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Léopard de mer, tout savoir sur Hydrurga leptonyx
Le léopard de mer est facilement reconnaissable grâce à ses taches rappelant le félin. Il est l’un des plus grands prédateurs de l’Antarctique et ne se laisse pas souvent filmer sans montrer sa réprobation. Considéré comme LC (Least Concern, soit Préoccupation Mineure) dans le classement de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), ce grand pinnipède est protégé par le Traité de l’Antarctique et la Convention pour la conservation des phoques de l’Antarctique.
Sommaire
Carte d’identité du léopard de mer/Hydrurga leptonyx
Léopard de mer/Hydrurga leptonyx (Blainville, 1820) | |
Genre | Hydrurga (Gistel, 1848) |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Carnivora |
Sous-ordre | Caniformia |
Famille | Phocidae |
Statut de conservation UICN : LC = Least Concern (Préoccupation Mineure) |
La taxonomie du léopard de mer
Le léopard de mer appartient à la famille des pinnipèdes, du latin pinna signifiant « plume, aile ou nageoire » et pes, pedis pour « pied ». Ceci implique que les extrémités des membres de ce mammifère marin épousent la forme de palmes. Le groupe des pinnipèdes comprend les phoques, les otaries et les morses. Il y a des millions d’années, les ancêtres des pinnipèdes vivaient sur terre. Il s’agissait probablement d’animaux ressemblant à des belettes. À force de passer de plus en plus de temps dans l’océan, ils ont fini par s’adapter à l’environnement marin et à y passer le plus clair de leur temps, bien qu’ils doivent revenir régulièrement à la surface pour respirer.
Le léopard de mer est la seule espèce de phoque appartenant au genre Hydrurga. Son nom latin, Hydrurga leptonyx, se traduit littéralement par « travailleur dans l’eau aux griffes fines ». Le léopard de mer a été décrit pour la première fois par le zoologiste français Henri Marie Ducrotay de Blainville en 1820.
Le léopard de mer appartient au groupe de phoques appelé Phocidae, les phoques sans oreilles. Cela signifie qu’il ne possède pas de pavillons d’oreille externes comme ses cousins les Otariidae (les otaries). Au lieu de cela, l’animal possède un canal auditif interne disposant seulement une petite ouverture externe, matérialisée par un petit trou visible de chaque côté de la tête.
Les plus proches parents du léopard de mer sont les trois autres espèces de phoques vivant dans les eaux de l’Antarctique. Il s’agit du phoque de Ross, du phoque crabier et du phoque de Weddell. Le léopard de mer est le plus grand et le plus rapide de ce groupe.
Où rencontre-t-on le léopard de mer ?
L’aire de répartition du léopard de mer est circumpolaire, c’est-à-dire qu’elle est restreinte à la zone qui entoure de pôle sud. Toutefois, outre le pôle lui-même, son territoire s’étend assez largement jusqu’aux îles subantarctiques et aux eaux plus septentrionales. Il s’aventure généralement plus loin que les autres phoques de l’Antarctique.
Le léopard de mer apprécie les zones où la banquise demeure assez ouverte, se déplaçant vers le nord lorsqu’elle commence à se consolider. Il préfère se reposer sur des morceaux de banquise, plutôt que de regagner la terre ferme. Il apprécie les côtes sur lesquelles s’établissent les colonies de manchots durant la saison de reproduction.
Le léopard de mer peut être vagabond et s’éloigner quelque peu du pôle Sud. Il a déjà été observé en Tasmanie, ainsi que sur l’île Heron, une île subtropicale située dans la partie sud de la Grande Barrière de Corail. Il peut occuper certaines îles subantarctiques toute l’année, notamment l’île Heard. Pendant les mois d’hiver, les jeunes léopards de mer venant du sud visitent souvent l’île Macquarie.
La population mondiale de léopard de mer est estimée à 300 000 individus. Toutefois, ce chiffre doit être considéré avec la plus grande des précautions. Il faut en effet tenir compte de la difficulté d’observation d’une population dont la densité est faible et inversement proportionnelle à l’étendue des zones où vit le pinnipède. Pour ajouter encore à la difficulté du recensement, les conditions météorologiques sont on ne peut moins clémentes, ce qui réduit le nombre et la fréquence des équipes sur le terrain.
À quoi ressemble le léopard de mer ?
Chez le léopard de mer, la femelle s’avère plus imposante que le mâle. Adulte, sa longueur oscille entre 2,9 mètres et 3,6 mètres, avec des records allant jusqu’à 3,8 mètres, pour un poids compris entre 260 kilos et plus de 500 kilos. Le mâle mesure entre 2,8 mètres et 3,3 mètres, pour un poids allant jusqu’à 300 kilos. Il s’agit du troisième plus grand phoque après l’éléphant de mer du Sud et le morse.
L’apparence du léopard de mer est souvent décrite comme reptilienne, en raison de sa silhouette longiligne, mais aussi de ses yeux situés davantage sur le côté que ceux des autres phoques. Sa tête est imposante. Son front et son museau ne sont guère prononcés. Sa bouche est longue et large, avec une amplitude d’ouverture impressionnante.
Au repos sur un morceau de banquise — et sur la terre ferme où il s’aventure plus rarement — le léopard de mer affiche une jolie frimousse qu’on aurait presque envie de caresser. Il apparaît trapu et débonnaire, à la limite de la bienveillance ! Dès qu’il se laisse glisser dans l’eau, son élément naturel, il se mue en prédateur redoutable et se montre particulièrement virulent et intimidant à l’égard de quiconque l’approche. Sa silhouette paraît plus élancée et sa façon agile et souple de se mouvoir évoque les contorsions du reptile qui sinue avec fluidité. Le léopard de mer utilise néanmoins ses grandes nageoires pectorales et postérieures avec vigueur pour se déplacer sous l’eau. Ses nageoires antérieures en particulier apparaissent très longues.
La dentition du léopard de mer !
Les dents du léopard de mer sont très spécifiques. Elles sont semblables à celles d’un carnivore avec de grandes canines incurvées. Toutefois, elles se montrent particulièrement adaptées avec trois grandes cuspides sur les prémolaires et les molaires qui s’entrecroisent pour agir comme une passoire lorsqu’il se nourrit de krill. Leur forme de trident permet à l’animal de se nourrir par filtration en nageant : il retient le krill dans sa bouche et laisse passer de l’eau de mer. Ses longues canines sont principalement utilisées pour saisir et retenir les proies telles que les manchots et les poissons, tandis que les autres dents servent à déchirer et à découper les plus grosses proies.
Ses mâchoires sont rattachées à de très puissants muscles qui confèrent au pinnipède une puissance considérable.
Le sourire du léopard de mer !
Le léopard de mer a la capacité d’ouvrir grand la gueule. Les plongeurs qui osent approcher le léopard de mer ont l’occasion d’admirer jusqu’aux dernières molaires au fond de sa gueule, car il les intimide en ouvrant tout grand la bouche et en effectuant des claquements répétés qui invitent à battre en retraite. Le léopard de mer aime aussi signaler aux bateaux qui l’observent depuis la surface à quel point il réprouve leur présence en leur offrant son « sourire » béant à défaut d’être béat.
Les moustaches du léopard de mer sont très courtes, clairsemées et sensibles. Elles lui permettent de percevoir les mouvements dans l’eau.
La reproduction du léopard de mer
Les naissances sont principalement observées de novembre à décembre, soit la période de l’été en Antarctique, même si les conditions météorologiques demeurent rudes. La mère met généralement bas sur un morceau de banquise, plutôt que sur la terre ferme.
Les vocalises du léopard de mer
Durant la saison de reproduction, les léopards de mer des deux sexes deviennent extrêmement vocaux. Leurs vocalisations consistent en des sons perçus sur de courtes distances, ainsi que des sons à plus longue portée. Les connaissances sur la vie intime du léopard de mer sont encore largement méconnues. Toutefois, les scientifiques émettent l’hypothèse que leurs communications acoustiques jouent un rôle important dans la localisation et la sélection d’un partenaire, dans la perspective d’un accouplement qui se passe sous l’eau.
Les femelles vocalisent lorsqu’elles atteignent un taux élevé d’hormones de reproduction, ce qui les aide à trouver un partenaire. Elles émettent aussi des sons pour attirer l’attention de leurs petits lorsqu’elles reviennent sur la glace après une plongée à la recherche de nourriture.
En dehors de la saison de reproduction, il est possible que certaines vocalises équivaillent à un avertissement adressé à des congénères pour leur intimer l’ordre de ne pas empiéter sur leur territoire, mais les études sont encore très floues à ce sujet.
Écoutez les vocalises du léopard de mer
La gestation du léopard de mer
La femelle est la première à atteindre la maturité sexuelle, entre trois et sept ans. Les mâles apparaissent plus tardifs, avec une maturité sexuelle intervenant entre l’âge de six à sept ans. L’accouplement a généralement lieu entre les mois de novembre et mars.
Après la reproduction, l’implantation de l’œuf fécondé peut être retardée jusqu’à trois mois, afin de garantir une naissance au printemps ou au début de l’été, au moment où le petit bénéficiera des meilleures conditions pour survivre. La période de gestation proprement dite dure environ 240 jours et peut donc atteindre 11 mois, en raison du délai entre l’accouplement et le début du développement du fœtus.
Les femelles ne mettent bas que d’un seul petit par an. Il pèse une trentaine de kilos à la naissance, mais connaît une croissance rapide, grâce au lait maternel exceptionnellement riche. Le bébé naît sur la banquise. Sa mère le met à l’abri dans un trou qu’elle a creusé dans la neige durant la période de gestation. Elle profite de cet abri pour allaiter son petit.
La longévité du léopard de mer est estimée à environ 26 ans.
Les capacités d’apnée du léopard de mer
Le léopard de mer n’est pas un plongeur d’exception, surtout si on le compare aux autres phoques. Il reste généralement proche de la surface, entre 10 et 50 mètres, même s’il peut descendre jusqu’à 300 mètres. La plongée en eaux peu profondes le satisfait, car c’est là qu’il y trouve la grande majorité de ses proies.
Le sang du léopard de mer est riche en myoglobine, une chromoprotéine qui transporte et entrepose l’oxygène dans les muscles. Cette particularité combinée à un rythme cardiaque réduit lui permet de rester sous l’eau pendant une quinzaine de minutes sans avoir à remonter à la surface pour respirer.
Pour se protéger des températures hostiles de l’Antarctique, le léopard de mer possède une épaisse couche de graisse juste sous sa peau. Ce lard l’isole et maintient ainsi son corps au chaud.
La solitude du léopard de mer
Le léopard de mer est un animal solitaire, contrairement aux autres phoques qui évoluent souvent en groupes. Il chasse seul et n’est vu que rarement en compagnie d’un ou de plusieurs de ses congénères. Naturellement, cette solitude est mise entre parenthèses durant la période de reproduction annuelle.
Le régime alimentaire du léopard de mer
Le léopard de mer fréquente le bord de la banquise et en particulier les zones autour des colonies de manchots, sur tout le pourtour de l’Antarctique. Il ne s’intéresse pas qu’aux manchots, loin de là, car il est un prédateur assez opportuniste. Ainsi, son régime apparaît particulièrement éclectique, composé de proies allant du krill aux manchots, en passant les autres phoques juvéniles, en particulier les jeunes phoques crabiers ou jeunes phoques de Weddell, auxquels s’ajoutent les jeunes otaries à fourrure de l’Antarctique. Le léopard de mer adjoint à son menu des poissons, calamars et oiseaux.
La mise à mort de sa proie par le léopard de mer
Le léopard de mer affectionne la chasse en embuscade. Il enregistre des pointes de vitesse à 40 km/h lorsqu’il poursuit une proie. Après avoir repéré, puis attrapé sa victime, la mise à mort s’avère assez spectaculaire. Le pinnipède saisit le manchot, l’otarie ou le phoque par la tête ou par les pattes ou nageoires arrière, puis il le secoue dans tous les sens. Il remonte régulièrement à l’air libre pour pouvoir claquer sa proie à plat contre la surface de l’eau. Ces mouvements violents permettent d’assommer, puis de tuer la proie. Le léopard de mer poursuit ensuite ce traitement pour disloquer les articulations de l’animal, ce qui lui permet de mordre dans une chair quasiment prédécoupée et détachée de la carcasse.
Il n’est pas rare de trouver en surface des lambeaux de peau et des plumes qui indiquent qu’un léopard de mer vient de festoyer à cet endroit.
Quand une proie tient tête au léopard de mer !
L’étonnante vidéo de la BBC, à regarder jusqu’au bout !
L’homme n’appartient pas au régime alimentaire du léopard de mer
Le léopard de mer pourrait facilement tuer un homme, toutefois, une seule attaque mortelle a été jusqu’à aujourd’hui documentée. Le léopard de mer est un prédateur plus grand et plus lourd que beaucoup de prédateurs terrestres, ce qui invite à la prudence. D’autre part, l’eau est devenue son élément naturel, ce qui n’est pas le cas pour l’homme. Hors de l’eau, il est plus pataud, ce qui laisse le temps de fuir si le terrain s’y prête.
Les rencontres sous l’eau sont d’abord assez rares, car peu de plongeurs s’aventurent dans les eaux de l’Antarctique. Il s’agit ensuite de nageurs avertis qui savent conserver une distance de sécurité. Le léopard de mer intimide plus qu’il n’attaque. Les images les plus courantes sont fournies par des cinéastes qui se servent de leur caméra comme bouclier en présence d’un animal montrant de l’agressivité.
Il n’existe aucun témoignage de léopard de mer attaquant un humain, lorsqu’il a été préalablement repéré. la seule attaque mortelle (détaillée plus bas) résulte d’une embuscade. L’animal interagit souvent avec les plongeurs, en faisant preuve d’une grande curiosité et en montrant souvent sa bouche béante et pleine de grandes dents pointues, impressionnantes et inquiétantes !
Le léopard de mer peut également se montrer agressif vis-à-vis d’humains se tenant sur le bord de l’eau. Il se pourrait qu’il pense alors qu’il s’agit de manchots sur le point d’entrer dans la mer et donc des proies potentielles.
Le seul décès humain enregistré causé par un léopard de mer
À ce jour, un seul décès causé par un léopard de mer a été enregistré. Il s’agit du triste cas de Kirsty Brown, une biologiste marine de 28 ans. Elle fut tuée en juillet 2003 sur la base de Rothera du British Antarctic Survey, alors qu’elle faisait de la plongée avec un collègue dans des eaux peu profondes, à une vingtaine de mètres seulement du rivage.
Le léopard de mer est avant tout un chasseur en embuscade et Kirsty Brown a été attaquée par un individu qui n’avait pas été repéré avant l’attaque. Son collègue l’a entendue crier, puis elle a disparu. Alors qu’une équipe côtière mettait à l’eau un bateau de sauvetage, elle a été vue très brièvement en surface, maintenue par le léopard de mer, avant de disparaître à nouveau. Son compagnon de plongée en apnée l’a vue pour la dernière fois à une profondeur d’environ 5 mètres, retenue par le phoque.
Dix minutes plus tard, le phoque a été vu avec Kirsty à environ 1 km de distance, tenant Kirsty par la tête. Alors que le bateau de sauvetage s’approchait, l’un des membres de l’équipage a commencé à frapper la surface de l’eau avec une pelle, puis, lorsqu’il était suffisamment proche, à donner des coups sur le léopard de mer qui l’a finalement libérée avant de s’enfuir.
Le médecin de la base a tenté de réanimer la biologiste, mais après de vains efforts, Kirsty a été déclarée morte par noyade. Son profondimètre a enregistré une profondeur maximale de 70,1 mètres à laquelle le léopard de mer l’avait emmenée.
Le prédateur unique du léopard de mer
Le seul prédateur potentiel du léopard de mer est l’orque qui se trouve tout en haut de la chaîne alimentaire. Toutefois, ces deux espèces sont rarement observées au même moment sur les mêmes zones, ce qui réduit considérablement les interactions et par conséquent les prédations.
Les mesures de protection du léopard de mer
La sauvegarde du léopard de mer est considérée comme une préoccupation mineure par l’UICN, car l’espèce n’est pas répertoriée parmi celles en danger, bien que le comptage des individus soit pour le moins flou. Toutefois, l’espèce est protégée de la chasse.
En Antarctique, le léopard de mer est protégé par la loi du Traité de l’Antarctique et par la Convention pour la conservation des phoques de l’Antarctique.
En Nouvelle-Zélande, l’espèce est également protégée par la loi sur la protection des mammifères marins (MMPA) de 1978, selon laquelle perturber, harceler, blesser ou tuer un phoque constitue un délit. Toute personne reconnue coupable d’une infraction à la loi sur la protection des mammifères marins est passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 250 000 dollars.
Découvrez un autre pinnipède, moins célèbre, néanmoins magnifique : Phoque annelé du lac Saimaa, tout savoir sur Pusa hispida saimensis.
Attendez-vous à une rencontre vraiment pas comme les autres avec le Phoque à capuchon (Cystophora cristata).
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