Pourquoi toujours plus de requins se dirigent vers le Canada en 2024

Alors que le changement climatique perturbe la température des océans, une tendance importante se dessine : de plus en plus de requins se dirigent vers le nord, dans les eaux canadiennes où les observations se multiplient le long des côtes.

Plusieurs types de grands requins concernés par cette migration

Ce déplacement vers le nord concerne notamment les requins blancs, les requins tigres, les requins bleus et les requins à pointe noire. L’augmentation du nombre de requins s’accompagne mécaniquement d’une augmentation de la fréquence des interactions entre l’homme et le requin.

« Un grand nombre de ces requins nagent assez près de la plage, là où se trouvent les gens », avertit Stephen Kajiura, professeur au département des sciences biologiques de l’Université Atlantique de Floride (Florida Atlantic University). « On voit de plus en plus de requins venir de plus en plus loin vers le nord, comme jamais auparavant. »

Autrefois rares dans les eaux glaciales du Nord, les requins deviennent plus fréquents. Davantage d’indices par exemple suggèrent une augmentation des populations de grands requins blancs, en particulier le long de la côte est du Canada.

Plus de requins est la preuve d’un environnement sain

Les observations de requins deviennent si fréquentes que Neil Hammerschlag, directeur exécutif de la Shark Research Foundation et président d’Atlantic Shark Expeditions, a déclaré que la Nouvelle-Écosse pourrait bientôt commencer à installer des panneaux d’avertissement sur les plages. Le fait qu’il y ait plus de requins dans les eaux canadiennes est le signe d’un écosystème sain, car les requins ont besoin d’une grande population de proies pour survivre.

« Nous savons qu’ils ont été victimes de la surpêche, historiquement, et que leur nombre s’est effondré. C’est donc un bon signe que de commencer à les voir plus nombreux », a déclaré Neil Hammerschlag. Stephen Kajiura ajoute « Vous allez commencer à voir de grands requins au large des provinces maritimes canadiennes. C’est une chose dont les Canadiens doivent être conscients : le monde change. Le climat change, les océans changent. En conséquence, nous devons également nous adapter. Nous devons être plus vigilants. ».

Les requins face au changement climatique

Selon l’agence fédérale américaine NOAA Fisheries, les requins migrent plus tôt vers les latitudes septentrionales et étendent leurs déplacements plus au nord en raison du réchauffement des océans.

Les requins tigres concernés par la migration vers le nord

Une étude publiée en 2022 dans Global Change Biology a révélé que la répartition saisonnière des requins tigres s’est étendue dans le nord-ouest de l’océan Atlantique au cours des dernières décennies. Cette expansion vers le nord est due au changement climatique, en particulier au réchauffement général des côtes du nord-est des États-Unis, ont constaté les chercheurs.

Neil Hammerschlag explique que ces prédateurs préfèrent les températures tropicales et subtropicales des océans. Mais il commence à voir les requins tigres étendre leur aire de migration plus au nord, de Long Island (New York) à Cape Cod (Massachusetts).

Il explique : « Il y a eu des cas de requins tigres en Nouvelle-Écosse et dans les eaux canadiennes. Cela pourrait l’être davantage à l’avenir, car les températures continuent d’augmenter ici ».

Magnifique requin tigre !

Et les requins blancs ne sont pas en reste

« À mesure que les eaux du nord deviennent plus hospitalières, de plus en plus de requins, comme les grands blancs, arrivent au Canada. Nous pouvons attribuer ce phénomène au changement climatique. L’eau de l’océan est de plus en plus chaude et les requins peuvent étendre leur aire de répartition de plus en plus loin vers le nord parce que l’eau est suffisamment chaude pour eux » a déclaré Stephen Kajiura. « Nous constatons un changement dans la répartition des requins : il n’y en a peut-être pas autant au sud, comme en Floride, mais il y en a plus au nord. Il y a maintenant des requins au large de Long Island, dans l’État de New York. »

Sans oublier les requins bleus

Les requins bleus se rencontrent également de plus en plus au large de la côte atlantique, en particulier autour de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, car ils préfèrent les eaux tempérées et fraîches.

Les autres facteurs en jeu

La remontée des requins vers le nord n’est pas uniquement due au changement climatique. Une confluence de facteurs, notamment le succès des efforts de conservation et l’augmentation du nombre de personnes qui profitent de l’eau, contribue à l’augmentation des observations et des interactions avec les requins.

Neil Hammerschlag raconte : « Les populations de requins, en particulier dans l’océan Atlantique, ont fait l’objet d’une pêche intensive pour leur viande et leurs ailerons. Cela a entraîné un déclin spectaculaire de leur nombre. Heureusement, des efforts considérables ont été déployés au cours de la dernière décennie pour les protéger et inverser la courbe. Il existe des preuves que certaines populations de requins augmentent grâce à cette protection, ce qui est un excellent signe.

Or, la reconstitution des stocks de poissons dans l’océan a entraîné une augmentation du nombre de phoques et d’autres proies, ce qui s’est traduit par une hausse des populations de requins. Il en résulte un retour de plus en plus fréquent de ces grands prédateurs.

Par ailleurs, le nombre de personnes présentes dans les océans n’a jamais été aussi élevé, ce qui augmente la probabilité de rencontrer des requins. En raison du réchauffement des océans et de l’atmosphère, il fait plus chaud à l’extérieur. Les gens vont donc dans l’océan et y passent plus de temps, ce qui augmente les probabilités de rencontre ».

La migration des requins vers le Canada s’avère plutôt positive. Cela signifie qu’ils ont trouvé la parade au réchauffement des eaux et que les côtes canadiennes offrent un environnement sain tandis que leur population est croissante.