L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Comment reconnaître les différents types d’orques
L’orque (Orcinus orca) navigue dans les océans du monde entier. Il est le plus grand des dauphins, facilement reconnaissable avec sa robe bicolore. En revanche, il est beaucoup plus difficile de reconnaître les différents types d’orques. Voici un aperçu de la diversité de ce magnifique prédateur qui sait inventer des techniques de chasse très sophistiquées, en fonction de l’environnement dans lequel il se trouve.
Avertissement : les mots « écotype », « sous-espèce », « type », « espèce », « classe », etc., font l’objet de disputes entre les scientifiques. Ils sont utilisés indifféremment dans cet article, ce qui compte est de faire la différence entre les différentes orques.
Sommaire
Au moins 10 types d’orques
Il existe plus de 10 sous-espèces d’orques répertoriées aujourd’hui et la liste n’est pas exhaustive. Certaines populations sont encore très mal connues, notamment chez les orques hauturières qui vivent en haute mer et qui sont très difficiles à étudier. Il faut aussi tenir compte des données collectées qui sont de plus en plus nombreuses et précises, et qui incitent les scientifiques à créer de nouvelles subdivisions au sein d’un même écotype.
D’autre part, il serait extrêmement prétentieux de prétendre connaître toutes les populations d’orques, tant notre savoir est lacunaire dès lors qu’il s’agit du monde sous-marin.
Les différences entre les différents types d’orques
Les différents types d’orques présentent des différences physiques, ainsi que comportementales. Si le noir et le blanc subsistent dans tous les groupes, le noir peut tirer sur le gris et le blanc sur le jaune. Les motifs diffèrent aussi, avec des taches blanches dont les formes sont diverses. La tache de la selle est distincte d’un groupe à l’autre. Il s’agit de la tache plus ou moins blanche ou grisâtre et plus ou moins étalée qui se trouve derrière l’aileron dorsal et qui nous sert à identifier les individus.
L’aileron est aussi très distinctif d’un type d’orque à l’autre.
Du point de vue du comportement, le régime alimentaire et les techniques de chasse sont très divers d’une population à l’autre. Leur langage est aussi distinct, mais c’est aussi le cas d’une famille à l’autre, au sein d’un même type d’orques. Chaque groupe semble posséder son propre dialecte, qui se divise encore selon les familles.
La distinction aisée entre orque mâle et femelle
L’épaulard est le seul représentant de la famille des delphinidés chez lequel il est assez facile de distinguer le mâle de la femelle, une fois passée l’enfance.
Il faut pour cela observer l’aileron dorsal. Chez le mâle, il est plus grand et peut mesurer jusqu’à 2 mètres de haut. Il a une forme triangulaire, avec des courbes peu prononcées. Chez la femelle, l’aileron est plus petit et falciforme. Cela signifie qu’il adopte les lignes courbes d’une faucille.
Les mâles sont aussi plus grands que les femelles orques. Cependant, la taille ne compte pas ! Les orques s’organisent en société matriarcale, avec la matriarche à la tête de la famille.
Les aires de répartition des différents types d’orques
Les aires de répartition des différents écotypes se chevauchent souvent, sans que cela ne pose de problème. Les individus des différents groupes vivent en bonne intelligence : s’ils ne semblent pas se fréquenter et interagir, ils ne montrent pas non plus d’hostilité entre eux.
Les types d’orques de l’hémisphère nord
L’épaulard résident
Les épaulards résidents sont appelés ainsi, car ils résident durant toute leur vie dans une même région. Leurs communautés sont fortes et soudées.
Les épaulards résident dans des zones des deux côtés du Pacifique Nord : la côte ouest de l’Amérique du Nord, y compris l’Alaska et le Canada, et la côte est de l’Asie du Nord, comme la Russie et le Japon. Ce sont des orques exclusivement piscivores, ce qui est probablement dû au caractère non migratoire de leurs proies, leur permettant de rester dans certaines zones sans être confrontées à un manque de nourriture.
Les communautés d’épaulards du Nord et du Sud se nourrissent presque exclusivement de saumon, tandis que les résidents de l’Alaska semblent être plus généralistes dans leurs préférences en matière de poisson, mangeant de multiples espèces de poissons, dont le saumon, le maquereau, le flétan et la morue. Les orques piscivores au large des côtes russes et japonaises préfèrent le saumon et le maquereau.
L’épaulard résident est un type d’épaulard plutôt petit (de 6,40 mètres pour les femelles à 7,20 mètres pour les mâles) et présente des comportements uniques, notamment des interactions sociales et des dialectes spécifiques.
Les orques résidentes vivent en groupes familiaux au sein de communautés plus larges, divisées par des matrilignages et des pods. Les jeunes restent avec leur mère toute leur vie et ne se déplacent pas vers d’autres groupes, sauf le temps de l’accouplement.
Ces communautés sont génétiquement et acoustiquement distinctes les unes des autres. Chacune possède des caractéristiques uniques propres à son groupe, comme par exemple le comportement de frottement de la plage des résidentes du Nord qui consiste à se procurer des massages en se frottant sur les fonds de galets.
L’épaulard transient ou orque de Bigg
Principalement présents entre l’Arctique et la Basse-Californie au Mexique, les épaulards transients – également connus sous le nom d’orques de Bigg – sont des cétacés nomades qui se déplacent sur de vastes territoires pour chasser leurs proies qui sont de grands mammifères.
Les orques transientes vivent en petites communautés soudées. Elles forment des associations étroites avec leurs proches, et les petits restent avec leur mère toute leur vie. Le fait de rester en petits pods garantit une quantité suffisante de nourriture. Elles chassent en groupe et se partagent ensuite le butin.
L’épaulard transient fait partie des plus grands types d’épaulards, mesurant dans les 8 mètres pour les mâles, un peu moins pour les femelles.
L’épaulard hauturier
L’épaulard hauturier est le type d’orque le plus méconnu de l’hémisphère nord. Comme il vit et chasse en haute mer, loin des côtes habitées, il est difficile à repérer et à observer.
Les orques hauturières se trouvent au large des côtes de la Californie du Sud à la mer de Béring et la Russie. Elles vivent généralement en pods d’environ 50 animaux, soit les plus grandes communautés d’orques, tous écotypes confondus. Cela leur permet de compter sur les autres pour les aider à trouver de la nourriture sur un terrain de chasse aussi vaste.
Les connaissances sont encore assez vagues sur ces orques, mais on sait qu’elles s’attaquent aux poissons et aux requins. Les orques hauturières montrent une usure prématurée des dents qui serait due à la rugosité extrême de la peau des requins. (Retrouvez les détails dans l’article La peau du requin blanc : une structure de haute technologie.)
Les épaulards hauturiers ont été observés partageant leur nourriture avec des animaux plus âgés qui ne peuvent probablement pas tuer en raison de leurs dents endommagées par une vie de chasse au requin.
Les orques hauturières sont les plus petits épaulards de l’hémisphère nord, ce qui favorise la formation de grands groupes et l’élargissement de leur gamme de nourriture, car elles sont capables de partager et de rester plus longtemps sans repas. Les mâles ne dépassent pas 6,70 mètres de long.
Retrouvez davantage de détails dans l’article Les groupes d’orques : transient, résident ou hauturier.
L’orque de l’Atlantique Nord de type 1
L’orque de l’Atlantique Nord de type 1 est une orque de petite taille (avec une moyenne de 6,60 mètres de long pour le mâle) qui vit principalement dans les régions de l’Islande, de la Norvège et de l’Écosse.
Elle est moins spécialisée que les autres orques et se nourrit de petits mammifères comme les phoques, bien qu’elle soit plus souvent observée en train de chasser les poissons, comme le hareng et le maquereau dans les fjords norvégiens.
Ces épaulards ont développé une technique de chasse très particulière que l’on appelle carrousel. Elle consiste à regrouper le banc de poissons en le poussant à former une boule très dense, puis étourdir les poissons en les frappant agressivement à l’aide de leur nageoire caudale. Il ne reste plus ensuite qu’à gober les poissons inanimés.
Les orques de type 1 vivent en groupes étroitement liés. Elles développent des caractéristiques et des modes de chasse distincts au sein de ces groupes, ce qui pourrait conduire à la séparation de l’orque de l’Atlantique de type 1 en sous-types encore plus précis à l’avenir.
L’orque de l’Atlantique Nord de type 2
Les épaulards de type 2 de l’Atlantique Nord se trouvent au large des côtes de la Norvège et de l’Islande, bien qu’ils aient également été observés jusqu’aux Açores. Le type 2 chasse des grands mammifères comme les dauphins et les baleines, ce qui l’amène à s’approvisionner dans un éventail plus large que le type 1.
L’orque de type 2 est un grand gabarit, jusqu’à 8,50 mètres pour le mâle. Leurs dents sont très aiguisées pour déchiqueter la chair de leurs proies et leurs taches oculaires inclinées vers l’arrière sont très caractéristiques.
Les autres types d’orques de l’hémisphère nord
On trouve des orques dans toutes les eaux de l’hémisphère nord, avec des populations distinctes observées au large des côtes de l’est du Canada ainsi que dans le détroit de Gibraltar. Ces populations peuvent faire partie des écotypes actuels de l’Atlantique Nord ou être des types distincts d’orques.
Les recherches se poursuivent en permanence. Des orques ont aussi été observées autour d’Hawaï, potentiellement des orques hauturières ou peut-être d’un nouvel écotype. D’autre part, des orques tropicales ont été observées dans le golfe du Mexique et autour de la mer des Caraïbes. Il peut s’agir d’orques de type 1 de l’Atlantique Nord ou d’un nouvel écotype à part entière.
Les types orques de l’hémisphère sud
Les épaulards de type A
Les orques de type A sont le plus grand type d’orques, connues pour atteindre jusqu’à près de 10 mètres de long pour le mâle. Leur régime alimentaire est composé de grandes proies, souvent des petits rorquals qu’ils suivent dans les eaux de l’Antarctique et plus au nord dans d’autres régions de l’hémisphère sud.
Il s’agit également du type d’orques qui chasse les phoques au large de l’Argentine dans les célèbres scènes souvent vues en train de pratiquer la technique de l’échouage pour se nourrir de lions de mer.
L’orque de type B
On pensait à l’origine qu’il s’agissait d’un seul type d’orques, mais le type B a été divisé en deux écotypes distincts, le grand et le petit. Leur peau est assez pâle et prend une teinte jaunâtre qu’elles acquièrent en nageant dans des eaux riches en algues et microalgues unicellulaires (les diatomées). Elles chassent au large des côtes de l’Antarctique.
L’épaulard de type B (grand)
Le grand épaulard de type B mesure jusqu’à 8,20 mètres pour le mâle.
Se nourrissant de mammifères marins comme les phoques, les grands épaulards de type B se distinguent par leur mode de chasse bien connu, qui consiste à créer des vagues artificielles. Cela leur permet de faire tanguer les plaques de glace sur lesquelles reposent leurs proies. La glace se retrouve submergée ou se brise. Dans les deux cas, le phoque glisse dans l’eau et se retrouve à la merci des prédateurs. Cela leur a valu le surnom d’orques de la banquise.
La preuve en images dans l’article Quand un groupe d’orques chasse le phoque crabier sur la banquise.
L’épaulard de type B (petit)
Le petit épaulard de type B mesure jusqu’à 7,30 mètres pour le mâle.
Également appelés orques de Gerlache, ces épaulards de type B, plus petits, se nourrissent de proies plus petites, dont des pingouins et des poissons. Gerlache est un détroit de la péninsule Antarctique où on les trouve le plus souvent.
L’orque de type C ou épaulard de la mer de Ross
Également connues sous le nom d’orques de la mer de Ross, l’orque de type C est d’un petit gabarit, mesurant dans les 6 mètres pour le mâle et 5,70 mètres pour la femelle. On les surnomme les orques naines. Elles sont plus pâles que la plupart des orques et leur peau a la même teinte jaunâtre que celle des orques de type B. Leur tache oculaire est assez inclinée.
L’orque de type C vit principalement dans la mer de Ross qui est une baie de l’Antarctique. Elles ont des taches oculaires particulières, étroites et pointues. Elles sont spécialisées dans la chasse à la légine antarctique, un grand poisson très commun dans la mer de Ross.
L’orque de type D
L’orque de type D est l’écotype le plus rarement observé, son groupe n’ayant été prouvé que par une poignée d’observations et un échouage massif survenu en Nouvelle-Zélande en 1955. Nous ne savons que très peu de choses sur les orques de type D, sinon qu’elles se nourrissent de légine australe.
Leur corps possède la forme la plus caractéristique de toutes les orques : une nageoire dorsale courte, une tête arrondie et de très petits cercles oculaires. On a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une mutation de l’espèce des orques, mais des études sur les orques échouées dans les années 1950 et les quelques autres qui ont été découvertes depuis, montrent qu’il s’agit en fait d’un écotype différent et non d’une espèce mutée.
Les autres types d’orques de l’hémisphère sud
Souvent considérée comme un type d’orque distinct de ceux qui chassent dans les régions de l’Antarctique et de l’Amérique du Sud, l’orque de Nouvelle-Zélande mérite sa propre place parmi les orques.
Population résidente de l’île, ce type particulier d’orque présente un comportement inhabituel pour une orque, dans la mesure où elle semble être un chasseur généralisé, mangeant tout, depuis les raies et des requins, jusqu’aux phoques et poissons.
Par ailleurs, elles ont tendance à se mélanger fortement et à se déplacer souvent librement d’un groupe à l’autre, ce qui est exceptionnel chez les orques.
La recherche continuant et les moyens technologiques progressant, nous en apprenons chaque jour davantage sur ces magnifiques orques !
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