Une nouvelle étude sur le requin du Groenland estime que ce squale multicentenaire devrait sa longévité à un métabolisme particulièrement lent qui l’empêche de vieillir.
Requin nourrice, tout savoir sur Ginglymostoma cirratum
Le requin nourrice de l’Atlantique (Ginglymostoma cirratum) est un squale pacifique, mesurant en moyenne 2,5 mètres de longueur pour une centaine de kilos. Il se repose souvent sur le fond de l’océan pendant la journée et chasse durant la nuit.
Sommaire
La carte d’identité du requin nourrice
Requin nourrice/Ginglymostoma cirratum (Bonnaterre, 1788) | |
Classification | |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Chondrichthyes |
Sous-classe | Elasmobranchii |
Super-ordre | Euselachii |
Ordre | Orectolobiformes |
Famille | Ginglymostomatidae |
Genre | Ginglymostoma |
Espèce | Ginglymostoma cirratum |
Statut de conservation UICN | |
DD : Data Deficient = Données insuffisantes |
L’aire de répartition géographique du requin nourrice
Ginglymostoma cirratum est le requin nourrice de l’Atlantique. Il évolue dans les eaux côtières tropicales et subtropicales, jamais en haute mer. Sa distribution s’étend du Cap-Vert au Gabon et de Rhode Island au sud du Brésil. Quelques individus ont également été signalés dans le golfe de Gascogne, dans le sud-ouest de la France. Cette espèce est localement très commune dans les eaux peu profondes des Antilles, du sud de la Floride et des Florida Keys.
Lorsque l’on évoque le requin nourrice, il s’agit implicitement du requin nourrice de l’Atlantique. La population du Pacifique oriental du requin nourrice a récemment été décrite comme une espèce distincte (Ginglymostoma unami).
Présentation du requin nourrice de l’Atlantique
Le mode de vie du requin nourrice
Capable de rester immobile sur le fond de l’océan
Le requin nourrice nage en général lentement, mais il est capable d’effectuer de courtes pointes de vitesse. Contrairement à de nombreux requins qui doivent constamment nager pour respirer, il a développé un mécanisme de pompage qui lui permet de rester immobile sur le fond de l’océan, tout en faisant circuler un courant d’eau à travers ses branchies afin de respirer.
Partez à la rencontre d’un autre squale appréciant évoluer proche du fond de l’océan : Heterodontus marshallae : découverte en Australie d’un requin pourvu de molaires.
Une préférence pour l’activité nocturne
Le requin nourrice est un squale nocturne qui se repose sur les fonds sableux ou dans les grottes d’eau peu profonde et les crevasses rocheuses pendant la journée. On le rencontre parfois en groupes de 40 individus, parfois couchés les uns contre les autres, voire empilés les uns sur les autres.
Le requin nourrice devient actif durant la nuit, nageant souvent près du fond. Il est capable de ramper sur le plancher océanique, grâce à ses nageoires pectorales musclées qui lui servent de béquilles. Il montre une forte préférence pour des sites de repos spécifiques, retournant à plusieurs reprises dans les mêmes grottes et crevasses après une activité nocturne.
Les grands juvéniles et les adultes se trouvent généralement autour des récifs plus profonds et des zones rocheuses à des profondeurs allant de 3 à 75 mètres pendant la journée. Ils se déplacent vers des eaux moins profondes de moins de 20 mètres après la tombée de la nuit.
Les juvéniles se trouvent généralement autour de récifs coralliens peu profonds, d’herbiers ou d’îles de mangrove dans des eaux de 1 à 4 mètres de profondeur.
Les caractéristiques physiques distinctives du requin nourrice
- La bouche près du bout du museau a des barbillons nasaux de chaque côté.
- Les première et deuxième nageoires dorsales, ainsi que les nageoires pelvienne et anale sont arrondies.
- La deuxième nageoire dorsale est légèrement plus petite que la première.
- Il n’existe pas de lobe inférieur distinct sur la nageoire caudale.
- Les yeux sont très petits
- La première nageoire dorsale naît bien en arrière des nageoires pectorales et au-dessus ou en arrière de l’origine des nageoires pelviennes.
Description du requin nourrice
En plus des nageoires pectorales et de la nageoire caudale, le requin nourrice possède deux nageoires dorsales arrondies sans épines – la première étant plus grande que la seconde – une nageoire pelvienne et une nageoire anale. L’origine de la première nageoire dorsale se trouve au-dessus de l’origine de la nageoire pelvienne. La nageoire caudale représente plus d’un quart de la longueur totale de l’animal.
La bouche se situe bien en avant des yeux. Les spiracles sont minuscules. Il s’agit des trous de forme arrondie, bilatéralement présents dans la peau et le crâne du squale derrière chaque œil. Ces trous ouvrent directement sur la bouche du requin.
Des barbillons de longueur moyenne atteignent la bouche. Ces barbillons sont deux extensions charnues situées près de l’ouverture nasale, censées aider le squale à détecter et localiser ses proies.
Les rainures nasales sont présentes, mais il n’existe pas de rainure périnasale.
La couleur du requin nourrice
La couleur du requin nourrice adulte varie du marron clair au marron foncé. Les jeunes – jusqu’à 55 centimètres de long – possèdent de petites taches noires, avec une zone de pigmentation plus claire entourant chaque tache, couvrant l’ensemble du corps. Des bandes de pigmentation plus claires et plus foncées courent le long de la surface dorsale. Les juvéniles – entre 70 et 120 – centimètres sont capables de changements de couleur, en fonction de leur exposition à la lumière.
Des individus aux pigments exceptionnels — jaune brillant ou blanc laiteux par exemple — sont régulièrement observés.
La dentition
Le requin nourrice possède une dentition indépendante, sans chevauchement entre les dents. Cela permet un mouvement vers l’avant des dents de remplacement, indépendant des dents adjacentes dans la mâchoire. (Les requins possédant des dentitions imbriquées ou chevauchantes ne peuvent remplacer des dents que si les dents adjacentes bloquantes sont également perdues.)
Le taux de remplacement des dents chez les juvéniles s’avère généralement plus rapide que chez les adultes. Par ailleurs, le remplacement des dents apparaît plus rapide en été, lorsque la température de l’eau devient plus élevée.
Taille, âge et croissance
La taille du bébé requin nourrice à la naissance est de l’ordre de 25 à 30 centimètres. Cette taille double au cours de leur première année. Par la suite, leur croissance chute à une moyenne de 13 centimètres par an.
La longueur à maturité du requin nourrice atteint en moyenne 2,2 à 2,4 mètres pour les femelles et environ 2,1 à 2,2 mètres pour les mâles. L’âge de maturité est situé entre 15 et 20 ans pour les femelles et entre 10 et 15 ans pour les mâles. Le poids moyen adulte est estimé à une centaine de kilos.
Des requins nourrices atteignant plus de 3 mètres sont parfois observés.
La longévité du requin nourrice est estimée entre 25 et 35 ans.
Les habitudes alimentaires du requin nourrice
Le requin nourrice est un prédateur nocturne qui se nourrit principalement de poissons, raies, mollusques (pieuvres, calamars et palourdes) et de crustacés. On trouve aussi parfois des algues et des coraux dans son estomac.
Le requin nourrice possède une petite bouche, mais son grand pharynx lui permet d’aspirer efficacement les aliments, car il atteint une puissance de succion impressionnante. Ce système permet probablement à l’espèce de s’attaquer à de petits poissons qui sont trop actifs pour qu’il puisse les attraper durant la journée et qui se reposent la nuit. Les conques à coquille lourde sont retournées et l’escargot est extrait par succion et à l’aide des dents.
De jeunes requins nourrices ont été observés se reposant avec leur museau pointé vers le haut et leur corps reposant sur leurs nageoires pectorales. Certains suggèrent que cette posture peut constituer un faux abri pour leurrer les crabes et les petits poissons que le requin peut alors prendre en embuscade et manger.
La reproduction
Le requin nourrice est une espèce ovovivipare. Cela signifie que le développement embryonnaire a lieu dans un œuf situé dans l’ovaire de la mère. L’embryon utilise son propre sac vitellin qui est absorbé pendant le développement. Il n’existe pas d’alimentation placentaire de la mère.
Le requin nourrice adopte un cycle de reproduction bisannuel. Après l’accouplement, la gestation dure cinq à six mois. Les jeunes naissent à la fin du printemps et au début de l’été avec des portées de 20 à 30 bébés requins nourrices, mesurant entre 25 et 30 centimètres. Il faut environ dix-huit mois pour que les ovaires produisent suffisamment d’œufs matures pour le prochain cycle de reproduction.
Le bébé requin nourrice ne reçoit aucun soin de la part de sa mère. Il devient autonome dès sa naissance.
La fécondation de la femelle requin nourrice
Le comportement reproducteur du requin nourrice a été régulièrement observé et étudié dans les eaux des archipels des Florida Keys et des Dry Tortugas. Son comportement est parmi les mieux documentés chez les requins.
Les mâles s’approchent des femelles qui se reposent sur le fond de la mer ou qui nagent juste au-dessus. Le mâle mord alors une des nageoires pectorales de la femelle en poussant simultanément, essayant de la tourner sur le côté. Dans cette position, il est plus facile pour un mâle d’insérer son crochet, en pliant vigoureusement la partie inférieure de son corps vers le cloaque de la femelle.
Un grand nombre de mâles essaient généralement de s’accoupler avec une seule femelle, ce qui fait que celles-ci portent souvent de nombreuses cicatrices et ecchymoses dues aux morsures des mâles. Les femelles essaient fréquemment d’éviter le contact avec les mâles en nageant dans des eaux très peu profondes, où elles peuvent enfouir leurs nageoires pectorales dans le sable.
Les premières années du requin nourrice dans une nurserie
Comme pour beaucoup d’espèces de requins, les petits du requin nourrice naissent dans une nurserie où ils passent les premières années de leur vie. Il s’agit de lieux protégés, le long des côtes – à l’instar des mangroves – où les petits squales échappent aux prédateurs, y compris les requins plus grands.
L’état de conservation du requin nourrice
L’UICN classe le requin nourrice dans la catégorie des DD pour Data Deficient, soit « données insuffisantes ». A priori, il ne s’agit pas d’une espèce en danger. Cependant, son abondance dans les eaux littorales de la Floride a diminué au cours des dernières décennies. La présence de cette espèce dans des zones où l’activité anthropique est constante la rend sensible aux perturbations.
Les effets des interactions répétées avec les humains dans les eaux côtières ne peuvent être précisément définis, mais les zones de nurserie désormais limitées à des régions éloignées suggèrent une relation de cause à effet. L’identification et la protection de ces zones, couplées à des recherches supplémentaires sur la biologie du requin nourrice, ont pour objectif de mettre en place des mesures de conservation efficaces.
Les prédateurs du requin nourrice
Il n’existe aucune espèce qui s’attaque systématiquement au requin nourrice. Cependant, certains requins plus grands sont connus pour s’en nourrir occasionnellement. Des restes de requins nourrices ont été trouvés dans des estomacs de requins citrons et de requins tigres. D’autre part, des attaques de requins nourrices par des requins bouledogues et des grands requins marteaux ont été observées.
Un requin inoffensif pour l’homme
Le requin nourrice n’est pas agressif et il préfère généralement s’éloigner en présence de plongeurs trop curieux. Les morsures répertoriées sont systématiquement dues à des nageurs indélicats qui ont dérangé, voire harcelé le squale. Le cas échéant, les plaies peuvent être importantes, en raison de la puissance de la pression de sa mâchoire et de sa redoutable dentition. L’autre problème majeur est qu’une fois qu’il a mordu, le requin nourrice ne lâche plus sa proie !
La prédation par l’homme
Historiquement, les requins nourrices étaient ciblés pour l’huile de leur foie et pour leur peau qui donne un cuir de haute qualité. Actuellement, il n’existe pas de pêche commerciale pour cette espèce. Cependant, au niveau régional, les requins nourrices sont encore malheureusement commercialisés pour leurs ailerons, leur viande et leur peau, notamment au Panama, au Brésil, au Venezuela et dans les Caraïbes.
Dans certaines régions, notamment dans aux Antilles, les requins nourrices sont capturés et tués par les pêcheurs, car ils sont considérés comme un animal nuisible qui vole les appâts destinés à d’autres espèces. Ils sont souvent capturés comme prises accessoires dans la pêche commerciale aux États-Unis, mais sont relâchés vivants.
Le requin nourrice a aussi le malheur de s’adapter à la captivité, c’est pourquoi on le trouve encore dans de nombreux aquariums.
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