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Mégalodon

Le bébé mégalodon survivait grâce au cannibalisme !

La vie du mégalodon, gigantesque requin préhistorique, reste mystérieuse et fascinante. Sa démesure ne cesse d’attiser la curiosité des chercheurs, comme celle du public. Une étude publiée en janvier 2021 nous en dit plus sur son mode de reproduction et surtout sur la naissance de son petit. Il adoptait le cannibalisme pour rester unique, naître plus grand et plus fort, et avoir ainsi les meilleures chances de survie.

Requin mégalodon

Quelques caractéristiques du requin préhistorique mégalodon

Le mégalodon est le plus grand requin jamais découvert. Il vivait il y a (environ !) entre 23 et 3,6 millions d’années. Environ, car certains pensent que sa date d’extinction date du Pléistocène inférieur (Calabrien), soit il y a 1,6 millions d’années.

Le megalodon pouvait atteindre jusqu’à 15 mètres de long, soit plus du double de la taille d’un grand blanc adulte. Suivez ce lien pour en apprendre davantage sur la taille du mégalodon.

Le requin mégalodon (Carcharocles megalodon) est communément considéré comme l’ancêtre du requin blanc (Carcharodon carcharias), mais cette thèse est de plus en plus controversée, au profit du requin mako qui serait le véritable descendant du requin dinosaure megalodon.

En raison de son squelette cartilagineux souple, seules quelques parties du corps du requin sont minéralisées et préservées, notamment les dents, le crâne et la colonne vertébrale. Cela signifie que les archives fossiles sont très pauvres pour cet animal.

Bien sûr, les dents du prédateur – pouvant mesurer 17 cm ou plus – font l’objet de beaucoup d’attention de la part des chercheurs. Mais, dans une étude récemment publiée, le professeur Kenshu Shimada – paléobiologiste à l’université DePaul de Chicago – et ses collègues ont cherché des indices ailleurs.

En examinant la colonne vertébrale de ce mégalodon, l’équipe a découvert qu’il donnait naissance à des bébés vivants de deux mètres de long, au minimum. S’ils pouvaient atteindre cette taille, c’est grâce au cannibalisme qui les poussait à manger leurs frères et sœurs non éclos dans l’utérus.

Dent mégalodon
Le paléobiologiste Kenshu Shimada tenant une dent de mégalolon (photo DePaul University/Jeff Carrion)

Les secrets de la colonne vertébrale du requin géant préhistorique

Les requins ont une colonne vertébrale composée vertèbres qui se développent au fur et à mesure que l’animal vieillit. Les chercheurs ont mesuré la vertèbre d’un mégalodon de l’époque du Miocène. En la comparant aux grands requins blancs modernes, l’équipe a estimé que le mégalodon dont elle provenait mesurait un peu plus de neuf mètres de long.

Chaque année, les vertèbres comptent de nouveaux anneaux de tissus durs qui, à l’instar d’un tronc d’arbre, peuvent être utilisés pour estimer l’âge du requin.

Plutôt que de découper les vertèbres et les endommager à jamais, un scanner à rayons X fut utilisé pour étudier les structures internes et préserver ce spécimen inestimable. L’analyse révèle que ce requin géant est mort à l’âge de 46 ans à une taille un peu supérieure à 9 mètres de long. Le mégalodon n’aurait pas connu de poussées de croissance significatives, mais il a probablement grandi à un rythme relativement régulier jusqu’à l’âge de 46 ans, gagnant chaque année environ 16 cm.

S’il avait vécu plus longtemps, il aurait encore grandi et aurait pu atteindre une taille de 15 mètres de long, avec les mensurations des plus grands mégalodons dont la tête pouvait mesurer plus de 4,6 mètres de long et la nageoire dorsale 1,60 mètres de haut.

Vertèbre mégalodon

La grande taille du mégalodon à la naissance

 L’estimation de la taille du premier anneau de croissance de la vertèbre étudiée indique que le requin mesurait au moins deux mètres à la naissance. Cette grande taille lui donnait toutes les chances pour pouvoir survivre après la naissance en se positionnant instantanément comme prédateur et en étant suffisamment imposant pour échapper aux autres prédateurs.

Cette pratique, appelée oophagie, signifie que peu de descendants arrivent à terme, mais que la survie de l’espèce est mieux assurée.

« En tant que l’un des plus grands carnivores ayant jamais existé sur terre, le déchiffrage des paramètres de croissance du megalodon est essentiel pour comprendre le rôle que jouent les grands carnivores dans le contexte de l’évolution des écosystèmes marins », a déclaré l’auteur principal Kenshu Shimada.

Reconstitution de vidéo de mégalodon

Le mode de reproduction des requins

Certains requins sont ovipares, comme la roussette : la femelle pond des œufs dans lesquels les embryons se nourrissent de leur propre réserve vitelline, avant d’éclore. D’autres, comme le requin blanc ou le mako, sont ovovivipares : l’embryon se développe dans un œuf que la femelle garde dans son utérus jusqu’à l’éclosion. Les bébés se nourrissent des fluides que la mère sécrète, jusqu’à ce qu’ils naissent complètement formés.

Actuellement, les plus grands bébés nés vivants au monde proviennent de requins pèlerins et de requins à grande gueule, tous deux de l’ordre des lamniformes, comme le mégalodon. Ces bébés requins atteignent une longueur de 1,5 mètres.

Dents mégalodon

Le cannibalisme du megalodon pour survivre dans l’utérus de sa mère

L’estimation de la taille de 2 mètres à la naissance du mégalodon prouve que cette espèce avait un mode de reproduction ovovivipare. Le secret du squale est que, pour atteindre cette taille dans l’utérus, l’embryon le plus développé se nourrissait de ses frères et sœurs dont l’œuf n’avait pas encore éclos.

Il est impossible d’estimer le nombre précis d’embryons contenus dans le ventre de la mère. Chez les requins pèlerins d’aujourd’hui, des millions d’œufs sont fertilisés. Les embryons éclos commencent à manger les œufs environnants et dans certains cas, comme le requin-tigre des sables, ils mangent aussi d’autres embryons.

Les femelles requins peuvent porter un ou plusieurs petits dans chacun de leurs deux utérus, il est donc probable qu’au moins deux mégalodons soient nés à la fois. En effet, de nombreuses espèces de requins font mûrir leurs œufs, ou leurs embryons gestants, dans un utérus gauche et un utérus droit. Les embryons voyagent d’un utérus à l’autre pour se régaler des autres embryons.

Le mégalodon

Le cannibalisme intra-utérin commun chez les lamniformes

Ce mécanisme de survie n’est pas unique. Tous les requins de l’ordre des lamniformes, un groupe qui comprend les grands requins blancs, mako et renards, utilisent cette stratégie, qui existe depuis au moins 70 millions d’années.

L’étude du professeur Kenshu Shimada estime également l’espérance de vie des mégalodons entre 88 et 100 ans, en utilisant les données de leur colonne vertébrale et les modèles de croissance bien établis des dents. Cela correspond à l’âge estimé pour les grands requins blancs et les requins baleines, mais ne dépasse pas le record de 500 ans des requins du Groenland, connus pour vivre dans les eaux froides des mers du Nord.

Source de l’article : Ontogenetic growth pattern of the extinct megatooth shark Otodus megalodon-implications for its reproductive biology, development, and life expectancy

Kenshu Shimada , Matthew F. Bonnan , Martin A. Becker & Michael L. Griffiths

Received 19 Aug 2020, accepted 06 Dec 2020, published online: 11 Jan 2021

https://doi.org/10.1080/08912963.2020.1861608

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