Requin de récif des Caraïbes, tout savoir sur Carcharhinus perezii

Le requin de récif des Caraïbes doit son nom à son habitat, car il habite effectivement les récifs coralliens des Caraïbes, ainsi que les récifs au large de l’Amérique du Sud. Son nom anglais est d’ailleurs une traduction littérale : Caribbean reef shark. Le squale est aussi connu pour sa capacité à somnoler sur les fonds des grottes.

Carte d’identité du requin de récif des Caraïbes/Carcharhinus perezii

L’aire de répartition du requin de récif des Caraïbes

Le requin de récif des Caraïbes est l’un des squales les plus abondants autour des Bahamas et des Antilles. Il est présent dans les eaux tropicales, en particulier dans la mer des Caraïbes. Son aire de répartition comprend la Floride, les Bermudes, le nord du golfe du Mexique, le Yucatan, Cuba, la Jamaïque, les Bahamas, le Mexique, Porto Rico, la Colombie, le Venezuela et le Brésil. Il devient très rare au nord des Florida Keys.

L’habitat du requin de récif des Caraïbes

Le requin de récif des Caraïbes est le requin le plus commun sur ou près des récifs coralliens dans les Caraïbes. Il s’agit d’une espèce tropicale côtière vivant sur le fond des plateaux continentaux et insulaires. Bien qu’il habite principalement les eaux peu profondes, il est parfois enregistré à des profondeurs dépassant de 30 mètres.

On le trouve souvent près des tombants sur les bords extérieurs des récifs coralliens, ainsi que sur le fond des grottes.

Présentation du requin de récif des Caraïbes

Le comportement du requin de récif des Caraïbes

Le requin de récif des Caraïbes semble plus actif la nuit. Il ne présente aucun signe de changement saisonnier dans son activité ou sa migration. Les juvéniles ont tendance à rester dans une zone localisée tout au long de l’année, tandis que les adultes se déplacent dans une zone plus large.

La sieste du requin de récif des Caraïbes sur le fond des grottes

Les requins de récifs des Caraïbes sont parfois vus en train de se reposer sans bouger sur le fond de la mer ou à l’intérieur de grottes.

En 1975, Eugenie Clark a étudié les requins de récif des Caraïbes endormis à l’intérieur des grottes de Isla Mujeres, au large de la péninsule du Yucatan. Elle a déterminé que les squales n’étaient pas réellement endormis, car leurs yeux suivaient les plongeurs. L’ichtyologiste américaine a émis l’hypothèse que les remontées d’eau douce à l’intérieur des grottes pouvaient libérer les parasites présents sur les requins et produire en même temps un effet narcotique agréable.

Les compagnons sous-marins du requin de récif

Les carangues gros-yeux ou carangues mayoles (Caranx latus) et les carangues comades ou carangue à pisquettes (Carangoides ruber) se rassemblent régulièrement autour des requins de récifs des Caraïbes.

Les caractéristiques physiques du requin de récif des Caraïbes

Le requin de récif des Caraïbes possède un museau court, large et arrondi. Ses ailes nasales antérieures sont peu développées et basses. Ses yeux sont grands et circulaires, avec des membranes nictitantes (troisièmes paupières protectrices).

La première nageoire dorsale est haute et falciforme. Une crête interdorsale basse s’étend derrière elle jusqu’à la deuxième nageoire dorsale qui est relativement petite avec une courte pointe libre à l’arrière.

L’origine de la première nageoire dorsale se situe au-dessus ou légèrement en avant des pointes arrière des nageoires pectorales, et celle de la deuxième nageoire dorsale se situe au-dessus ou légèrement en avant de la nageoire anale.

Les nageoires pectorales sont longues et étroites, se rétrécissant en pointe.

Les requins de récifs des Caraïbes possèdent cinq fentes branchiales modérément longues, la troisième fente branchiale se trouvant au-dessus de l’origine de la nageoire pectorale.

Une robe classique

Le requin de récif des Caraïbes est gris foncé ou gris-brun sur le dessus et blanc ou jaunâtre sur le dessous. Les extrémités du dessous des nageoires pectorales, de la nageoire anale et du lobe ventral de la caudale sont de couleur sombre, sans aucun gris argenté ou blanc distinctif.

Le squale possède une bande blanche discrète sur les flancs.

La peau du requin de récif des Caraïbes

Les denticules dermiques du requin des Caraïbes présentent un grand nombre de dents et de crêtes. Elles se chevauchent étroitement et régulièrement. Les denticules sont plus larges que longs, avec cinq (ou parfois sept chez les grands requins) dents courtes et un nombre égal de crêtes basses.

Une dentition efficace

Le requin de récif des Caraïbes possède de 11 à 13 rangées de dents dans chaque mâchoire.

Les dents de la mâchoire supérieure du requin de récif des Caraïbes possèdent des cuspides étroites avec des bords dentelés et des bases larges. Les deux à quatre dents antérieures de chaque côté de la mâchoire sont droites et les autres sont de plus en plus obliques.

Les dents de la mâchoire inférieure possèdent des cuspides étroites, triangulaires, à bords dentelés et à base large.

Un requin souvent confondu avec d’autres

Le requin de récif des Caraïbes est un Carcharhinidé (en anglais « requiem shark »). Avec son corps robuste et profilé typique des Carcharhinidés, cette espèce est parfois difficile à distinguer des autres grands membres de sa famille tels que le requin requiem de sable (Carcharhinidés obscurus) et le requin soyeux (Carcharhinidés falciformis).

Taille, âge et croissance du requin de récif des Caraïbes

La longueur maximale du requin de récif des Caraïbes est de près de 3 mètres. La maturité survient entre 1,5 et 1,7 mètre de long chez les mâles et entre 2 et près de 3 mètres chez les femelles.

Adulte, il peut peser jusqu’à 70 kilos.

Reproduction

Le requin des Caraïbes est une espèce vivipare : une fois que les embryons en développement ont épuisé leur réserve de vitellus, le sac vitellin se transforme en une connexion placentaire par laquelle ils sont nourris par leur mère.

Les portées comptent en moyenne quatre à six petits. La période de reproduction de ce requin n’est pas formellement déterminée dans l’hémisphère nord, mais, dans l’hémisphère sud, la mise bas a lieu pendant l’été amazonien, de novembre à décembre. La taille des bébés requins à la naissance est inférieure à 75 centimètres.

On sait relativement peu de choses sur la reproduction du requin de récif des Caraïbes. Les femelles gravides (portant des embryons) portent souvent des cicatrices de morsures sur les côtés du corps, en raison du comportement agressif des mâles pendant l’accouplement. La gestation dure environ un an.

Les habitudes alimentaires

Le requin de récif des Caraïbes se nourrit principalement de poissons osseux. Il utilise ses six sens aiguisés pour localiser ses proies :

1. Olfactif ;
2. Visuel ;
3. Tactile y compris la sensibilité aux vibrations de l’eau par le biais d’un système de canaux latéraux ;
4. Auditif ;
5. Gustatif ;
6. Électrique.

Le requin de récif des Caraïbes est particulièrement adapté à la détection des sons de basse fréquence indiquant la présence d’un poisson en difficulté à proximité.

Le requin de récif des Caraïbes se nourrit d’une grande variété de poissons osseux, mais aussi de céphalopodes vivant dans les récifs, ainsi que de certains élasmobranches tels que la raie léopard (Aetobatus narinari) et la raie pastenague jamaïcaine (Urobatis jamaicensis).

Les jeunes requins se nourrissent de petits poissons, de crevettes et de crabes.

L’éversion de l’estomac

L’éversion gastrique est la capacité du squale à retourner son estomac. Les requins de récifs des Caraïbes sont capables d’éverser leur estomac, ce qui sert probablement à nettoyer les particules indigestes, les parasites et le mucus de la paroi stomacale. Une fois purgé, l’estomac retrouve ensuite sa position initiale.

Les prédateurs du requin de récif des Caraïbes

Les jeunes requins de récif des Caraïbes sont la proie de requins plus grands tels que le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) et le requin-bouledogue (Carcharhinidés leucas).

Le requin de récif des Caraïbes ne s’attaque pas à l’homme. S’il se sent menacé, le squale effectue parfois une parade de menace au cours de laquelle il nage de manière saccadée, avec de fréquents changements de direction et des chutes répétées et brèves – d’une durée de 1 seconde – de ses nageoires pectorales. Cette manifestation est moins prononcée que celle, plus connue, du requin gris de récif (Carcharhinidés amblyrhynchos).

En revanche, l’homme représente un danger pour son espèce. Sa pêche commerciale est interdite dans les eaux américaines, mais autorisée dans d’autres pays. Pourchassé pour ses ailerons, sa chair et l’huile de son foie, il est désormais considéré par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme quasi menacé.

Créée en 2013, l’association Shark Mission France sensibilise le public sur la condition des requins dans le monde. Elle milite notamment contre la pêche qui massacre les requins pour commercialiser leurs ailerons. Je vous invite à vous rendre sur le site Internet de Shark Mission France pour vous informer et éventuellement vous impliquer aux côtés des bénévoles de l’association.

Les parasites

Peu de parasites sont connus chez cette espèce. Le plus courant d’entre eux est une sangsue bariolée foncée que l’on voit souvent s’accrocher sur la première nageoire dorsale. Au large du nord du Brésil, les juvéniles recherchent les stations de nettoyage occupées par des gobies à nez jaune (Elacatinus randalli) qui nettoient les requins de leurs parasites pendant qu’ils reposent sur le fond.