Selon une étude de son génome publiée en août 2024, la population du requin blanc s’est divisée il y a environ 150 000 ans, pour ne jamais plus se croiser.
Un mégalodon grandeur nature dans un musée de Floride
Le mégalodon existe encore… au Smithsonian National Museum of Natural History de Floride aux États-Unis. Il s’agit de la reproduction d’une femelle de 16 mètres de long, basée sur une série de dents découvertes dans la formation Bone Valley de Floride.
Sommaire
Le mégalodon de l’Atlantique
Il y a quelques millions d’années, un peu plus au nord de la Floride, dans la baie de Chesapeake – le plus grand estuaire des États-Unis, entre les États de la Virginie et du Maryland – des nageoires dorsales, plus grandes qu’un être humain, dépassaient des eaux chaudes entourant Washington, D.C.
Ces nageoires appartenaient à un requin redoutable qui rôdait dans les océans du monde entier : Carcharocles megalodon ou Otodus megalodon (il y a bataille d’experts). Appelons-le tout simplement megalodon ou plutôt, en français, mégalodon avec un accent.
La lignée des méga-requins
Les scientifiques ont découvert que les dents du mégalodon font partie d’un continuum d’espèces connu sous le nom de lignée des requins méga-dents. Ils se fondent sur la découverte de plusieurs milliers de dents fossilisées dont la forme évolue au fil du temps, ce qui indique l’apparition de nouvelles espèces.
Le début de cette lignée a commencé au stade Danian, il y a environ 63 millions d’années, lorsque les premiers requins du genre Otodus sont apparus. C’est pourquoi le mégalodon, appartenant à cette lignée, est désormais officiellement classé sous le nom d’Otodus megalodon.
Toutefois, le requin a été placé dans différents genres, dont Carcharocles et Procarcharodon, et son classement continue de faire l’objet de débats chez les experts.
Avec une longueur corporelle estimée à environ 4 mètres, les premiers requins Otodus de la lignée des mégalodons auraient été plus petits que plusieurs autres requins vivant à l’époque. Alors comment ont-ils pu évoluer pour devenir le colosse qu’est le méga-dents ?
Kenshu Shimada, professeur à l’université DePaul, a suggéré que l’énorme taille du mégalodon pourrait avoir un rapport avec une caractéristique étrange des requins lamnidés, à savoir que leurs jeunes se mangent entre eux dans l’utérus.
Ce comportement, appelé cannibalisme intra-utérin, fournit une source de nourriture immédiate pour les fœtus en pleine croissance et pourrait avoir entraîné une croissance accrue chez le mégalodon. Le sujet est détaillé dans l’article Le bébé mégalodon survivait grâce au cannibalisme !
La reproduction du mégalodon du Smithsonian National Museum of Natural History de Floride
L’immense prédateur fait l’objet de tous les fantasmes, tant il impressionne par sa taille démesurée et sa toute puissance. D’ailleurs, un autre musée, aux antipodes de la Floride lui consacre aussi une reproduction scientifique très réaliste : le Western Australian Museum de Perth en Australie avec une tête de plus de 5 mètres.
Aujourd’hui, un modèle grandeur nature de ce prédateur aujourd’hui disparu est suspendu au plafond au-dessus du nouvel Ocean Terrace Café du National Museum of Natural History de Floride. Les visiteurs qui entrent dans le café depuis l’Ocean Hall se retrouvent face à face avec l’un des animaux les plus grands et les plus puissants à avoir jamais vécu sur Terre.
Que sait-on aujourd’hui du mégalodon ?
En tant que prédateur suprême de son époque, le mégalodon se régalait de petites baleines, de tortues de mer, de phoques et de gros poissons dans les mers peu profondes du globe. Ses dents dentelées étaient très pratiques pour entailler la peau, la graisse, les muscles et les os lorsqu’il attaquait ses proies par le côté ou par le dessous.
Une dent moyenne mesure environ 15 centimètres de la base à la pointe. Les plus grandes mesurent environ 20 centimètres de long.
Les dents de scie du mégalodon
Les dents en forme de scie produisaient une morsure d’une puissance colossale.
« Nul animal aujourd’hui ne s’en approche », déclare Hans-Dieter Sues, l’un des conservateurs de la paléontologie des vertébrés de l’Institut Smithsonian. « Même le Tyrannosaurus rex ne s’approche pas d’une telle pression ».
Des dents longtemps considérées comme des amulettes
Les dents de requin fossilisées ont longtemps été considérées comme des amulettes. Elles étaient nommées « pierres de langue » ou glossopètre de glosso, la langue et petra, la pierre. Leur forme triangulaire évoquait des langues fourchues de serpents ou de dragons qui auraient été pétrifiées.
Pline l’ancien – qui périt dans l’éruption du Vésuve en 79 après Jésus Christ – pensait que ces pierres de langues tombaient du ciel. Par la suite, au Moyen-Âge et à la Renaissance, les gens les conservaient comme amulettes et leur prêtaient des vertus pour guérir des poisons, et notamment des morsures de serpent.
Les dents fossilisées de requin mégalodon ou d’autres requins étaient aussi conservées dans la poche comme porte-bonheur.
Le premier à prouver qu’il s’agissait de dents de requins fossilisées fut Fabio Colonna, dans son traité De glossopetris dissertatio publié en 1616.
Pas de fossile du squelette du mégalodon
Le mégalodon est un poisson cartilagineux. Il n’a donc laissé que très peu de traces, car son squelette se décomposait rapidement, sans avoir le temps de se fossiliser. Il a disparu il y a entre 2,5 et 3,5 millions d’années et a surtout laissé des dents qui résistent au temps qui passe, ainsi que quelques vertèbres et excréments pétrifiés.
Les vertèbres fossiles ont donné aux scientifiques une première idée de la taille du mégalodon. Une partie de colonne vertébrale mise au jour en Belgique dans les années 1920 comportait au moins 150 vertèbres.
Les mégalodons femelles dépassaient en taille et en poids les mâles, une caractéristique commune chez les requins. Une femelle pouvait atteindre jusqu’à 18 mètres de long et peser en moyenne 55 tonnes. Les mâles, quant à eux, mesuraient jusqu’à 12 mètres de long et pesaient en moyenne 30 tonnes.
Les bases scientifiques pour fabriquer le mégalodon de Floride
Le modèle de mégalodon du Smithsonian est une femelle mesurant 16 mètres de long. Sa taille est basée sur une série de dents – découvertes dans la formation de Bone Valley en Floride dans les années 1980 – dont les plus grandes mesurent 15 centimètres de long.
La maquette du Smithsonian a été supervisée par le paléontologue américain Hans-Dieter Sues qui a dessiné la silhouette du requin en se basant sur le modèle général du corps d’un requin lamnidé. Ce dessin a ensuite été peaufiné par Bretton Kent, expert en fossiles de requins de l’Université du Maryland.
La parenté du mégalodon
Le corps du mastodonte est basé sur un grand groupe d’espèces apparentées, dont les grands requins blancs et les requins saumons. Mais les plus proches parents du mégalodon ne sont pas les grands requins blancs, comme le croyaient autrefois de nombreux scientifiques. Le requin mako est la meilleure représentation vivante de son cousin disparu, bien que beaucoup plus petit.
Vous trouverez l’explication complète en lisant l’article Le requin mako géant est l’ancêtre du requin blanc, pas le mégalodon.
« Un requin mako d’aujourd’hui aurait l’air chétif à côté d’un mégalodon, mais leurs deux silhouettes sont proches », déclare Hans-Dieter Sues.
Hans-Dieter Sues Sues et ses collègues, dont l’artiste Gary Staab, ont travaillé avec des experts pour s’assurer que le modèle représentait un prédateur actif ayant la forme adéquate pour son mode de vie de chasseur de baleines.
Alors que les grands blancs ont une silhouette massive, le mégalodon est plus profilé pour correspondre aux makos, les requins aujourd’hui les plus rapides des océans.
« Parfois, lorsque vous voyez des reconstitutions de mégalodons, elles ressemblent à des grands blancs sous stéroïdes », explique Sues. « Mais je ne pense pas que ce soit très probable, car ce genre de poisson trapu aurait du mal à nager et à attraper des proies ».
Remarquez que les dessins présentés dans cet article sont des représentations plutôt fantaisistes du mégalodon qui ressemblent davantage au requin blanc qu’au mako. Dans ce que les scientifiques estiment être la réalité, il est conforme à la maquette du musée.
Une maquette en pièces détachées pour passer la porte du musée
Après avoir examiné un modèle à petite échelle, le modèle grandeur nature a été construit à partir d’un ensemble complet de dents de mégalodon assemblé par Gordon Hubble, un autre expert en mégalodon.
Mesurant 16 mètres, la maquette finale a dû être assemblée en modules, car elle n’aurait pas pu franchir les portes ou les couloirs du musée en un seul morceau.
La construction du mégalodon de Floride
Ce modèle est maintenant suspendu par des câbles aux murs et au plafond du Smithsonian, positionné stratégiquement pour que les visiteurs puissent prendre des selfies depuis un balcon voisin.
Il est placé où la lumière du soleil entre pour illuminer son dos de bronze. Sa bouche est ouverte pour que les visiteurs puissent apercevoir trois rangées complètes de dents dentelées sur sa mâchoire inférieure et deux sur la supérieure.
Le mégalodon n’est pas en position d’attaque, mais est présenté comme s’il était en train de nager paisiblement.
Le mégalodon existe-t-il encore ? Oui, mais uniquement dans les musées et les films !
La culture populaire s’est emparée du mégalodon pour en tirer des récits épiques. Le requin antique a été présenté dans des romans et des films. Des faux documentaires ont suscité des théories selon lesquelles le mégalodon survivrait encore dans les profondeurs des océans, échappant ainsi à toute détection, mais ce ne sont que des élucubrations fantaisistes.
Une autre idée fausse est que le requin a vécu en même temps que T-rex, bien qu’un écart de 43 millions d’années sépare les deux espèces !
En attendant The Meg 2
Dans le film En eaux troubles (The Meg) de 2018 – basé sur un roman de Steven Alten – le mégalodon refait surface des profondeurs de l’océan pour terroriser un navire de recherche, puis les côtes américaines.
Le film fit un énorme carton au box-office. Le numéro 2 est en préparation. Sa sortie n’est pas prévue avant l’été 2023.
« L’histoire de The Meg complètement impossible, mais si cela devait arriver, le mégalodon serait condamné, car face à Jason Statham, il n’aurait aucune chance !!! », ironise Sues.
Le trailer de The Meg 2
Les causes de la disparition du mégalodon
Le mégalodon a vraiment disparu des océans. Les causes de sa disparition ne sont pas exactement connues, mais sont imputées aux changements dans l’environnement océanique.
Les océans se sont refroidis, tandis que des calottes glaciaires se formaient aux pôles. L’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ont été reliées par l’isthme de Panama, bloquant la circulation entre les océans Atlantique et Pacifique.
Les proies favorites du mégalodon – les petites baleines – ont en partie disparu et il a dû rivaliser avec d’autres prédateurs, comme le cachalot et les grands requins blancs modernes.
Si vous voulez vraiment croiser un mégalodon, la seule solution est de vous rendre au musée Smithsonian de Floride ou au musée de Perth en Australie !
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