skip to Main Content
Baleine à bec Nemuro

Enfin la première observation d’une baleine à bec de Sato vivante !

Images de couverture de l’article : Baleines à bec non identifiées observées dans le détroit de Nemuro. Le bec court et la couleur sombre laissent supposer une baleine à bec de Sato © Hal Sato le 21 mai 2009

La baleine à bec de Sato est un animal si mystérieux que jamais un individu vivant n’avait pu être observé jusque-là. Toutes les informations glanées sur ce cétacé provenaient de l’étude de cadavres rejetés sur la plage.

Découvrez la fiche la plus complète possible du cétacé en consultant l’article Baleine à bec de Sato, tout savoir sur Berardius minimus.
Baleine à bec de Sato
Baleines à bec de Sato © Chika Sugita

Des rencontres occasionnelles, mais jamais officielles de la baleine à bec de Sato jusqu’en 2021

Les baleiniers japonais — qui malheureusement poursuivent leur activité — connaissent bien la baleine à bec de Baird qu’ils ont l’habitude de traquer dans l’océan Pacifique. Depuis plusieurs décennies, ils ont pu observer des baleines très semblables, mais plus petites et de couleur plus foncée.

Il fallut attendre 2019 pour qu’une équipe de scientifiques basée au Japon s’intéresse de plus près à ces cétacés. Les premières descriptions scientifiques, portant sur les caractéristiques physiques, ainsi que sur l’analyse de l’ADN, s’établissaient sur l’observation de spécimens décédés, pour la plupart échoués sur le rivage.

Baleine à bec de Sato échouée
Carcasse fraîche de Berardius minimus (mâle, 662 cm) trouvée échouée le 10 novembre 2012 à Sarufutsu Hokkaido. (A) Vue ventrale de la carcasse. L’ensemble du corps est presque noir, à l’exception du bec tirant sur le blanc à l’extrémité. (B) Le bec relativement court du même individu © Yasushi Shimizu

Premier échantillon d’ADN sur une baleine à bec de Sato vivante durant l’été 2021

Lors de l’été 2021, un groupe de chercheurs croisait dans les eaux agitées de la mer du Japon et de la mer d’Okhotsk, entre Hokkaido, au Japon, et les îles Kouriles, en Russie, à la recherche des orques sur lesquelles portait leur étude. Ils eurent la surprise de voir apparaître 14 baleines à bec de Sato. Étant équipés pour la prise d’échantillons, ils purent prouver la véracité de leurs dires, grâce à la confirmation de l’ADN des cétacés.

En effet, les indices visuels n’apparaissant pas suffisants, les scientifiques ont utilisé leur arbalète destinée à la prise d’échantillons sur les orques. La flèche tirée sur l’animal est conçue pour s’enfoncer de deux ou trois centimètres seulement, puis elle rebondit, grâce à une proéminence qui l’empêche de blesser l’animal. La sonde se contente de prélever le gras en surface de la peau. Le ressenti est comparable à celui d’une piqûre de moustique pour un humain.

La flèche retombe dans l’eau et flotte pour que les chercheurs puissent la récupérer facilement et transférer la chair dans un tube hermétique destiné au laboratoire pour l’analyse de l’ADN.

Les résultats attestèrent la conformité de l’ADN avec celui des échantillons prélevés sur les carcasses de baleines à bec de Sato échouées.

L’officialisation de l’observation de la baleine à bec de Sato fut annoncée par l’intermédiaire d’une publication de Ivan D. Fedutin, Olga A. Filatova, Ilya G. Meschersky et Erich Hoyt, le 13 mai 2022 : First confirmed observations of living Sato’s beaked whales Berardius minimus.

Aire de répartition de la bérardie de Sato
Aire de répartition de la bérardie de Sato

Qui est la baleine à bosse à bec de Sato ?

La baleine à bec de Sato tient son nom de Hal Sato, scientifique d’Hokkaido qui, au début des années 2000, a contribué à faire la lumière sur ces baleines en envoyant des photos d’individus échoués à Tadasu Yamada, conservateur émérite du Musée national de la nature et des sciences du Japon.

Les cétacés n’avaient pas jusque-là attiré l’attention des scientifiques, en raison de leur ressemblance avec la baleine à bec de Baird, également dénommée bérardie de Baird (Berardius bairdii). Tadasu Yamada qui les a depuis étudiés explique que la baleine à bec de Sato est plus petite que la bérardie de Baird. D’autre part, son melon apparaît plus proéminent et sa coloration plus foncée, presque noire. Ceci explique le surnom de Karasu donné par les baleiniers. Le mot signifie « corbeau » en japonais.

« Cela nous amène à nous demander quelles sont les espèces encore inconnues, nageant dans nos océans et peut-être même juste sous nous », a déclaré Robert Pitman, écologiste marin et expert en baleines à bec à l’université d’État de l’Oregon. Le scientifique n’a pas participé lui-même à cette observation des baleines à bec de Sato, mais il s’étonne que l’espèce puisse rester une telle énigme au Japon, alors que de nombreuses équipes scientifiques poursuivent des recherches tout au long de l’année sur diverses espèces.

Illustration de la baleine à bec de Sato
Illustration de la baleine à bec de Sato

Comment la baleine à bec de Sato n’a-t-elle jamais été observée plus tôt et plus souvent ?

La baleine à bec de Sato mesure en moyenne 7 mètres à l’âge adulte. Robert Pitman rappelle que les baleines à bec font partie « des grands animaux les plus méconnus de la planète ». Il y a deux raisons à cela.

1 — Un mode de vie qui les rend invisibles pour l’homme

Leur mode de vie les écarte des rencontres avec l’homme. La baleine à bec, toutes espèces confondues, vit généralement en haute mer. Elle passe beaucoup de temps à chasser dans les profondeurs, ce qui lui permet aussi d’échapper aux orques transientes, prédateurs ultimes de l’océan, qui peuvent la chasser.

Les baleines à bec sont des championnes dans la catégorie apnée, comme le prouve cette baleine à bec qui bat le record avec une plongée de 3 h 42′.

Les baleines à bec présentent aussi la particularité d’être assez silencieuses lorsqu’elles sont en surface, échappant ainsi aux hydrophones permettant de détecter l’activité sous-marine.

2 — La baleine à bec de Sato ne s’intéresse pas à l’homme !

La baleine à bec de Sato — comme toutes les baleines à bec — ne semble pas du tout rechercher les interactions avec les humains. Nombreux sont les cétacés à s’approcher des bateaux par curiosité, les dauphins en tête, dont le plus grand d’entre eux, l’orque. Les baleines à bosse et baleines grises sont aussi coutumières du fait. Les baleines à bec, non. Nous ne semblons pas dignes de leur intérêt !

Squelette baleine à bec de Sato
Squelette baleine à bec de Sato

La seule certitude sur la baleine à bec de Sato : elle est harcelée par le requin squalelet féroce

Les scientifiques ne savent pas grand-chose du mode de vie de la baleine à bec de Sato, mais une chose est sure, elle cohabite — à son détriment — avec le squalelet féroce. Ce petit requin ne dépassant pas les 50 centimètres de long est doté d’une mâchoire redoutable fonctionnant tel un emporte-pièce. Il laisse des cicatrices identifiables entre toutes, parfaitement circulaires, dans le corps de la baleine. Ses blessures ne sont pas mortelles, mais l’animal n’en reste pas moins nuisible. Les taches blanches et circulaires visibles sur les photos des baleines à bec prouvent ses attaques répétées.

Erich Hoyt, chercheur au Whale and Dolphin Conservation, au Royaume-Uni, a coécrit l’article annonçant l’observation de 2021. Il explique que les seules baleines à bec de Sato qui ont été retrouvées vivantes évoluaient dans les eaux autour du Japon et dans l’est de la Russie. Or, les squalelets féroces ne fréquentent généralement que des eaux plus chaudes. Ainsi, les cicatrices suggèrent que les baleines à bec de Sato pourraient s’aventurer dans des eaux tropicales où elles rencontreraient le petit squale.

Je vous invite à découvrir ce charmant petit requin en consultant l’article Squalelet féroce, tout savoir sur Isistius brasiliensis.

L’avenir de la recherche sur la baleine à bec de Sato

L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a jugé la baleine à bec de Sato comme une espèce quasi menacée (NT Near Threatened) en 2020. Cette qualification peut paraître fantaisiste, car l’organisme ne possède aucune statistique présente, ni passée ce qui interdit toute comparaison.

Toutefois, le fait d’être considérée comme menacée constitue un atout pour les chercheurs. Ils espèrent ainsi attirer l’attention du grand public pour les protéger, ainsi que prétendre à des fonds pour approfondir leurs recherches. Actuellement, des observations de baleines à bec de Sato sont signalées en moyenne deux fois par an par des baleiniers, par des chercheurs travaillant sur d’autres sujets ou par des plaisanciers. Ces signalements émanent du Japon, comme de la Russie.

Affaire à suivre…

Boutique Animaux Marins

Newsletter Animaux Marins

Cet article comporte 2 commentaires

    1. Les baleines à bec sont peu connues et elles ne font rien pour l’être, car elles restent très discrètes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Remonter