L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Ocean Sun (L25), l’orque résidente du Sud bientôt centenaire
L25, surnommée Ocean Sun, est la plus vieille orque connue au monde. La matriarche incontestée des orques résidentes du Sud qui fréquentent Puget Sound approcherait en effet l’âge vénérable de 100 ans ! Elle accède à ce titre après la mort de Granny (J2) en 2017, à un âge estimé à 105 ans.
Retrouvez l’Hommage à Granny, la doyenne orque sauvage.
Sommaire
Un âge approximatif bien sûr pour la doyenne orque résidente du Sud
« Personne ne connaît exactement l’âge de L25 », a déclaré Michael Weiss, directeur de recherche du Center for Whale Research, une organisation à but non lucratif qui étudie les orques résidentes du Sud depuis 1976.
Il poursuit : « Notre meilleure estimation est qu’elle approche les 100 ans à l’heure actuelle. L’année supposée initiale de son année de naissance était 1928 lorsque le centre a commencé à recenser les groupes J, K et L en 1976. En réalité, peu importe son âge exact, ce qui compte est qu’elle soit toujours en pleine forme. Les vieilles orques ne montrent guère de signes de vieillesse physiquement. Elles n’ont pas de rides et ne paraissent pas décrépites ».
Le rôle de la matriarche orque résidente du Sud
En tant qu’orque la plus âgée, donc matriarche du pod L, elle joue un rôle de leader, en particulier lorsque les temps sont durs. Ocean Sun – L25 – mène le groupe. Elle constitue son meilleur stratège, car, grâce à son expérience, elle est la plus apte à dénicher des proies lorsque le saumon royal se fait rare. Ce poisson est le mets favori des orques résidentes du Sud et un incontournable de leur menu.
L’expérience au service du pod
« L25 a tout vu tout connu, explique Michael Weiss, les bonnes années et les mauvaises années. Elle possède une vaste connaissance écologique des endroits où trouver des poissons. Grâce à son grand âge, elle est une archive environnementale vivante, un témoin de vastes changements environnementaux. L25 est née avant la construction des barrages sur les fleuves Columbia ou Snake, ou sur les fleuves Sacramento ou Green. Elle est née lorsque la population de l’État tout entier était d’environ 1,5 million d’habitants, contre près de 8 millions aujourd’hui. »
Une orque libre, à une époque de capture
L25 a aussi traversé sans encombre l’ère de la capture, de 1965 à 1976, lorsque les orques étaient prises au piège avec des filets pour fournir les aquariums. Elle a même survécu à la dernière résidente du Sud en captivité, Tokitae (rebaptisée Lolita) qui était d’ailleurs probablement sa fille. Lolita est morte en août 2023 alors que des efforts étaient en cours pour la relâcher dans son milieu naturel après plus de 50 ans de captivité au Seaquarium de Miami.
Ocean Sun plus robuste que ses descendantes
Ocean Sun a aussi connu des famines de saumon et, parce qu’elle est née il y a si longtemps, une période d’abondance du saumon. Cela se traduit physiquement. L25 est plus grosse que les autres orques résidentes du Sud parce qu’elle a été bien nourrie durant sa jeunesse. Le déclin du saumon auquel les jeunes épaulards d’aujourd’hui sont confrontés fait des ravages sur leur corps. Les chercheurs ont constaté que les orques les plus jeunes sont nettement plus petites, de près de cinquante centimètres.
« Les prouesses de chasseuse d’Ocean Sun ayant été affinées tout au long de sa vie, ce n’est peut-être pas une coïncidence si, parmi les groupes familiaux des résidentes du Sud, le pod L est le plus prospère, avec le plus grand nombre de membres, y compris deux bébés qui ont survécu l’année dernière », note Michael Weiss.
« C’est une orque spectaculaire, un animal magnifique », renchérit Deborah Giles, directrice de la science et de la recherche pour l’organisation à but non lucratif Wild Orca. « Elle a mené une vie extraordinaire et a vu tant de choses. La perte de L25 marquera la fin d’une époque ; l’orque la plus âgée ensuite est L22 estimée à 55 ans. »
Les défis des orques résidentes du Sud
Les orques résidentes du Sud sont confrontées à au moins trois défis pour leur survie :
- Le bruit des navires qui les gêne pour communiquer, notamment durant la chasse ;
- Le manque de nourriture suffisante et disponible en permanence, en particulier le saumon royal ;
- La pollution de leur nourriture : les substances toxiques – notamment les polychlorobiphényles (PCB) – sont particulièrement nocives, car, lorsque les orques ont faim et brûlent leurs graisses, elles sont libérées dans leur sang.
La capacité de reproduction altérée par les menaces environnementales
La capacité de reproduction des orques résidentes du Sud est mise à mal par toutes les menaces qui pèsent sur elles. Bien que leur population atteigne environ 75 individus (selon les années, les morts et les naissances), leur taux de reproduction s’avère nettement inférieur à celui des orques résidentes du Nord. Ces dernières sont également des orques piscivores, mais elles vivent dans des eaux plus propres et plus calmes où elles ont accès à davantage de poissons, notamment dans le sud-est de l’Alaska et le nord de l’île de Vancouver.
« Si le taux de natalité des orques résidentes du Sud était le même que celui des orques résidentes du Nord, elles produiraient six bébés vivants par an, explique Michael Weiss. Au lieu de cela, nous n’en avons que deux. Et encore, au cours d’une “bonne” année. »
Le scientifique note qu’au cours de l’année de recensement du centre, du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023, aucune orque résidente du Sud n’est morte, une première en trois décennies de recensement. Malheureusement, durant cette même période, une orque résidente du Sud du pod K a disparu.
En tout cas, Ocean Sun est toujours là, bien vivante. Espérons pour longtemps encore !
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