Une nouvelle étude sur le requin du Groenland estime que ce squale multicentenaire devrait sa longévité à un métabolisme particulièrement lent qui l’empêche de vieillir.
Squalelet féroce, tout savoir sur Isistius brasiliensis
Les probabilités que vous croisiez un squalelet féroce dans l’océan sont minces… et c’est heureux ! Ce petit squale d’une cinquantaine de centimètres de longueur n’est certes pas des plus impressionnants et pourtant, il s’attaque sans vergogne aux plus grands animaux marins : orque, cachalot, grand requin blanc… Alors qu’il plane encore de nombreux mystères sur cette espèce, voici ce que les informations jusque-là collectées nous apprennent du squalelet féroce.
Sommaire
La carte d’identité du squalelet féroce
Squalelet féroce / Isistius brasiliensis | |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Chondrichthyes |
Sous-classe | Elasmobranchii |
Super-ordre | Euselachii |
Ordre | Squaliformes |
Famille | Dalatiidae |
Genre | Isistius |
Statut de conservation UICN = LC/Préoccupation mineure |
La présentation du squalelet féroce
Le squalelet féroce ou cookiecutter shark
Les anglophones appellent le squalelet féroce le « cookiecutter shark », c’est mignon, non ? Cependant, si l’on considère la traduction littérale, le « requin emporte-pièce de gâteau » commence à dévoiler sa face sombre. Il doit son nom aux blessures en forme de biscuit (mais beaucoup plus profondes) qu’il laisse sur le corps de ses proies.
Le squalelet féroce est aussi surnommé le « cigar shark » en raison de son long corps oblong et de sa marque en collier de chien (« dog collar ») plus foncée qui rappelle la bague du cigare. Sa robe est marron foncé sur le dessus et plus claire en dessous.
La partie inférieure du corps du squalelet féroce est bioluminescente. Elle scintille pour attirer les poissons, dont les requins, ainsi que les mammifères marins. L’animal se présente lui-même comme un appât, mais se jette sur sa proie juste avant le moment fatal. Il utilise sa denture exceptionnellement affûtée pour découper un morceau de chair parfaitement circulaire.
Aucun danger pour l’homme, bien qu’il s’attaque aux sous-marins !
Le squalelet féroce évolue dans les eaux très profondes et ne remonte que la nuit. Les rencontres avec les humains sont extrêmement rares et le squale n’est pas considéré comme une menace. Selon l’International Shark Attack File, le squalelet féroce a été impliqué dans quatre morsures confirmées, toutes survenues à Hawaï. Il est considéré comme inoffensif pour les humains en raison de son habitat en eaux profondes, ainsi que de sa petite taille.
Mais le danger est ailleurs !
On rapporte que le squalelet féroce a plusieurs fois attaqué des dômes de sonar en caoutchouc sur des sous-marins nucléaires. Par précaution, ces parties sensibles sont désormais protégées par des cages d’acier à l’épreuve des dents du requin.
Le squalelet féroce n’est pas non plus menacé par l’homme
Le squalelet féroce a la chance d’être trop petit pour intéresser les pêcheurs. Par ailleurs, il présente des ailerons dorsaux si petits qu’ils ne conviennent pas pour les célèbres — mais funestes — soupes d’ailerons de requin.
Enfin, ne s’adaptant par à la captivité, il évite la pêche dans l’optique de l’enfermer dans des aquariums.
Le squalelet féroce est considéré comme Least Concern (Préoccupation mineure) d’après son statut UICN. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature est une union mondiale d’États, d’agences gouvernementales et d’organisations non gouvernementales dans un partenariat qui évalue le statut de conservation des espèces. Toutefois, le requin étant difficile à observer, il n’existe aucun chiffre fiable recensant sa population.
L’aire de répartition du squalelet féroce
Le squalelet féroce évolue dans l’océan Atlantique occidental, des Bahamas à la côte sud du Brésil. Dans l’océan Atlantique oriental, on le trouve du Cap-Vert, de la Guinée à la Sierra Leone, au sud de l’Angola et en Afrique du Sud, y compris l’île de l’Ascension.
Le squale vit également dans les eaux de l’Indo-Pacifique, de l’île Maurice à la Nouvelle-Guinée, l’île Lord Howe et la Nouvelle-Zélande, au nord du Japon et à l’est des îles Hawaï.
On le trouve au large de l’île de Pâques et des Galápagos dans l’océan Pacifique oriental. Les enregistrements de squalelets féroces au large de l’Australie comprennent les eaux du Queensland, de la Nouvelle-Galles du Sud, de la Tasmanie et de l’Australie-Occidentale.
L’habitat du squalelet féroce
Durant la journée, le squalelet féroce vit dans les eaux profondes, à des profondeurs supérieures à 1 000 mètres. On suppose qu’il peut plonger à de très grandes profondeurs, allant jusqu’à 3 500 mètres.
Il migre verticalement vers les eaux de surface pendant la nuit pour se nourrir.
Le squalelet féroce est souvent rencontré près d’îles, ce qui laisse à penser qu’il viendrait mettre bas dans des zones moins profondes et où il peut trouver des proies à profusion.
Les caractéristiques physiques du squalelet féroce
Le corps du squalelet féroce
Le squalelet féroce possède un petit corps en forme de cigare, avec un museau conique court. Ses yeux sont situés vers l’avant de la tête. Ils peuvent apparaître d’un vert lumineux sous l’eau, en fonction de la luminosité.
Le squalelet féroce possède un grand foie rempli d’huile, une cavité corporelle importante par rapport à sa taille et de petites nageoires qui suggèrent une flottabilité neutre (ou qui peuvent compenser un squelette très calcifié).
Les nageoires
Les nageoires du squalelet féroce possèdent des bords pâles à l’exception de la nageoire caudale dont les extrémités apparaissent plus sombres. Ses deux nageoires dorsales sont positionnées très à l’arrière du corps. Elles sont très petites et l’aileron dorsal avant est à peine plus grand que celui qui se trouve derrière.
Sa nageoire caudale est plus grande avec un large lobe supérieur et un lobe inférieur de taille plus réduite, à l’extrémité pointue. Le bout de la nageoire caudale apparaît plus foncé que le reste du corps, rappelant la couleur de son collier.
Les nageoires pelviennes sont plus grandes que les nageoires dorsales. Ses nageoires pectorales sont assez petites.
La nageoire anale est absente chez le squalelet féroce.
Le squalelet féroce version Isistius plutodus
Le nom du genre Isistius est dérivé d’Isis, la déesse égyptienne de la lumière. Isistius brasiliensis se décline dans une espèce similaire : Isistius plutodus. Ce dernier possède moins de dents, mais plus grandes. Il ne présente pas de collier ou d’extrémités sur la nageoire caudale de couleur plus sombre.
La robe du squalelet féroce
La partie dorsale squalelet féroce apparaît marron foncé avec une surface ventrale plus claire. Son collier brun foncé distinct s’affiche autour de la région des branchies. Toute la surface ventrale du squalelet féroce, à l’exception du collier foncé, contient un réseau de minuscules organes producteurs de lumière appelés photophores. Les photophores produisent une lueur uniforme de couleur verdâtre sur la face inférieure du requin. Elles peuvent demeurer lumineuses jusqu’à trois heures après la mort du requin.
Les denticules dermiques
Les denticules de la peau affichent une forme carrée grossière, avec une dépression au milieu et des points surélevés aux coins.
Le mode de vie du squalelet féroce
Ce que nous connaissons du squalelet féroce repose sur une quantité de données assez restreintes, ce qui signifie que les chiffres proposés demeurent approximatifs.
Taille et croissance
Les mâles parviennent à une longueur totale maximale de 42 centimètres, tandis que les femelles atteignent 56 centimètres. Les mâles sont considérés comme matures à partir d’environ 36 cm de longueur et les femelles à partir de 40 centimètres de longueur.
La reproduction du squalelet féroce
Le squalelet féroce est ovovivipare, ce qui signifie qu’il donne naissance à des petits vivants après qu’ils se sont développés à l’intérieur d’un œuf dans l’utérus de la mère. Chaque bébé requin se nourrit des nutriments du sac vitellin dans lequel il grandit. Il y demeure jusqu’à ce qu’il soit complètement développé. La mère donne naissance à 6 à 12 bébés requins par portée.
Il est souvent mentionné que la période de gestation serait particulièrement longue, supérieure à 12 mois. Toutefois, cette donnée est à prendre avec des pincettes en l’absence d’études plus exhaustives sur l’espèce.
De rares images du squalelet féroce
Les prédateurs du squalelet féroce
Les prédateurs potentiels du squalelet féroce incluent les grands requins et les poissons osseux, dans l’hypothèse où il n’a pas le temps de planter ses dents dans sa proie/prédateur (!) avant d’être lui-même attaqué.
La dentition du squalelet féroce
La dentition du squalelet féroce constitue sa particularité la plus remarquable. Il possède entre 30 à 37 petites dents en forme de crochet dans la mâchoire supérieure et 25 à 31 dents triangulaires plus grandes dans la mâchoire inférieure, les plus grands spécimens possédant le plus grand nombre de dents.
Comme tous les requins, le squalelet féroce possède plusieurs rangées de dents. Toutefois, sa mâchoire inférieure se distingue de celle des autres requins : les dents étant reliées à la base, la rangée complète tombe en un seul morceau.
Lisez l’article Gros plan sur la dent de requin pour en apprendre davantage sur le sujet.
Rien ne se perd !
Lorsqu’il perd son imposante dentition de la mâchoire inférieure, le squalelet féroce l’avale plutôt que de la laisser dériver dans l’océan. Les scientifiques supposent que cette astuce lui permet de maintenir des niveaux optimums de calcium dans son organisme.
Les habitudes alimentaires
Le squalelet féroce est considéré comme un ectoparasite des grands poissons et des cétacés, c’est-à-dire un parasite externe. Il représente pour ses proies l’équivalent des moustiques pour nous.
L’impressionnante technique de chasse du squalelet féroce
Une technique de chasse unique
Le squalelet féroce adopte une méthode d’alimentation unique. Il attire ses proies vers sa surface ventrale en produisant de la lumière, émise par les photophores lumineux. La zone lumineuse ressemble alors à un petit poisson des profondeurs, ce qui incite les poissons plus gros à s’approcher à la recherche de leur prochain repas.
À l’opposé, le collier à pigmentation foncée n’est pas éclairé et apparaît donc en silhouette en raison de la lumière venant du dessus. La théorie des chercheurs suggère que cette zone sombre ressemblerait à un petit poisson vu d’en bas.
Le squalelet attend patiemment qu’un prédateur plus grand attaque le « petit poisson » qu’il est supposé être. Au moment où le prédateur est sur le point d’attaquer, il se retourne, mord son agresseur et retourne la situation à son avantage.
Tel est pris qui croyait prendre ! Le petit squale utilise sa bouche qui forme un rond parfait et ses lèvres qui se muent en ventouse. C’est alors qu’il plante ses dents pointues et acérées dans la chair de sa proie.
Une fois bien arrimé grâce à ses dents supérieures en forme de crochets, le petit requin fait tourner son corps. Les grandes dents de sa mâchoire inférieure travaillent comme une scie pour former un emporte-pièce. Lorsque la chair est découpée, il se libère, retenant le morceau prélevé en refermant sa mâchoire. Il laisse derrière lui une blessure en forme de cratère d’une largeur moyenne de 5 centimètres et d’une profondeur de 7 centimètres.
Un large éventail de proies
Les proies courantes du squalelet féroce sont les grands poissons tels que le marlin, le thazard noir (ou thon banane), ainsi que d’autres espèces de thon, les requins, y compris le grand blanc et les raies de toutes tailles.
Le squalelet féroce n’hésite pas non plus à s’attaquer aux mammifères marins, notamment les phoques, cachalots, baleines et dauphins, y compris les orques.
Enfin, le squalelet féroce apprécie également les calamars et les crustacés. Il avale les plus petits en une seule bouchée, mais s’attaque aussi à des proies presque aussi grosses que lui qu’il dévore en entier, découpant les bouchées avec sa remarquable dentition.
Les rescapés des attaques du squalelet féroce
Lorsqu’il s’attaque aux grandes proies, le squalelet féroce ne les tue pas. Il laisse d’importantes marques qui cicatrisent avec le temps. En revanche, ses blessures sur des poissons plus petits peuvent s’avérer fatales, car elles touchent des organes vitaux et sont trop importantes pour cicatriser.
Incroyable qu’une « chose » si petite puisse faire de tels dégâts sur de bien plus grandes… je suis pas sûre de le trouver sympathique 🤔
Néanmoins article très intéressant, comme toujours
Il est sympathique… jusqu’à ce qu’il affiche son sourire carnassier 🦈 🙀 😸