Le petit requin blanc préfère les eaux côtières peu profondes

Des scientifiques marins de l’université d’État de Californie ont récemment démontré que le petit requin blanc vit principalement dans des eaux chaudes et peu profondes, à proximité du rivage, c’est-à-dire à moins d’un kilomètre. Leur étude a été publiée le 19 avril 2024, dans Frontiers : The influence of micro-scale thermal habitat on the movements of juvenile white sharks in their Southern California aggregation sites (L’influence de l’habitat thermique à micro-échelle sur les mouvements des requins blancs juvéniles dans leurs sites d’agrégation du sud de la Californie).

L’espoir d’en connaître davantage sur le petit requin blanc

Cette étude fait progresser de manière significative nos connaissances sur les préférences du petit requin blanc en matière d’habitat. La compréhension de ces préférences est cruciale pour sa conservation et la sécurité publique, en particulier parce que la température des océans continue d’augmenter.

« Les animaux réagissent de manière comportementale aux conditions environnementales à différentes échelles spatio-temporelles, souvent de manière à façonner leur utilisation de l’habitat et leurs schémas de déplacement », écrivent les auteurs de l’étude.

Alors que les changements environnementaux saisonniers dans l’ensemble de l’aire de répartition d’une espèce peuvent dicter les schémas de migration à long terme, de nombreux animaux aquatiques prennent probablement des décisions de déplacement basées sur des différences de conditions à micro-échelle qui peuvent varier en fonction du stade ontogénétique. (L’ontogénie décrit le développement progressif d’un organisme depuis sa conception jusqu’à sa forme mûre, voire jusqu’à sa mort.)

Une occasion unique d’étudier le petit blanc

Dans une région située au large de la plage de Padaro, près de Santa Barbara, les petits requins blancs se rassemblent dans des zones considérées comme des nurseries. Ces jeunes squales ne reçoivent aucun soin après leur naissance et sont livrés à eux-mêmes dans les eaux peu profondes, sans être accompagnés par des requins adultes.

Selon le docteur Christopher Lowe, ce site offre une occasion unique d’étudier un grand groupe de jeunes requins dans leur environnement proche du rivage. « Il s’agit de l’une des études les plus importantes et les plus détaillées de ce type. Le rassemblement dense de juvéniles autour de la plage de Padaro nous a permis d’observer comment les conditions environnementales affectent leurs schémas de déplacement. »

La technologie au service de la biologie marine pour l’étude du petit requin blanc

De 2020 à 2021, l’équipe du docteur Lowe a équipé 22 jeunes requins blancs, âgés de un à six ans, de capteurs-émetteurs. Ces dispositifs ont permis de suivre la pression et la température de l’eau et de localiser les requins à l’aide de signaux acoustiques envoyés à des récepteurs côtiers. La collecte de données s’interrompt en hiver, lorsque les requins migrent vers des eaux plus profondes.

En outre, un véhicule autonome a cartographié la température de la colonne d’eau locale et l’intelligence artificielle a permis de créer un modèle 3D montrant les températures et les profondeurs préférées du petit requin blanc, ce qui nous permet de mieux comprendre leur comportement dans différentes conditions.

Les rythmes quotidiens du petit requin blanc

Le petit requin blanc présente des schémas comportementaux distincts. Il plonge plus profondément à l’aube et au crépuscule, probablement pour se nourrir, et reste plus près de la surface lorsque le soleil de l’après-midi est plus chaud, peut-être pour élever sa température corporelle.

Emily Spurgeon, technicienne de recherche dans l’équipe du docteur Lowe et premier auteur de l’étude, explique : « Nous avons constaté que le petit requin blanc ajuste sa position verticale pour maintenir une température comprise entre 16 et 22 °C. Idéalement, il reste entre 20 et 22 °C pour maximiser l’efficacité de sa croissance au sein de la nurserie ».

L’étude révèle que le petit requin blanc occupe des eaux beaucoup moins profondes que le requin blanc adulte qui est rarement observé dans les zones de nurserie. Les variations tridimensionnelles de la température influencent considérablement la répartition horizontale du juvénile. Il se déplace vers des zones plus profondes lorsque la température des fonds marins augmente et se rapproche de la surface lorsque les eaux profondes se refroidissent.

Les autres facteurs du comportement du petit requin blanc au sein de la nurserie

S’il est clair que la température est un facteur crucial qui attire le petit requin blanc vers ces zones de nurserie, ce n’est pas le seul élément à prendre en compte. « Il existe de nombreux endroits le long de la côte californienne où les conditions environnementales sont similaires, et la température n’est donc pas le seul facteur à prendre en compte », explique Emily Spurgeon.

« Bien que nous ne sachions pas où le petit requin blanc se nourrit principalement, il est probable qu’il utilise des zones particulières du site de regroupement pour augmenter son succès dans la recherche de nourriture », notent les chercheurs.

Des compromis doivent se produire tout au long de la période de son développement, car il tente de trouver et de sélectionner des zones présentant des conditions environnementales adéquates pour maintenir des performances physiologiques efficaces, tout en essayant de trouver des sources de nourriture suffisantes et d’éviter les conflits intraspécifiques, c’est-à-dire entre les individus d’une même espèce. Il se peut donc qu’il choisisse un micro-habitat riche en proies pour maximiser sa croissance en accélérant son taux métabolique dans des eaux plus chaudes.

Les projets d’une étude plus large du petit requin blanc

Les recherches à venir porteront sur les comportements individuels et les relations potentielles, notamment sur la question de savoir si certains juvéniles se déplacent ensemble entre différentes nurseries. Au fur et à mesure que ces études progressent, elles contribuent non seulement à élaborer des stratégies de conservation efficaces, mais aussi à minimiser les interactions entre l’homme et le requin.

« Les résultats de cette étude peuvent être utilisés pour informer et améliorer les modèles d’adéquation de l’habitat et les modèles de distribution des espèces dans un lieu spécifique, aider à prédire les emplacements potentiels de nouveaux sites d’agrégation et conseiller les responsables de la sécurité publique sur les plages », écrivent les chercheurs.

« La connaissance de la façon dont le petit requin blanc réagit à l’environnement est vitale pour la gestion et les futurs modèles prédictifs d’utilisation de l’espace afin de comprendre comment ces schémas se transformeront à mesure que les schémas thermiques des micro-habitats seront modifiés en raison du changement climatique. »

La contre-illumination, technique de camouflage du grand requin blanc