fermée.
  • Dents : très usées.
  • Régime alimentaire : piscivore, principalement des requins.

Les nageoires dorsales des orques hauturières sont complètement arrondies à l’extrémité et souvent fortement marquées et entaillées. La tache de selle peut être ouverte ou fermée, comme chez les orques résidentes. Elles portent souvent des marques de morsures circulaires des requins squalelets féroces (Isistius), ce qui suggère une distribution océanique.

Leurs dents sont extrêmement usées, parfois jusqu’à la gencive, ce qui les différencie radicalement des orques des deux autres écotypes. Ceci est probablement lié au fait qu’elles se nourrissent des requins, dont la peau est très abrasive.

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3 – Les orques transientes

Les orques transientes sont aussi appelées les orques de Bigg, en l’honneur du docteur Michael Bigg qui fut le premier à déterminer les différents écotypes. Elles sont des spécialistes de la chasse aux mammifères marins. Les orques transientes se déplacent en petits groupes matrilinéaires composés généralement de trois à dix individus. Elles se répartissent entre l’Alaska et la Californie du Sud.

Les scientifiques pensent que les orques transientes ont divergé des résidentes et des orques de haute mer il y a environ 700 000 ans. Des études moléculaires récentes suggèrent qu’elles pourraient justifier la désignation d’une espèce distincte.

Dans le nord-est du Pacifique, les orques transientes sont divisées en trois populations partiellement distinctes qui diffèrent génétiquement, acoustiquement et géographiquement. Deux de ces populations, connues sous le nom d’orques transientes AT1 et d’orques transientes GAB (Golfe de l’Alaska, îles Aléoutiennes et mer de Béring), cohabitent dans les eaux septentrionales au large de la côte de l’Alaska.

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1 – Les orques AT1

Les épaulards AT1 sont aussi dénommés Chugach, une région montagneuse de l’Alaska. Ils sont centrés sur les eaux côtières du détroit du Prince William et des fjords de Kenai.

Lorsque les chercheurs ont étudié cette population pour la première fois en 1984, elle comptait seulement 22 orques. Les cétacés étaient couramment observés en train de chasser des phoques communs (Phoca vitulina) près des glaciers de marée et des marsouins de Dall (Phocoenoides dalli) dans les petites baies.

À la suite de la marée noire de l’Exxon Valdez en 1989, la population AT1 a décliné jusqu’à 13 individus et ne s’est jamais complètement rétablie. En 2018, la population a chuté à 7 orques. Malheureusement, cette population est vouée à l’extinction, car elle reste socialement très isolée des autres populations de transientes et il n’y aurait aucune femelle reproductrice dans le pod.

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2 – Les orques du GAB – Golfe de l’Alaska, îles Aléoutiennes et mer de Béring

Contrairement aux orques transientes AT1 qui se montrent très fidèles à leur territoire, les épaulards du GAB sont largement répartis dans la mer de Béring, les îles Aléoutiennes et jusqu’aux eaux au large du nord de la Colombie-Britannique. Avec plus de 500 orques, la population transiente du GAB est la plus importante du monde.

La population transiente du GAB est probablement composée de plusieurs populations distinctes et son statut est en cours de réévaluation. Par exemple, chaque année au cours des mois de mai et juin, plus d’une centaine d’orques transientes arrive dans les eaux de la région de l’île Unimak. Elles y interceptent les baleines grises (Eschrichtius robustus) en cours de migration qui entrent dans la mer de Béring en provenance de l’océan Pacifique. On ne sait pas exactement à quelle population appartiennent ces orques des îles Aléoutiennes. Actuellement considérées comme faisant partie des orques transientes du GAB, des études suggèrent qu’elles pourraient faire partie d’une population d’épaulards hauturiers.

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3 – Les orques transientes de la côte ouest ou WC (West Coast)

La troisième population d’orques est connue sous le nom de transientes de la côte ouest ou WC pour West Coast. Elle croise dans les eaux allant du sud-est de l’Alaska au sud de la Californie. Cette population est inégalement répartie sur l’ensemble de son territoire et comprend probablement plusieurs « assemblages » putatifs. (N. B. Le mot « assemblage » est le terme utilisé tel quel dans les textes en anglais ayant servi de source à cet article.)

Un assemblage tend à être observé principalement dans les eaux côtières, tandis que l’autre fréquente la côte extérieure près de la rupture du plateau continental. Tenant compte du fait que les deux assemblages interagissent occasionnellement et partagent des similitudes acoustiques et génétiques, la composition de la population transiente WC n’est pas encore entièrement comprise par les scientifiques qui l’étudient.

La plupart des connaissances relatives à l’écologie des orques transientes WC proviennent d’études à long terme menées dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, de l’État de Washington et du sud-est de l’Alaska. Dans ces régions, les individus sont fréquemment observés tout au long de l’année, se nourrissant de pinnipèdes et de petits cétacés près du rivage dans les baies, les bras de mer, les récifs peu profonds et les fjords profonds du continent. Leur présence tend à augmenter pendant la saison de mise bas des phoques communs, de juillet à septembre. L’assemblage WC a été largement catalogué et sa taille a environ quadruplé depuis les années 1970, passant de 80 à 349 orques. Cette augmentation a été largement attribuée à l’abondance accrue des proies.

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La répartition des orques transientes plus au large des côtes reste méconnue. L’immensité de la pleine mer empêche souvent la recherche en raison du temps imprévisible. Les observations sont rares et les coûts opérationnels des navires d’étude très élevés. Les observations d’orques ont tendance à diminuer au fur et à mesure que l’on s’éloigne du plateau continental.

En revanche, les chercheurs collectent toujours plus de preuves qu’au moins une partie de la population nomade croise au large. Une étude menée en Colombie-Britannique par le ministère des Pêches et des Océans du Canada en 2013 a identifié 217 orques transientes observées principalement au large du plateau continental, spatialement distinctes de l’assemblage côtier WC. 46 de ces orques transientes correspondaient à des épaulards précédemment catalogués au large de la Californie centrale.

Orque transiente Pacifique nord-est

Les caractéristiques physiques des orques de Bigg du Pacifique Nord-Est

  • Nageoire dorsale : pointue.
  • Tache de selle : fermée.
  • Dents : courbées, émoussées.
  • Régime alimentaire : mammifères marins.

La nageoire dorsale des orques transientes est généralement pointue à l’extrémité, en particulier chez les femelles adultes. La tache de selle est uniformément grise, toujours fermée (sans pigmentation noire) et plus grande que chez les orques résidentes et les orques hauturières. Elles ont parfois été observées avec des bernacles (Xenobalanus) qui les parasitent et des cicatrices circulaires causées par des squalelets féroces.

Les dents ont tendance à être légèrement incurvées et émoussées à l’extrémité. Ces caractéristiques les aident à saisir de grands mammifères marins.

Écotypes orques Pacifique

La rencontre exceptionnelle d’une trentaine d’orques au large de la Californie en juin 2023 filmée par drone

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