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Quelle est la durée de vie des cétacés et comment est-elle déterminée ?
Les cétacés bénéficient de l’une des durées de vie les plus longues du royaume des mammifères. Plusieurs espèces de baleines affichent une longévité supérieure 100 ans ! Quelle est la baleine qui vit le plus longtemps ? Comment calculer l’âge des cétacés ? Les animaux marins captifs vivent-ils plus longtemps que leurs congénères sauvages ? Voici ce que nous apprennent les études scientifiques à ce jour.
Vous trouvez à la fin de cet article les liens vers les comptes-rendus de ces études.
Sommaire
Baleine à fanons ou baleine à dents, laquelle vit le plus longtemps ?
Les grandes baleines à fanons semblent vivre plus longtemps que leurs homologues à dents, plus petites. La baleine boréale, en particulier, est la baleine qui vit le plus longtemps. Les scientifiques estiment que les plus vieux individus atteignent un âge canonique dépassant les 200 ans !
Comment expliquer ce qui permet à ces baleines de vivre aussi longtemps ? À ce jour, les chercheurs ont prouvé l’existence de certaines mutations génétiques les aidant à réparer leur ADN endommagé à un rythme supérieur en comparaison de toutes les autres espèces. Les baleines boréales préviennent ainsi le délitement de leurs cellules et évitent notamment de nombreuses affections qui pourraient abréger leur existence. Les autres pistes explorées par les scientifiques sont notamment l’habitat de la baleine boréale qui vit exclusivement dans les eaux arctiques, ainsi que sa bouche démesurée qui influence son métabolisme.
Comment déterminer l’âge des cétacés ?
Plusieurs facteurs permettent de déterminer la durée de vie d’un cétacé. Les scientifiques prennent notamment en compte la génétique, l’habitat, la géographie, le régime alimentaire, le mode de vie et le niveau de mise en danger au quotidien.
La plupart des cétacés s’avèrent difficiles à repérer et à étudier. Certains cependant vivent près des côtes toute l’année, dans un périmètre restreint, ce qui facilite leur étude. C’est le cas des orques résidentes du Sud en Colombie Britannique ou des Grands Dauphins sédentaires de Sarasota par exemple. Les scientifiques suivent ainsi aisément l’évolution de chaque individu, grâce à la photo identification (entre autres) et estiment assez précisément leur âge.
Suivre les cétacés nomades
La photo identification est également utilisée pour les cétacés nomades. Chez la baleine à bosse par exemple, la face inférieure de sa nageoire caudale constitue l’équivalent de notre empreinte digitale, car chacune est unique. Il faut donc attendre que le rorqual sonde et soulève sa queue pour prendre une photo et enregistrer l’individu dans un catalogue. Cela permet d’étudier les migrations, car un même animal peut être observé à des points différents de la planète : la même baleine à bosse peut être identifiée sur la côte atlantique du Canada en été, puis dans les Caraïbes durant l’hiver.
Toutefois, les cétacés nomades étant plus difficiles à étudier, ceci oblige les chercheurs à utiliser des méthodes d’identification avec des techniques de pointe. En plus de répertorier les individus selon leurs caractéristiques physiques, des balises de surveillance permettent de suivre les cétacés individuellement. Ainsi, un animal peut être repéré en quelques mois à deux endroits distants de plusieurs milliers de kilomètres. Ces constatations aident les chercheurs à mesurer leur croissance au fil des années et déterminer des schémas de l’évolution de l’espèce.
Les drones constituent également de précieux outils pour suivre un cétacé et étudier sa croissance. L’immense avantage des drones est de représenter une méthode non invasive, contrairement à la balise. Toutefois, même l’application de balises est devenue plus respectueuse. En effet, elles ne sont généralement plus fixées sur l’animal, mais tenues par une ventouse qui se détache naturellement au bout de quelques jours. Les chercheurs doivent ensuite partir à la « pêche » à la balise pour récupérer les données qu’elle a collectées.
L’étude des cétacés déjà morts
Les cétacés retrouvés échoués sur les plages ou trouvés morts en mer s’avèrent riches en enseignements. Les échantillons prélevés contiennent des données considérables. Par exemple, une étude réalisée en 2013 a permis d’identifier différents facteurs de stress au cours de la vie d’une baleine bleue en étudiant le cérumen constituant un bouchon d’oreille. Comme pour l’étude des anneaux de la coupe d’un arbre, les scientifiques ont décomposé ces bouchons par intervalles de six mois. Ils ont ainsi identifié l’exposition chimique et les autres stress subis par le rorqual durant sa vie. Cette technique permet de déterminer l’âge de la baleine et parfois même la cause de sa mort.
Les nouvelles méthodes utilisant des outils moléculaires
Certaines méthodes scientifiques tentent de normaliser un processus permettant de déterminer l’âge à partir du lard des cétacés. Ce lard est l’épaisse couche de graisse qui recouvre le tissu musculaire. Il permet aux cétacés de se réchauffer et de stocker de l’énergie supplémentaire. Les scientifiques prélèvent de petits échantillons — d’une manière peu invasive — dans le cadre d’études sur le terrain. Chaque espèce d’animal marin possédant une composition en acides gras différente dans son lard, ces études doivent être réalisées sur tous les cétacés et calibrées de façon différente pour aboutir à un résultat fiable.
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L’étude de l’ADN des cétacés — en tenant compte de son évolution et de ses modifications — n’en est qu’à ses balbutiements. Cette méthode appelée épigénétique consiste à étudier des changements héréditaires causés par l’activation et la désactivation des gènes, sans altération des séquences de nucléotides. Les scientifiques misent sur ce procédé pour bâtir une nouvelle méthode capable de déterminer l’âge des cétacés.
Études sur les cétacés en captivité : des conclusions sans appel
Beaucoup de pays tendent à supprimer les parcs et autres marinelands maintenant en captivité les cétacés, mais il subsiste encore un grand nombre d’établissements de ce genre. L’étude de l’âge de ces animaux prouve indéniablement la nocivité de cet emprisonnement. Les orques sont les plus grands mammifères marins maintenus en captivité. À l’état sauvage, leur longévité est comparable à la nôtre, même si les mâles meurent plus jeunes : les femelles sauvages atteignent 90 ans, voire davantage, et les mâles 60 à 70 ans. Dans les parcs aquatiques, les orques ne survivent que 25 à 35 ans en moyenne. Ceci implique qu’aucun épaulard ne meurt de vieillesse.
Outre le confinement dans des lieux bien trop exigus, les cétacés sont soumis à des contraintes qu’ils ne connaissent pas dans la vie sauvage où ils évoluent dans un espace infini et parcourent des milliers de kilomètres tout au long de leur vie.
Il faut ajouter à cela le stress du dressage pour réaliser des cabrioles aussi spectaculaires que contre nature. Mais surtout, il faut prendre en compte leur souffrance émotionnelle particulièrement violente. Les orques sont des animaux sociaux qui passent toute leur vie en famille. En captivité, elles sont séparées de leur clan et sont en plus obligées de cohabiter avec des individus appartenant à d’autres familles, ce qui aggrave encore leur anxiété.
Par ailleurs, la mortalité infantile apparaît démesurée dans ces parcs. Outre le stress, l’ennui, la dépression et les maladies liées au manque d’activité, les animaux nés en captivité ne bénéficient pas de l’enseignement de leurs aînés. Alexandra Morton qui a étudié le langage des orques — d’abord en captivité, puis dans leur environnement naturel — témoigne de scènes désolantes où une femelle orque en captivité ne sachant pas comment allaiter son bébé le laisse dépérir.
Pour terminer par une bonne nouvelle, on peut espérer que les parcs aquatiques disparaissent progressivement, car les orques ne sont pas les seuls animaux marins à souffrir de la captivité. Tous les cétacés, mais aussi les pinnipèdes et les poissons, notamment les plus grands, les requins, pâtissent de ces conditions de vie.
Le nourrissage de la baleine bleue
Les études ayant pour objet la longévité des cétacés
Étude sur l’âge de la baleine boréale :
Age and growth estimates of bowhead whales (Balaena mysticetus) via aspartic acid racemization (Estimation de l’âge et de la croissance des baleines boréales (Balaena mysticetus) par racémisation de l’acide aspartique)
Étude sur l’âge de la baleine grise :
Growth and development of North Pacific gray whales (Eschrichtius robustus) (Croissance et développement des baleines grises du Pacifique Nord (Eschrichtius robustus)
Étude sur l’âge de la baleine bleue :
Blue whale earplug reveals lifetime contaminant exposure and hormone profiles (Un bouchon d’oreille de baleine bleue révèle une exposition aux contaminants et des profils hormonaux tout au long de la vie)
Étude sur l’âge du béluga :
Age estimation of belugas, Delphinapterus leucas, using fatty acid composition: A promising method (Estimation de l’âge des bélugas, Delphinapterus leucas, à partir de la composition en acides gras : Une méthode prometteuse)
Étude sur l’âge du Grand Dauphin :
The Bottlenose Dolphin Epigenetic Aging Tool (BEAT): A Molecular Age Estimation Tool for Small Cetaceans (L’outil de vieillissement épigénétique du grand dauphin (BEAT) : Un outil d’estimation de l’âge moléculaire des petits cétacés)
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