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Baleine franche australe, tout savoir sur Eubalaena australis
La baleine franche australe (Eubalaena australis) est une baleine à fanons, l’une des trois espèces classées comme baleines franches appartenant au genre Eubalaena. Elle vit dans les océans au sud de l’équateur, entre les latitudes 20° et 60° sud. En 2009, la population mondiale était estimée à environ 13 600 individus.
Sommaire
La carte d’identité de la baleine franche australe – Eubalaena australis
Baleine franche australe / Eubalaena australis (A. Desmoulins, 1822) | |
Classification | |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Cetacea |
Sous-ordre | Mysticeti |
Famille | Balaenidae |
Genre | Eubalaena |
Statut de conservation UICN | |
LC (Least Concern) = Préoccupation mineure |
Taxonomie de la baleine franche australe
Les baleines franches ont été classées pour la première fois dans le genre Balaena en 1758 par Carl Linné qui considérait alors que toutes les baleines franches (y compris la baleine boréale) constituaient une seule et même espèce.
Aux XIXe et XXe siècles, la famille des Balaenidae a fait l’objet d’un grand débat. Les autorités ont à plusieurs reprises recatégorisé les trois populations de baleines franches, plus la baleine boréale, en une, deux, trois ou quatre espèces, soit dans un seul genre, soit dans deux genres distincts. Au début de la chasse à la baleine, on pensait qu’il s’agissait d’une seule espèce, Balaena mysticetus.
La baleine franche australe a été initialement décrite comme Balaena australis par Antoine Desmoulins en 1822. Finalement, il a été reconnu que les baleines boréales et les baleines franches étaient différentes. John Edward Gray a proposé le genre Eubalaena pour la baleine franche en 1864. Plus tard, des facteurs morphologiques tels que des différences dans la forme du crâne des baleines franches du nord et du sud ont indiqué qu’il existait au moins deux espèces de baleines franches, l’une dans l’hémisphère nord, l’autre dans l’océan Austral. En 1998 encore, Rice, dans sa classification exhaustive et faisant autorité, Marine mammals of the world : systematics and distribution, n’a répertorié que deux espèces : Balaena glacialis (toutes les baleines franches) et Balaena mysticetus (les baleines boréales).
En 2000, Rosenbaum et al. ont exprimé leur désaccord, en se basant sur les données de leur étude génétique d’échantillons d’ADN de chacune des populations de baleines. Les données génétiques montrent aujourd’hui que les populations de baleines franches du nord et du sud ne se sont pas croisées depuis 3 à 12 millions d’années, ce qui confirme que la baleine franche du sud est une espèce distincte.
Les populations du Pacifique Nord et de l’Atlantique sont également distinctes, la baleine franche du Pacifique Nord étant plus étroitement apparentée à la baleine franche du Sud qu’à la baleine franche de l’Atlantique Nord. Les différences génétiques entre E. japonica (Pacifique Nord) et E. australis (Pacifique Sud) sont beaucoup plus faibles que celles que d’autres baleines à fanons représentent entre les différents bassins océaniques.
On pense que les populations de baleines franches se sont d’abord séparées à cause de la fusion de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud. L’augmentation des températures à l’équateur a ensuite créé une seconde scission, entre les groupes du nord et du sud, les empêchant de se croiser.
En 2002, le Comité scientifique de la Commission Baleinière Internationale (CBI) a accepté les conclusions de Rosenbaum et a recommandé de conserver la nomenclature Eubalaena pour ce genre.
Présentation de la baleine franche australe
Description de la baleine franche australe
La baleine franche australe se distingue facilement des autres baleines franches par des callosités sur la tête, un dos large sans nageoire dorsale et une longue bouche arquée qui commence au-dessus de l’œil. Cette bouche est pourvue de 220 à 260 fanons, longs de 2 à 2,5 mètres de long, suspendus à la mâchoire supérieure.
La baleine australe présente un corps trapu avec une tête massive — représentant jusqu’à un tiers de la longueur totale du corps — et des nageoires pectorales larges et courtes, aux bords émoussés. Sa nageoire caudale noire est large, avec des bords lisses. Elle la soulève lorsqu’elle amorce une plongée en profondeur.
Sa longévité est estimée entre 70 et 100 ans, ce qui reste pour le moins approximatif.
Les dimensions de la baleine franche australe
La baleine australe femelle adulte mesure en moyenne 15 mètres de long et peut peser jusqu’à 47 tonnes. Les plus grands individus mesurent jusqu’à 18 mètres pour un poids pouvant atteindre 90 tonnes. Le mâle est un peu plus petit.
Les testicules des baleines franches sont probablement les plus grands de tous les animaux, chacun pesant environ 500 kilos. Cela suggère que la compétition entre les spermatozoïdes est importante dans le processus d’accouplement.
Le baleineau mesure environ 4 mètres de long à la naissance pour un poids entre 1 000 et 1 500 kilos.
Les couleurs de la baleine franche australe
Le corps de la baleine franche australe est généralement gris foncé ou noir, ce qui lui vaut le surnom de baleine noire. La plupart des individus possèdent également une tache blanche sur le ventre dont la taille varie d’une petite tache à une grande marque de forme irrégulière pouvant s’étendre sur le côté de l’animal et parfois même sur le dos.
Cependant, la pigmentation de la baleine franche australe dépend d’un gène spécifique situé sur le chromosome sexuel X. La coloration noire normale que l’on observe souvent est due à l’allèle dominant (X) de ce gène. (L’allèle correspond à chacun des deux gènes localisés au même niveau sur chaque membre d’une paire de chromosomes homologues.)
Baleine franche australe et son baleineau blanc
Les schémas de pigmentation propres à la baleine franche australe
Les schémas de pigmentation qui suivent sont propres aux baleines franches australes, car ni les marques dorsales blanches ou grises ni les baleineaux blancs n’ont été observés chez les baleines franches boréales de l’Atlantique Nord, et seuls des individus avec des marques dorsales blanches ont été observés chez les baleines franches du Pacifique Nord.
Les variations des taches blanches de la baleine franche australe
Les individus nés avec la combinaison des allèles XX et XY présenteront cette pigmentation normale. Cependant, il existe d’autres types de pigmentation résultant de la présence de l’allèle récessif (x) et d’autres gènes. Environ 4,8 % des adultes présentent des taches blanches distinctes sur le dos.
Ces baleines naissent avec ces taches et restent blanches tout au long de leur vie. Ces taches blanches se retrouvent aussi bien sur les mâles que sur les femelles de la baleine franche australe. Elles ne sont pas causées par le gène qui donne la coloration noire normale, mais par un autre gène.
Les individus bringés
Il existe également un modèle de pigmentation bringé. Les baleineaux bringés naissent presque entièrement blancs, avec un collier noir moucheté autour du cou et une quantité variable de taches noires sur le dos. La pigmentation blanche de ces bébés baleines s’assombrit progressivement avec l’âge pour devenir grise chez les adultes.
Cette pigmentation est due à l’allèle récessif (x) du gène de la couleur normale et se produit chez les individus présentant la combinaison des allèles xx et xY. Ce type de pigmentation ne peut être produit que par l’union d’un mâle bringé et d’une femelle partiellement grise. Environ 3,5 % des baleineaux naissent bringés et 94 % des animaux bringés sont des mâles.
Les individus partiellement gris
Enfin, certaines baleines franches australes naissent avec des stries ou des mouchetures blanches sur le dos, souvent en forme de V ou de V partiel dirigé vers l’avant. Cependant, comme chez les animaux bringés, ces marques s’assombrissent avec l’âge pour devenir grises chez les adultes. Les individus présentant ce type de pigmentation sont considérés comme partiellement gris. Ce type de pigmentation résulte de la présence des allèles dominant et récessif du gène. En effet, l’allèle dominant n’est pas complètement dominant par rapport à l’allèle récessif, ce qui entraîne une combinaison des deux types de pigmentation.
Cette pigmentation ne peut apparaître que chez les individus présentant la combinaison génétique Xx. Les baleines partiellement grises sont donc toujours des femelles et environ 10,5 % des femelles adultes au large de l’Afrique du Sud présentent ce type de pigmentation. Environ 1,4 % des baleines grises partielles présentent également des taches blanches sur le dos.
Les callosités de la baleine franche australe
Les callosités de la baleine noire paraissent blanches en raison des grandes colonies de cyamides (poux de baleine) qui s’y nichent. La configuration des callosités est très semblable entre la baleine franche australe et la boréale. Toutefois, la première peut posséder moins de callosités sur la tête, mais davantage sur les lèvres inférieures que les espèces nordiques.
Les fonctions biologiques des callosités ne sont pas établies, bien que la protection contre les prédateurs ait été avancée comme le rôle principal.
Ces callosités constituent des repères importants pour identifier les différents individus.
Le mode de vie de la baleine franche australe
Comme les autres baleines franches, la baleine franche australe est plutôt active à la surface de l’eau et curieuse à l’égard des navires humains. Elle a même plus tendance que les autres à interagir avec les plongeurs. Par ailleurs, elle entretient de bons rapports avec les autres cétacés, notamment avec les baleines à bosse et les dauphins.
Les baleines franches sont souvent vues en petits groupes de deux ou trois individus. Elles peuvent former des groupes plus importants, allant jusqu’à une douzaine d’individus, notamment sur les zones d’alimentation.
Le tail sailing
La baleine franche australe adopte souvent un comportement assez original appelé « tail sailing », ce qui se traduit par l’idée de se servir de sa queue comme pour naviguer à la voile. Dans ce cas, elle reste figée, la nageoire caudale hors de l’eau, durant plusieurs dizaines de secondes. Ce comportement semble être une forme de jeu et est le plus souvent observé au large des côtes de l’Argentine et de l’Afrique du Sud.
Les comportements visibles à la surface
Le whale watching de la baleine franche australe est devenu populaire, car l’animal adopte toute une série de comportements visibles depuis la surface :
- la brèche lorsqu’elle bondit hors de l’eau ;
- le tail sailing décrit plus haut ;
- le lob tailing lorsque qu’elle frappe sa queue à la surface ;
- le spyhopping lorsqu’elle sort la tête de l’eau en la maintenant le temps d’observer son environnement ;
- le flippering lorsqu’elle frappe la surface de l’eau avec ses nageoires pectorales ;
- le body rolls lorsqu’elle tourne sur elle-même à la surface.
La reproduction de la baleine franche australe
Les femelles donnent naissance à leur premier baleineau lorsqu’elles ont entre huit et dix ans. Un seul baleineau naît après une période de gestation d’un an, pesant entre 1 000 et 1 500 kilos et mesurant de 4 à 6 mètres de long. Le baleineau reste généralement avec sa mère pendant la première année de sa vie, au cours de laquelle il doublera en longueur.
Cette espèce a été reconnue pour allaiter des orphelins non apparentés à l’occasion. À plusieurs reprises, des mères ont été observées en train d’allaiter leur propre bébé baleine, mais aussi d’autres baleineaux. Il peut s’agir d’un système de nourrice, comme c’est le cas pour les cachalots.
Par ailleurs, une baleine franche australe a été observée accompagnée d’un baleineau solitaire de baleine à bosse, probablement égaré.
Plusieurs mâles pour une seule femelle
Lors de la saison de reproduction, la femelle est entourée de plusieurs mâles. Elle se retourne sur le dos pour maintenir ses organes génitaux hors de l’eau et hors de portée des mâles jusqu’à ce qu’elle soit prête. Les mâles, sans se battre ouvertement, se poussent et se bousculent pour avoir accès à la femelle. Lorsqu’elle est prête, la femelle donne accès à plusieurs mâles. Ceux-ci produisent un grand nombre de spermatozoïdes, capables, semble-t-il, éliminer ceux des mâles précédents.
Brian Skerry raconte sa rencontre avec les baleines franches australes en Antarctique pour le National Geographic
La fidélité aux aires de mise bas de faible profondeur
La baleine franche australe fait preuve d’une grande fidélité maternelle à son aire de mise bas. Les femelles mettent bas tous les 3 ans en moyenne et retournent systématiquement au même endroit. La mise bas a lieu entre juin et novembre dans les aires dédiées, situées entre 20 et 30° S.
La baleine franche australe montre une préférence pour les aires de mise bas le long des côtes où la mer est agitée. Le bruit des vagues pourrait masquer les sons trahissant la présence des baleines. Les baleineaux seraient ainsi protégés des prédateurs, notamment des orques.
Les eaux profondes qui bordent les aires de mise bas moins profondes servent de terrain d’entraînement pour les baleineaux, afin qu’ils acquièrent de l’endurance avant la migration.
Le menu de la baleine franche australe
Comme les baleines franches des autres océans, le menu de la baleine franche australe est principalement composé de zooplancton, en particulier de krill. Elle se nourrit juste sous la surface de l’eau, en gardant la bouche partiellement ouverte et en écumant continuellement l’eau pendant qu’elle nage. La baleine filtre ainsi l’eau à travers ses 220 à 260 fanons capturer ses proies.
Les prédateurs de la baleine franche australe
Les orques peuvent occasionnellement tuer des baleines franches australes, notamment des baleineaux. Les grands requins — dont le requin blanc — représentent d’autres prédateurs potentiels.
La prédation est susceptible d’affecter les baleineaux plus que les adultes. Il est probable que les baleines choisissent des habitats côtiers peu profonds pour la mise bas, afin d’échapper à ces prédateurs.
Les attaques de goélands
Bien que cela paraisse étonnant, le goéland dominicain (Larus dominicanus) représente un danger mortel pour la baleine franche australe. Les scientifiques s’alarment en effet d’une cause possiblement importante du taux de mortalité des baleineaux : depuis au moins 1996, on observe au large de la Patagonie des goélands dominicains qui attaquent et se nourrissent de baleines franches vivantes. Le goéland utilise son bec puissant pour picorer la peau et le lard sur plusieurs centimètres, laissant souvent les baleines avec de grandes plaies ouvertes, dont certaines ont été observées avec un diamètre de 50 centimètres.
Ce comportement prédateur, qui vise principalement les couples mère-baleineau, a été largement documenté dans les eaux argentines. Les observateurs notent que les baleines consacrent jusqu’à un tiers de leur temps et de leur énergie à des manœuvres d’évitement, ce qui fait que les mères passent moins de temps à allaiter et que les baleineaux sont plus minces et plus faibles.
Les chercheurs supposent qu’il y a de nombreuses années, les déchets des usines de transformation du poisson ont permis aux populations de goélands de monter en flèche. La surpopulation qui en a résulté, combinée à la réduction des déchets, a poussé les goélands à rechercher cette autre source de nourriture. Les scientifiques craignent que le comportement appris des goélands ne prolifère, et le Comité scientifique de la CBI a exhorté le Brésil à envisager de prendre des mesures immédiates si un comportement similaire des goélands est observé dans ses eaux. Ces mesures pourraient inclure l’élimination des goélands, à l’instar de l’Argentine qui a tenté d’inverser la tendance.
La menace humaine
Aujourd’hui, la chasse qui a fait tant de mal à l’espèce est interdite. Toutefois, l’humain reste une menace, car de nombreuses collisions sont recensées, ainsi que des enchevêtrements dans les engins de pêche commerciale. Le cas échéant, les filins et filets coupent la peau d’une baleine, provoquant une infection potentiellement mortelle. Les mouvements de la baleine peuvent aussi être empêchés par l’enchevêtrement, ce qui conduit à sa noyade.
Par ailleurs, le bruit sous-marin provenant d’activités humaines comme le forage et la pêche peut interférer avec la communication des baleines et les éloigner de leurs habitats habituels et de leurs zones de reproduction.
Conservation
La baleine franche australe, inscrite depuis 2017 sur la liste des espèces Least Concern par l’UICN, c’est-à-dire « préoccupation mineure ». Elle est protégée par tous les pays ayant des populations reproductrices connues : Argentine, Australie, Brésil, Chili, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Uruguay.
Au Brésil, une zone fédérale de protection de l’environnement englobant quelque 1 560 km² et 130 kilomètres de côtes dans l’État de Santa Catarina a été créée en 2000 pour protéger les principaux sites de reproduction de l’espèce au Brésil et promouvoir l’observation réglementée des baleines.
La baleine franche australe est inscrite à l’Annexe I de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS pour Convention on Migratory Species), car cette espèce a été catégorisée comme étant en danger d’extinction dans la totalité ou dans une proportion importante de son aire de répartition.
La baleine franche australe est également couverte par le Mémorandum d’accord pour la conservation des cétacés et de leurs habitats dans la région des îles du Pacifique. En Australie, la baleine franche australe est inscrite sur la liste des espèces à protéger selon diverses législations étatiques et fédérales.
Population et répartition de la baleine franche australe
La population mondiale de baleines franches australes a été estimée à 13 600 en 2009. Les chercheurs ont utilisé des données sur les populations de femelles adultes provenant de trois études (une en Argentine, en Afrique du Sud et en Australie, collectées au cours des années 1990) et ont extrapolé pour inclure les zones non étudiées, ainsi que pour évaluer le nombre de mâles et de baleineaux en utilisant les ratios mâle/femelle et adulte/baleineau.
Le rétablissement de la taille globale de la population de l’espèce est prévu à moins de 50 % de son état d’avant la chasse à la baleine d’ici 2100 en raison des répercussions particulièrement lourdes de la chasse à la baleine et du taux de rétablissement lent. Les baleines franches furent en effet des proies faciles pour les baleiniers, car elles nagent lentement, à une vitesse de croisière de 5 km/h, souvent à proximité de la surface et ne se méfient pas des bateaux.
Depuis que la chasse a cessé, on estime que la population a augmenté de 7 % par an.
La migration de la baleine franche australe
La baleine franche australe passe l’été dans l’extrême sud de l’océan pour se nourrir, probablement près de l’Antarctique. Si l’occasion se présente, elle peut se nourrir même dans des eaux tempérées comme le long de Buenos Aires.
Elle migre vers le nord en hiver pour se reproduire et peut être observée sur les côtes de l’Argentine, de l’Australie, du Brésil, du Chili, de la Namibie, du Mozambique, du Pérou, de Tristan de Cunha, de l’Uruguay, de Madagascar, de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud. Certaines baleines hivernent dans les régions subantarctiques.
Il semble que les groupes d’Amérique du Sud, d’Afrique du Sud et d’Australasie se mélangent très peu, voire pas du tout, car la fidélité maternelle aux habitats d’alimentation et de mise bas est très forte. La mère transmet également ces choix à ses baleineaux.
Les baleines franches ne traversent normalement pas les eaux chaudes équatoriales pour rejoindre les autres espèces et se reproduire : leurs épaisses couches de graisse isolante leur permettent difficilement de dissiper la chaleur interne de leur corps dans les eaux tropicales.
Afrique
Afrique du Sud
Hermanus, en Afrique du Sud, est devenu un centre d’observation des baleines. Pendant les mois d’hiver de l’hémisphère sud — de juin à octobre — les baleines franches australes migrent vers les eaux côtières de l’Afrique du Sud.
Plus de 100 baleines visitent la région d’Hermanus. Pendant leur séjour dans la région, elles peuvent être observées avec leurs petits lorsqu’elles viennent à Walker Bay pour mettre bas et s’accoupler.
À False Bay, les baleines peuvent être observées depuis le rivage de juillet à octobre, tandis que Plettenberg Bay et Algoa Bay accueillent également les baleines franches australes de juillet à décembre. Elles peuvent être observées depuis la terre ferme ou en bateau.
L’augmentation récente du nombre de baleines visitant la partie nord-est de l’Afrique du Sud, la Dolphin Coast, comme autour de Ballito et au large de Umdloti Beach, indique que les aires de répartition normales des baleines s’étendent et que la recolonisation des habitats historiques se poursuivra probablement à mesure que davantage de baleines migreront plus au nord.
Afrique de l’Ouest
En Namibie, la majorité des baleines se trouve au sud de Luderitz, sur la côte sud-ouest. Seule une poignée d’animaux s’aventurent plus au nord, vers des sites de reproduction historiques tels que Walvis Bay, mais leur nombre augmente lentement.
Des activités de mise bas ont été confirmées pour la première fois dans les années 1980 le long des côtes namibiennes.
Afrique de l’Est
Les baleines franches australes ont été observées en très petit nombre au large du Mozambique et de Madagascar. Ces dernières années, davantage de baleines semblent migrer plus au nord pour mettre bas vers l’île Sainte-Marie, dans la baie d’Antongil, à Fort Dauphin, à Toliara, à Anakao, Andavadoaka, et dans la baie d’Antsiranana, à l’extrémité nord de Madagascar.
Des observations peu fréquentes ont été confirmées au large de l’île de Mayotte, ainsi qu’autour de Zanzibar.
Plongée avec les baleines franches australes en Patagonie
Amérique du Sud
Brésil
Au Brésil, plus de 300 individus ont été catalogués par identification photographique (à l’aide des callosités de la tête)
L’État de Santa Catarina accueille une concentration de baleines franches qui se reproduisent et mettent bas de juin à novembre, au large de la Patagonie argentine et de l’Uruguay.
Plus au nord, quelques baleines migrent chaque année pour hiverner ou mettre bas à Bahia, en particulier dans l’archipel d’Abrolhos.
Argentine
Ces dernières années, les observations se sont multipliées à Golfo San Jorge, en Terre de Feu, à Puerto Deseado, à Mar del Plata, à Miramar, à Buenos Aires et à Bahía Blanca.
Uruguay
En Uruguay, les zones côtières telles que Punta del Este accueillent des sites de rassemblement de baleines pendant les saisons de reproduction, mais il est peu probable qu’il s’agisse de zones de mise bas.
Chili et Pérou
La population du Chili et du Pérou ne compte pas plus de 50 individus. Elle est menacée par l’augmentation des voies de navigation et l’industrie de la pêche.
Océanie
Le retour des baleines franches australes dans la Derwent River et dans d’autres parties de l’Australie au cours des dernières décennies est un signe qu’elles se remettent lentement de l’exploitation dont elles ont fait l’objet jusqu’à leur quasi-extinction.
Australie
Les baleines franches australes des eaux australiennes affichent un taux de rétablissement plus élevé, puisqu’elles sont passées de 2 100 baleines en 2008 à 3 500 en 2010. Deux groupes génétiquement distincts vivent dans les eaux australiennes : la population du sud-ouest, qui compte 2 900 baleines et qui, en 2012, détenait la majorité de la population australienne, et le groupe du sud-est, en danger critique d’extinction, qui ne compte que de quelques dizaines à 300 individus.
Australie méridionale
Les baleines franches peuvent être observées dans de nombreuses régions du sud de l’Australie, la plus grande population se trouvant à Head of the Bight en Australie-Méridionale, une zone peu peuplée au sud du milieu de la plaine de Nullarbor.
Plus de 100 individus y sont observés chaque année de juin à octobre, depuis des promenades et des belvédères au sommet des falaises, les baleines nageant presque directement en dessous. Un endroit plus accessible en Australie-Méridionale pour observer les baleines est Encounter Bay, où les baleines peuvent être vues juste au large des plages de la péninsule Fleurieu, autour de la ville de Middleton, où l’on pratique le surf.
Les baleines ont établi une nouvelle nurserie près de la péninsule Eyre, en particulier à Fowlers Bay. Les effectifs sont beaucoup plus faibles à ces endroits que dans le Bight, avec une moyenne de deux baleines par jour, mais depuis 2009, on observe régulièrement plus de dix baleines à la fois au large de la plage de Basham, près de Middleton.
Victoria et Tasmanie
Le nombre de baleines est plus restreint dans le Victoria. Cependant, comme les baleines semblent augmenter en nombre de manière générale à Warrnambool, il est possible qu’elles étendent leurs habitats d’hivernage à d’autres régions du Victoria. Ces zones comprennent les environs de Melbourne, tels que Port Phillip Bay, le long de Waratah Bay, à Ocean Grove, Warrnambool, sur la péninsule de Mornington, à Apollo Bay, et sur les côtes de Gippsland et à Wilsons Promontory.
Autres États et territoires
En Australie occidentale, Nouvelle-Galles du Sud et Queensland, la population reprend des forces, avec des observations à Port Jackson, Port Stephens, Twofold Bay, Jervis Bay, Broulee, Moruya River, Narooma et Byron Bay.
Dans les régions subantarctiques, la population se rétablit dans les îles subantarctiques de Nouvelle-Zélande, tandis que le nombre de baleines reste moins important sur l’île Macquarie.
Nouvelle-Zélande
La population actuelle de baleines franches dans les eaux néo-zélandaises est difficile à établir. La population de cette région a connu un goulot d’étranglement et souffre d’une faible diversité génétique.
À Port Ross, dans les îles Auckland
La population des îles Auckland subantarctiques se rétablit de façon remarquable, mais continue d’avoir l’une des plus faibles diversités génétiques au monde. La majorité des baleines franches se rassemblent sur les îles Auckland et Campbell, où elles forment des rassemblements exceptionnellement denses et limités, comprenant des adultes en période d’accouplement et des femelles en période de mise bas.
Dans les eaux autour de Port Ross, jusqu’à 200 baleines peuvent hiverner en même temps. En hiver, les baleines migrent vers le nord dans les eaux néo-zélandaises et de grandes concentrations visitent occasionnellement les côtes méridionales de l’île du Sud.
Les baies situées le long du détroit de Foveaux, de la région du Fiordland au nord de l’île d’Otago, sont d’importants habitats de reproduction pour les baleines franches, en particulier Preservation, Chalky Inlets, Te Waewae Bay et la péninsule d’Otago.
Les activités de mise bas sont observées tout autour de la Nouvelle-Zélande, mais avec plus de régularité autour des côtes de l’île du Nord, de la côte de Taranaki à l’ouest à Hawke’s Bay, Bay of Plenty à l’est, et dans les zones du golfe d’Hauraki telles que Firth of Thames ou Bay of Islands au nord.
Océan Indien
Historiquement, on sait qu’il existait des populations qui estivaient dans les îles Crozet et les îles Kerguelen, et qui migraient vers La Roche Godon et l’île Saint-Paul, l’île Amsterdam, et le centre de l’océan Indien. Elles pourraient être distinctes de la population de baleines observée sur les côtes du Mozambique. Le repeuplement des baleines dans ces régions de l’océan Indien se fait probablement à un rythme encore plus faible que dans d’autres régions.
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