skip to Main Content
Orque transiente Pacifique

Proies et tactiques de chasse des orques transientes du Pacifique NE

Photo de couverture de l’article : épaulards transients marsouinant dans la baie de Monterey © Hayley Newell 2014 | NOAA

Les orques transientes (ou orques de Bigg) du nord-est du Pacifique ont adopté un régime alimentaire composé de mammifères marins, mais aussi d’oiseaux marins. Des scientifiques les suivant tout au long de l’année, notamment au large de Monterey Bay, nous livrent leurs conclusions sur leur menu et sur leurs techniques de chasse.

Carte Monterey Bay
Monterey Bay – Californie

Rapidité et furtivité pour écumer les eaux de Monterey Bay

Les orques transientes du nord-est du Pacifique ont développé des comportements de recherche de nourriture uniques et culturellement transmissibles en réponse à la distribution, à la dynamique des populations et au comportement de leurs proies mammifères marins. Dans la baie de Monterey, elles se nourrissent principalement au large où elles se montrent rapides et furtives pour localiser leurs proies.

Lorsque le pod part à la chasse, le groupe se déploie, effectuant de longues plongées asynchrones de cinq à dix minutes, suivies d’une série de plongées plus courtes de moins d’une minute. Les mouvements sont erratiques et imprévisibles, les orques zigzaguant d’avant en arrière. À de nombreuses reprises, des orques de Bigg ont été observées patrouillant ou suivant les contours du Monterey Submarine Canyon à la recherche de proies. Les eaux profondes du canyon peuvent notamment leur être bénéfiques lorsqu’elles chassent les baleineaux des baleines grises.

Orque transiente Pacifique 5
Orque transiente OCT077 (nageoire dorsale) avec ses deux petits en mode spyhopping dans la baie de Monterey © Peggy Stap 2013| NOAA

Une chasse en petits groupes pour plus d’efficacité

Contrairement aux grands groupes stables des orques résidentes qui se dispersent et recherchent des poissons individuellement, les orques transientes chassent en petits groupes leur permettant de coordonner efficacement leurs chasses, tout en évitant d’être détectées visuellement par leurs proies qui sont essentiellement des mammifères marins.

La taille du groupe est également liée à la quantité d’énergie obtenue et dépensée lors de la chasse de différentes espèces de proies. Pour qu’une chasse soit profitable, il importe que le ratio énergie dépensée contre énergie ingérée soit positif.

Par exemple, un phoque commun pesant dans les cent kilos peut être tué relativement facilement par un seul épaulard transient, mais la proie ne fournira pas assez de nourriture pour le groupe. Ceci qui oblige les orques à dépenser plus d’énergie pour la recherche de nourriture, car elles doivent traquer plusieurs mammifères marins lorsqu’ils sont de petit gabarit.

À l’inverse, l’attaque d’une otarie de Californie mâle adulte pesant près de 400 kilos constitue un repas substantiel pour le pod. Cependant, les lions de mer adultes pouvant être potentiellement dangereux pour une orque attaquant seule, ils nécessitent une attaque coordonnée par plusieurs des membres du groupe.

Orque transiente Pacifique 1
Épaulards transientes dans la baie de Monterey © Stephanie Marcos 2016 | NOAA

L’apprentissage de la discrétion par les orques transientes du Pacifique

Les orques transientes, comme la plupart des espèces de cétacés à dents, s’appuient sur des cris, des sifflements et l’écholocalisation pour communiquer et naviguer dans leur environnement aquatique. Cela leur permet de localiser leurs proies, même lorsque l’eau est sombre et/ou turbide. Or, les mammifères marins qui constituent leurs proies possèdent une excellente audition sous-marine et ils sont parfaitement aptes à capter les fréquences de communication utilisées par les orques transientes.

Des études expérimentales ont même démontré que les phoques communs sont capables de distinguer les sons émis par les orques transientes des sons émis par les orques résidentes ; ces dernières ne consommant que du poisson, elles ne représentent pas un danger pour les pinnipèdes.

Il a aussi été observé que lorsque des baleines grises sont exposées à des sons sous-marins de vocalisations d’orques, elles évitent les prédateurs en se cachant dans les lits de varech et en se mettant à nager à l’opposé de la provenance des sons pour échapper à leurs prédateurs.

Les orques sont des animaux remarquablement intelligents, capables de transmettre leur culture aux générations qui les suivent. Elles ont donc dû trouver une parade pour ne pas se faire repérer par les mammifères marins, ce qui les a obligées à moins communiquer durant leur chasse. Les scientifiques de Monterey Bay ont constaté ce phénomène en enregistrant des chasses à l’aide d’hydrophones : les épaulards sont devenus moins bavards, réduisant notamment les clics d’écholocalisation, afin de localiser leurs proies le plus discrètement possible.

En outre, il est probable que les orques transientes se fient à leur vision dès lors que les proies sont à portée d’attaque. Leur coloration unique noir et blanc – donc à fort contraste – les aide à identifier les autres membres du pod qui participent à la chasse et à coordonner leurs mouvements, sans émettre de sons.

Orque transiente Pacifique 2
Deux orques font surface à Monterey Bay © Peggy West-Stap 2008 | NOAA

Le camouflage des orques transientes du Pacifique nord-est

La robe noir et blanc des orques les aide à se fondre dans leur environnement, une méthode appelée « ombre inversée » ou loi de Thayer, en anglais countershading. L’ombre inversée permet une forme de camouflage passif qui est commune chez les requins, avec une pigmentation plus sombre sur la face dorsale que sur la face ventrale : vu du dessus, le dos sombre de l’animal s’amalgame dans le bleu foncé et le noir des profondeurs ; vu du dessous, son ventre clair se fond dans la clarté de la surface de l’eau éclairée par la lumière du jour et éventuellement par le soleil.

La loi de Thayer s’applique donc à la robe des orques qui se camouflent plus aisément dans la colonne d’eau, notamment en pleine mer où elles aiment chasser les mammifères marins.

Orque transiente Pacifique 3
L’orque dans la baie de Monterey © Winnie Mulé 2017 | NOAA

Les espèces de proies visées par les orques transientes du Pacifique nord-est

En 2023, dans la baie de Monterey, les scientifiques qui étudient les orques transientes ont observé 65 attaques sur des mammifères marins, dont 59 se sont soldées par la mort et la consommation de la proie.

Orque transiente Pacifique 7
Prédations observées par espèce par les orques transientes dans le sanctuaire marin national de la baie de Monterey entre 2006 et 2018.

Les mammifères marins prisés par les orques transientes du Pacifique nord-est

Les otaries de Californie (Zalophus californianus) représentent 44,6 % des proies et les baleineaux des baleines grises (Eschrichtius robustus) 12,3 %. Les autres espèces de proies observées sont :

  • le phoque commun (Phoca vitulina) ;
  • le dauphin commun (Delphinus delphis) ;
  • l’éléphant de mer du Nord (Mirounga angustirostris) ;
  • le petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) ;
  • le marsouin de Dall (Phocoenoides dalli) ;
  • marsouin commun (Phocoena phocoena) ;
  • le dauphin à flancs blancs du Pacifique (Lagenorhynchus obliquidens).

Ces proies représentent toutes moins de 10 % des événements de prédation.

Les scientifiques ont également assisté à des harcèlements par les orques transientes de baleines à bosse et de baleines bleues, mais sans attaque.

Des orques poursuivent une baleine bleue à Monterey Bay

Les oiseaux de mer

Diverses espèces d’oiseaux de mer sont souvent attaquées, blessées ou tuées. Les guillemots de Troïl (Uria aalge) et les macareux rhinocéros (Cerorhinca monocerata) constituent la majorité des prédations d’oiseaux à Monterey Bay.

Orque transiente Pacifique 8

L’influence des saisons sur la chasse des orques

Entre mai 2006 et avril 2020, les scientifiques ont identifié 134 orques, de nouveaux individus étant identifiés chaque année. Ils ont croisé des orques transientes tout au long de l’année dans la baie de Monterey. Toutefois, le décompte des rencontres montre deux pics saisonniers apparents : au printemps (d’avril à juin) et à l’automne (d’octobre à novembre).

Le pic printanier est associé à la présence de baleines grises qui constituent la majorité du régime alimentaire des orques transientes dans le nord-est du Pacifique à cette époque. Le pic de l’automne n’est pas pour l’instant expliqué. Dans tous les cas, tout au long de l’année, les orques transientes du Pacifique nord-est ont pour habitude de chasser des otaries de Californie ainsi que d’autres pinnipèdes.

Orque transiente Pacifique 8

Les épaulards transients ne sont pas les seuls à peupler les eaux de Monterrey Bay, découvrez Les 3 écotypes d’orques du nord-est du Pacifique.
Orque transiente Pacifique 4
Orque transiente à Monterey Bay © Peggy West-Stap 2012 | NOAA

Boutique Animaux Marins

Newsletter Animaux Marins

Cet article comporte 0 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Remonter