L’écholocalisation de l’orque est essentielle pour traquer les proies et lui permettre d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Découvrez le décryptage de ce sens extrêmement sophistiqué.
Comptage 2022 des orques résidentes du sud au Canada et aux USA
Photo de couverture de l’article : orque résidente du sud L108 © 2021 Center for Whale Research
Les orques résidentes du sud vivent à l’ouest du continent nord-américain, entre les États-Unis et le Canada, dans la mer des Salish. Leur structure familiale est matriarcale, car chaque pod est mené par l’aînée de la famille. Elle est suivie par sa descendance regroupant indistinctement les mâles et les femelles.
Pour plus de détails sur les SRKW (South Resident Killer Whales), je vous invite à consulter l’article Orque Canada et USA : à la rencontre des résidentes du sud.
Les orques résidentes du sud sont suivies de près par les scientifiques qui guettent avidement chaque naissance, car cette population apparaît fragile et sa survie demeure compromise. Chaque année, le Center for Whale Research publie un recensement faisant le point sur les trois pods d’épaulards qui constituent cette population, répertoriés sous les appellations J, K et L. Voici les résultats révélés en septembre 2022.
Sommaire
L’historique de la population des orques résidentes du Sud
Les orques résidentes du sud forment une grande famille élargie, composée des pods J, K et L. Au sein de chaque groupe, les familles se divisent en sous-groupes centrés sur les femelles âgées, généralement des grands-mères ou des arrière-grands-mères. Les petits mâles et femelles restent toute leur vie en étroite association avec leur mère.
Tout au long des années 1960 et au début des années 1970, la population des pods J, K et L a été considérablement réduite en raison de la capture d’orques pour des expositions dans des parcs marins. Les responsables de ces prélèvements ont tué au moins 13 orques au cours de leurs expéditions, tandis que 45 épaulards ont été livrés à des parcs du monde entier. En 2022, une seule orque issue de ces captures vit toujours en captivité, seule et dans un état physique déplorable. Il s’agit de Tokitae, autrement dénommée Lolita ou Sk’aliChelt-tenaut.
En 1974, 71 orques résidentes du sud auraient survécu aux rafles répétées. La population a ensuite augmenté depuis la fin des années 1970, jusqu’au milieu des années 1990, atteignant un maximum de 98 animaux. Malheureusement, la tendance s’est inversée à la fin des années 1990, passant de 98 à 78 orques en 2001.
Les autres raisons originelles du déclin des orques résidentes du sud
Les captures ont considérablement affaibli cette population d’épaulards dont le territoire est réduit, mais d’autres causes ont participé au déclin. Le développement industriel et humain qu’a connu la région est l’autre principale raison de la diminution du nombre d’orques résidentes. Cet essor induit davantage de pollution de l’eau, mais aussi de nuisances sonores dues au grand nombre de bateaux qui croisent dans la mer des Salish. Les orques utilisent les sons et l’écholocalisation pour se déplacer, établir des relations sociales et chasser. La pollution sonore entrave chacune de ces activités.
Les bateaux peuvent aussi provoquer des accidents avec les orques, les blessant grièvement ou les tuant. Les filets et autres équipements de pêche représentent un autre danger mortel pour les cétacés.
Des cours d’eau sont également détournés par des barrages, ce qui nuit à la population du saumon royal, le mets préféré des orques résidentes qui peinent aujourd’hui à trouver suffisamment de nourriture.
Enfin, les élevages de saumon affectent l’écosystème, car ces poissons véhiculent diverses maladies qui contaminent les saumons sauvages. Pour couronner le tout, les élevages font un usage intensif de produits chimiques, dont des antibiotiques, qui exercent une influence délétère sur la faune et la flore.
Les trois pods d’orques résidentes du sud
1 — Le pod J
Le pod J est le groupe le plus susceptible d’apparaître toute l’année dans les eaux des îles San Juan et des îles Gulf du Sud, dans la partie inférieure de Puget Sound (près de Seattle) et dans le détroit de Géorgie en Colombie-Britannique.
Ce groupe avait l’habitude de fréquenter les eaux intérieures de la mer des Salish de la fin du printemps au début de l’automne. Toutefois, ces dernières années, les visites se sont tenues dans une période plus courte, allant de la fin de l’été jusqu’au début de l’automne.
Les naissances les plus récentes du pod J ont été celles de J57 et J58 à l’automne 2020.
2 — Le pod K
Le pod K est le groupe d’orques résidentes du sud qui compte le moins de membres. Le bébé orque le plus jeune du groupe K est K44, un mâle, né en 2011, le premier petit connu de K27.
Le mâle le plus âgé du groupe K, K21, est mort en juillet 2021.
3 — Le pod L
Le pod L est de loin le plus grand des trois groupes des orques résidentes du sud, comptant 32 membres. L25 — dont on estime qu’elle est née en 1928 — est à la fois le membre le plus âgé du groupe L et la plus vieille orque de la communauté des résidentes du sud.
Malheureusement, l’une des autres matriarches du groupe L, L47, a disparu en septembre 2021. Le plus récent bébé orque du groupe, L125, est né en janvier 2021. Il s’agit d’une femelle apparaissant en bonne santé.
Évolution de la population des orques résidentes du sud entre 2020 et 2022
Année | 2020 | 2022 |
Pod J | 24 orques | 25 orques |
Pod K | 17 orques | 16 orques |
Pod L | 34 orques | 32 orques |
Total = | 75 orques | 73 orques |
Le recensement 2022 des SRKW par le Center for Whale Research
Le Center for Whale Research a terminé son recensement pour 2022 de la population des orques résidentes du sud pour le compte du National Marine Fisheries Service. Au 1er juillet 2022, elle comptait 73 individus. Une diminution par rapport au recensement du 1er juillet 2021, date à laquelle la population d’orques était de 74 individus.
Les décès de juillet 2021 à juillet 2022
Du 1er juillet 2021 au 1er juillet 2022, la population a connu trois décès : K21, K44, et L89.
K21 a été vu pour la dernière fois fin juillet 2021 dans le détroit de Juan de Fuca, gravement émacié. N’ayant plus été vu depuis, y compris lors des rencontres suivantes des orques avec lesquelles il avait l’habitude d’être vu, il a été déclaré décédé peu après.
D’après les observations de la communauté locale, K44 était vivant à la fin du mois d’avril 2022 ; cependant, il n’a pas été vu lors des rencontres ultérieures avec sa famille. Le corps d’une orque mâle juvénile, de la même taille que K44 et portant les caractéristiques correspondant à celles d’un épaulard résident du sud, a été retrouvé empêtré au large de la côte de l’Oregon à la fin du mois de juin. Toutefois, l’absence de photographies ou d’échantillons biologiques supplémentaires empêche une identification définitive.
L89 a été vu pour la dernière fois fin 2021 et n’a pas été vu en 2022, malgré des rencontres répétées avec sa mère et son groupe social.
Les naissances de nouvelles orques résidentes du sud de juillet 2021 à juillet 2022
De juillet 2021 à juillet 2022, deux nouvelles naissances ont eu lieu.
J37 a mis bas son deuxième bébé orque, J59, en février 2022. En mai, l’observation du CWR a déterminé que J59 est une femelle.
K20 a également eu sa deuxième progéniture, K45, au cours du mois d’avril 2022. À l’automne 2022, le sexe de K45 a enfin été confirmé : il s’agit d’une femelle.
Les deux bébés orques semblaient en bonne santé lors des observations récentes.
Les tendances de l’évolution de la population des orques résidentes du sud par pod
Le recensement établi au 1er juillet 2022 marque le plus faible nombre d’orques au sein du pod L depuis le début de l’étude en 1976, avec 32 individus seulement. Le pod K affiche également son plus bas niveau depuis les deux dernières décennies, avec 16 individus. Sans mortalité et avec une seule naissance, le groupe J compte maintenant 25 individus.
Évolution de la population des orques résidentes du sud
Naissances et morts des orques résidentes du sud
Pourquoi existe-t-il deux dates officielles de comptage des orques résidentes du sud ?
Le Center for Whale Research rapporte le comptage annuel officiel des orques résidentes du Sud deux fois par an : Le 1er juillet et le 31 décembre.
Ken Balcomb — le fondateur d’Orca Survey et du Center For Whale Research — explique pourquoi dans la vidéo YouTube disponible ci-après (à partir de 5’55’’). Lorsque les scientifiques ont commencé à étudier les SRKW, ils se sont aperçus que la majorité des bébés orques naissait durant les mois d’hiver. Or, les expéditions d’identification sont plus compliquées à réaliser durant cette période, en raison de la météo, mais aussi de l’observation plus rare des orques. Le comptage apparaissait donc plus fiable au printemps, en vue d’établir un bilan définitif pour le 1er juillet.
Un autre comptage est toutefois ajouté à la fin de l’année, en partie pour être diffusé aux médias, ainsi que pour mettre à jour les chiffres lorsqu’un nouveau bébé orque est observé et photographié.
Ken Balcomb en 2018 à propos des orques résidentes du sud
Qui est Ken C. Balcomb ?
Ken Balcomb a obtenu sa licence en zoologie en 1963 à l’UC Davis. Il fut ensuite rapidement employé par le gouvernement américain en tant que biologiste de terrain, d’abord dans la recherche sur les grandes baleines du Pacifique oriental, puis dans la recherche sur les oiseaux marins du Pacifique central.
Pendant la période du Viêt Nam, Ken Balcomb fut pilote breveté de la marine américaine et spécialiste en océanographie. Il poursuivit ensuite ses études supérieures à l’UC Santa Cruz avec le docteur Ken Norris, biologiste spécialiste des mammifères marins de renommée mondiale.
Durant ses études supérieures, Ken Balcomb a mené des recherches sur les baleines à bosse dans l’Atlantique Nord avec son collègue Steve Katona. Il a enseigné la biologie marine à bord du Regina Maris pour le docteur George Nichols de l’Université de Harvard.
Ken Balcomb est un pionnier de la photo-identification des cétacés et le fondateur d’Orca Survey en 1976, une étude sur les orques résidentes du sud du Pacifique Nord-Ouest. Il a fondé en 1985 le Center for Whale Research, un organisme à but non lucratif dont il est le directeur exécutif bénévole et le chercheur principal sous contrat du NWFSC (Northwest Florida State College) pour Orca Survey. Ken Balcomb est également un membre fondateur de la Society for Marine Mammalogy.
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