Selon une étude de son génome publiée en août 2024, la population du requin blanc s’est divisée il y a environ 150 000 ans, pour ne jamais plus se croiser.
Les dernières découvertes sur l’alimentation du requin blanc
Une étude réalisée au large de la côte est de l’Australie et parue dans Frontiers in Marine Science nous en apprend davantage sur l’alimentation du requin blanc. Ces avancées scientifiques sont cruciales pour mieux comprendre le mode de vie de ce magnifique prédateur, mieux appréhender ses déplacements et mieux cohabiter avec lui dans les océans.
L’alimentation du requin blanc dans les profondeurs
D’après une analyse détaillée du contenu de son estomac, le grand requin blanc passe beaucoup plus de temps que nous le pensions jusque-là à se nourrir au fond de la mer, plutôt que de nager en surface à la recherche de ses proies.
Les scientifiques ont examiné les repas digérés de près 40 grands blancs juvéniles (Carcharodon carcharias), et ont découvert de nombreuses espèces de poissons connues pour vivre au fond de la mer ou enfouis dans le sable des profondeurs.
« Le cliché de la nageoire dorsale d’un requin au-dessus de la surface lorsqu’il chasse ne correspond pas vraiment à la réalité », explique l’écologiste Richard Grainger, de l’université de Sydney. « Les données que nous avons obtenues en marquant les requins blancs montrent qu’ils passent beaucoup de temps à plusieurs mètres sous la surface ».
Non seulement l’analyse du régime alimentaire peut en dire plus sur ce que les grands requins blancs aiment manger, mais elle fournit également des indications sur leurs habitudes migratoires : que mange le requin blanc, où mange-t-il et pourquoi doit-il se déplacer.
Que mange le requin blanc ?
En moyenne, le régime alimentaire des grands requins blancs se compose de 32 % de poissons nageant à moins de 200 mètres de profondeur (comme le saumon australien), de 17,4 % de poissons de fond (comme le charmant astroscopus), de 14,9 % de poissons batoïdes – les raies – et de 5 % de poissons de récif (comme l’achoerodus ou blue groper en anglais).
Le reste du contenu des estomacs étudiés dans le cadre de l’étude était constitué de poissons (dont des soles et une quarantaine d’espèces de poissons à tête plate), anguilles et petites raies, mais aussi de mammifères marins, autres requins, calmars et seiches.
« Cela s’inscrit dans le cadre de nombreuses autres recherches que nous avons menées et qui montrent que les animaux sauvages, y compris les prédateurs, choisissent des régimes alimentaires précisément équilibrés pour répondre à leurs besoins nutritionnels », explique l’écologiste David Raubenheimer, de l’université de Sydney.
L’équipe a comparé ses conclusions avec d’autres données recueillies pour essayer de comprendre quel type de nutriments les requins recherchent. Cela nous en dit davantage sur les endroits où ils aiment vivre et comment l’activité humaine peut interférer avec leur comportement.
Un menu qui évolue avec l’âge
Plus les requins vieillissent, plus ils ont tendance à se déplacer. Ils doivent donc consommer davantage de graisse pour effectuer ces voyages. L’alimentation et la migration sont étroitement liées et, bien que ces nouvelles données soient basées sur un échantillon relativement petit, elles peuvent être combinées avec les enregistrements des mouvements des grands requins blancs qui ont été marqués électroniquement.
Les chercheurs voudraient engager des études supplémentaires pour analyser la composition nutritionnelle exacte des régimes alimentaires des requins – et pas seulement leur contenu calorifique – afin de comprendre la relation entre leur physiologie et leur comportement.
« Comprendre les objectifs nutritionnels de ces prédateurs mystérieux et leur lien avec les schémas de migration nous permettra de mieux comprendre ce qui est à l’origine des conflits entre l’homme et le requin et comment nous pouvons protéger au mieux cette espèce », explique l’écologiste Gabriel Machovsky-Capuska, de l’université de Sydney.
L’étude de Frontiers in Marine Science
L’étude porte sur l’alimentation requin blanc juvénile et de son évolution avec l’âge
L’établissement du régime alimentaire chez les prédateurs marins supérieurs est essentiel pour comprendre leur rôle écologique et leurs réactions aux fluctuations environnementales. La nutrition joue un rôle clé dans les interactions entre les espèces et l’environnement, mais les descriptions du régime alimentaire des requins blancs se limitent généralement aux combinaisons d’espèces de proies consommées.
Les chercheurs ont ici combiné l’analyse du contenu de l’estomac, les données collectées auparavant sur la nutrition des proies et un cadre multidimensionnel de niche nutritionnelle pour établir le régime alimentaire et la largeur de niche des requins blancs (Carcharodon carcharias) capturés accidentellement au large de la Nouvelle-Galles du Sud (NSW), en Australie.
Le cadre nutritionnel a également facilité l’intégration des informations existantes sur le régime alimentaire des requins blancs d’Afrique du Sud afin d’évaluer plus précisément les niches nutritionnelles des différentes populations et tailles.
Bien que les téléostéens (super ordre de poissons osseux qui comprend la plupart des poissons), dont le saumon pélagique d’Australie orientale (Arripis trutta), aient été la proie prédominante des requins blancs juvéniles en Nouvelle-Galles du Sud, la diversité des espèces de poissons benthiques (vivant au fond des océans), associée aux poissons de récifs et aux raies, suggère une recherche régulière de nourriture benthique.
Malgré la petite taille de l’échantillon (18 mâles et 19 femelles), il a été constaté une augmentation de la consommation de raies et de mammifères marins, en fonction de la taille du grand requin blanc.
Les apports nutritionnels estimés et l’étendue des niches ne diffèrent pas entre les sexes. La largeur des niches est également similaire pour les requins blancs juvéniles d’Australie et d’Afrique du Sud. Une augmentation de la largeur des niches nutritionnelles en fonction de la taille des requins a été détectée, associée à la consommation de lipides, ce qui pourrait être lié à un changement des objectifs nutritionnels lié à l’expansion des aires de migration.
Pourquoi réaliser cette étude
Les prédateurs marins supérieurs façonnent leurs écosystèmes par leur régime alimentaire, mais le déclin des populations est aussi lié à l’homme. Bien qu’il soit essentiel de contextualiser des aspects plus larges de leur écologie (par exemple les mouvements ou l’utilisation de l’habitat) qui sont pertinents pour relever ces défis de gestion, le régime alimentaire de nombreux prédateurs supérieurs reste mal caractérisé.
Notre compréhension des facteurs de recherche de nourriture chez les prédateurs marins restera limitée si les régimes alimentaires sont décrits uniquement, sur une base taxonomique, comme la combinaison des espèces de proies qu’un prédateur consomme.
Les données déjà récoltées fournissent d’abondantes preuves que les proies sont elles-mêmes des combinaisons complexes et variables de macro-éléments (protéines, lipides) et de micro-éléments nutritifs (vitamines et minéraux) ayant diverses implications fonctionnelles.
Les requins blancs sont de grands prédateurs marins que l’on trouve partout dans le monde dans les régions côtières et océaniques tempérées et subtropicales. Classés comme vulnérables par l‘UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), les requins blancs sont protégés sur une grande partie de leur aire de répartition, y compris dans les eaux australiennes.
Malgré les difficultés inhérentes à l’étude de ces grands prédateurs marins mobiles et menacés, diverses techniques ont été employées pour étudier leur écologie de recherche de nourriture, notamment l’observation directe, les signatures d’acides gras et d’isotopes stables et, dans une moindre mesure, l’analyse du contenu stomacal.
Dans l’est de l’Australie, les requins blancs vivent principalement dans les régions côtières entre le sud du Queensland et le nord de la Tasmanie, présentant des mouvements latitudinaux saisonniers qui pourraient être liés à la répartition locale des proies. Bien que des individus plus grands habitent occasionnellement cette région, la majorité des individus rencontrés sont des juvéniles. Les requins blancs sont également la principale espèce de requin responsable des morsures sur les humains dans l’est de l’Australie. Cependant, malgré les efforts de conservation et de gestion de cette espèce, leur régime alimentaire n’a pas été caractérisé dans cette région.
Vous pouvez lire le dossier complet de l’étude sur le site de Frontiers in Marine Science.
c assez bien mais ce que je voulait moi c’était combien de kilos il mange
Bonjour, nul ne le sait exactement, mais il semblerait que ce soit très peu par rapport à la taille du requin blanc. L’une des études les plus récentes estimait que 30 kilos de viande suffisaient à un requin blanc de près de 1 tonne pour tenir deux jours.