L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Reproduction orque : la ménopause des épaulards du Pacifique Nord
La ménopause dans la reproduction orque a déjà fait l’objet sur ce site de l’article La ménopause, curiosité de la reproduction de l’orque. Le Center for Whale Research a publié en juillet 2021 un article qui confirme cette particularité. L’organisme qui se consacre à l’étude et à la conservation de la population d’orques dans le nord-ouest du Pacifique suit les épaulards depuis 1976.
Sommaire
La ménopause dans la reproduction orque : définitivement une exception !
La ménopause demeure depuis longtemps une énigme pour les scientifiques. Chez la plupart des animaux, il est favorable pour un individu de continuer à se reproduire tout au long de sa vie d’adulte. Cependant, chez les humains, ainsi que chez quelques cétacés à dents — dont les orques — les femelles cessent de se reproduire bien avant la fin de leur durée de vie naturelle.
Les majestueuses images d’orques transientes, voyageant et socialisant dans la mer des Salish
L’historique des recherches sur les épaulards résidents du Sud
Les SRKW pour South Resident Killer Whales sont les orques résidentes du sud, vivant dans le Pacifique Nord, entre les eaux du Canada et celles des États-Unis.
Des recherches antérieures sur les épaulards résidents du Sud ont montré que les femelles de cette population ont généralement leur dernier baleineau vers la fin de la trentaine, mais peuvent vivre pendant des décennies en tant que femelles ménopausées.
La question cruciale était de déterminer si la ménopause est un trait général des orques ou un phénomène unique, propre à la population des SRKW.
En combinant un nombre incroyable de données recueillies sur le long terme par le Center for Whale Research et Pêches et Océans Canada, les scientifiques ont cherché à savoir si la ménopause est une caractéristique partagée entre les écotypes d’orques résidentes du Sud et les épaulards de Bigg (les transients) de la mer des Salish.
Les effets de la ménopause des animaux dans l’éducation et la survie du bébé orque
Alors pourquoi la ménopause a-t-elle évolué chez les orques résidentes du Sud ? Dans cet écotype, ni les fils ni les filles ne se dispersent. Par conséquent, les femelles deviennent de plus en plus liées à leur groupe lorsqu’elles commencent à engendrer leur propre progéniture.
En effet, les orques passent toute leur vie en famille, dans un pod dirigé par la matriarche. Les mâles en âge de procréer s’éloignent le temps de se reproduire avec une femelle d’un autre pod, puis reviennent vivre dans le groupe de leur mère, père, grand-mère, grand-père, frères, sœurs, cousins, cousines, oncles et tantes.
Les avantages d’une orque ménopausée
Les femelles orques post-reproductives investissent davantage de temps et d’énergie pour aider leurs enfants et petits-enfants que les femelles plus jeunes. À la lumière de recherches antérieures, il a été démontré que les femelles résidentes du sud ménopausées offrent des avantages en matière de survie à leur progéniture directe, ainsi qu’à leurs petits-enfants.
Il arrive fréquemment que la femelle résidente du sud la plus âgée prenne l’initiative de guider le groupe sur les terrains de chasse. Elle partage d’ailleurs souvent ses prises de saumon royal (ou saumon chinook) avec les autres membres de son pod.
La ménopause pour un meilleur partage des ressources
Par ailleurs, comme les filles vivent avec leur mère, elles entrent en concurrence pour élever leur bébé orque. Cette compétition peut être coûteuse lorsque les ressources alimentaires sont limitées et partagées entre les membres du groupe.
Dans la communauté des orques résidentes du Sud, il semblerait qu’un tel conflit entre une mère et ses filles favoriserait les femelles les plus jeunes. Ceci signifierait que les bébés orques des mères de la génération la plus âgée auraient moins de chances de survie que les baleineaux des mères de la génération la plus jeune.
C’est la raison pour laquelle la ménopause des femelles les plus âgées apparaît comme une bénédiction : la compétition des ressources n’a pas lieu, les femelles les plus âgées font profiter les plus jeunes de leur expérience et les chances de survie de chaque bébé orque sont optimisées.
L’espérance de vie après la ménopause
Si l’on compare l’âge de la dernière reproduction et la longévité entre les orques résidentes du Sud et les orques transientes, l’espérance de vie des orques de la mer de Salish – qu’elles se nourrissent de mammifères ou de poissons – paraît similaire.
Les femelles cessent de se reproduire à la fin de la trentaine, puis elles peuvent espérer vivre plus de 20 ans en tant que femelles ménopausées. Les cétacés disposent alors d’une période appréciable pour consacrer leur temps et leur énergie à aider leurs enfants et petits-enfants, plutôt qu’à se reproduire.
La conclusion des scientifiques sur la reproduction orque et la ménopause
Les similitudes entre les modes de vie des deux écotypes d’orques suggèrent que ce trait a évolué chez un ancêtre commun et qu’il résiste aux changements substantiels observés dans les comportements et la structure sociale. Il est essentiel de mieux comprendre les modes de vie des deux écotypes, afin d’éclairer les décisions concernant la préservation de l’espèce.
Les derniers résultats des chercheurs indiquent que les femelles âgées jouent un rôle crucial dans le soutien du groupe familial chez les orques transientes, tout comme chez les épaulards résidents du Sud.
Des travaux passionnants sont à venir pour étudier le rôle des grands-mères chez les orques transientes, bien que l’on dispose déjà de pistes sérieuses, comme cela est détaillé dans l’article La survie du petit de l’orque grâce à sa grand-mère.
Les données à long terme du Center for Whale Research et de Pêches et Océans Canada, combinés aux nouvelles observations par drone réalisées par le CWR en 2021, permettront aux chercheurs d’examiner si les orques transientes ménopausées assument des rôles de leadership et d’aide, à l’instar des aînés des épaulards résidents du Sud.
Les sources sur la reproduction orque et la ménopause des épaulards
Mia Lybkaer Kronborg Nielsen a dirigé une équipe de chercheurs pour mener à bien l’étude A long postreproductive life span is a shared trait among genetically distinct killer whale populations, publiée en juillet 2021 dans la revue Ecology and Evolution. Mia Lybkaer Kronborg Nielsen est une étudiante en doctorat au Centre de recherche sur le comportement animal de l’université d’Exeter, au Royaume-Uni.
Pour en découvrir davantage sur le sujet, consultez l’article La ménopause, curiosité de la reproduction de l’orque.
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