La vidéo du massage de la baleine à bosse d’Australie

Une nouvelle étude de l’université Griffith a révélé que les baleines à bosse utilisent les zones sablonneuses et peu profondes des baies pour se rouler dans les substrats sableux afin d’éliminer les cellules mortes de leur peau lors de leur voyage de retour vers le sud, dans des eaux plus froides.

Des balises à ventouses pour filmer la baleine à bosse en train de s’exfolier la peau sur les fonds sableux

Le docteur Olaf Meynecke, spécialiste du comportement des cétacés et directeur du programme de recherche sur les baleines a dirigé l’étude Exfoliation des baleines – Comportement de contact avec le fond sableux des baleines à bosse (Exfoliating Whales–Sandy Bottom Contact Behaviour of Humpback Whales) pour la Griffith University du Queensland en Australie, publiée dans la revue Marine Science and Engineering. Cette recherche a bénéficié de l’aide de la Sea World Research and Rescue Foundation et d’un financement du programme de recherche sur les baleines et le climat.

Le biologiste a utilisé des balises à ventouse pour suivre les baleines migrant vers le sud, entre août 2021 et octobre 2022. Ce type de balise présente l’avantage de ne pas être intrusive et de se détacher naturellement des animaux au bout de quelque temps, sans leur laisser aucune blessure ni marque.

Ces balises CATS (Customized Animal Tracking Solution = Solution personnalisée pour le suivi des animaux) sont équipées d’une vidéo haute définition intégrée, d’un émetteur VHF pour la récupération, de magnétomètres, d’un hydrophone et de capteurs de lumière, de pression, de température et de position GPS.

Grâce aux données et aux images recueillies par les balises, les baleines ont été observées en train d’effectuer des roulements complets et latéraux à 50 mètres de profondeur, sur un fond marin tapissé de sable et de fin gravier.

Les baleines à bosse s’arrêtent dans la baie de Gold Coast pour une journée de spa avec gommage complet du corps

Le témoignage du docteur Olaf Meynecke

« Chaque fois que les baleines roulent sur le sable, on les voit avancer lentement sur la vidéo, la tête la première dans le sable, avant de rouler sur le côté ou de faire une roulade complète », a déclaré le docteur Olaf Meynecke.

« Au cours des différents déploiements, le roulement sur le sable a été observé dans le contexte de socialisation. Ce comportement faisait suite à une parade nuptiale, à une compétition ou à d’autres formes de socialisation. 

Nous pensons donc que les baleines s’exfolient en utilisant le sable pour faciliter la mue et l’élimination des ectoparasites tels que les balanes, et qu’elles sélectionnent spécifiquement les zones propices à ce comportement. »

Se rouler dans le sable semble remplir plusieurs fonctions pour les baleines à bosse, à la fois sociales et vitales : c’est un jeu, une manière de se détendre et un moyen de cohésion pour le groupe, mais c’est aussi un comportement essentiel pour la bonne santé des cétacés.

Éviter la prolifération des balanes

Les balanes sont de petits crustacés qui vivent accrochés aux rochers sous-marins, aux mollusques, aux coques des navires et à certains animaux marins, dont les baleines à bosse. Dans les eaux tropicales et subtropicales, ces balanes s’attachent aux baleines dès les premiers stades de leur vie. Or, pour éviter une croissance excessive qui entraîne la dégradation de l’hydrodynamique de l’animal, accompagnée d’une perte d’énergie, les baleines à bosse doivent s’en débarrasser régulièrement.

« Les baleines à bosse hébergent diverses communautés de bactéries cutanées qui peuvent constituer une menace pour les plaies ouvertes si les bactéries se développent en grand nombre », ajoute le docteur Olaf Meynecke. « L’élimination de l’excès de peau est probablement une nécessité pour maintenir une communauté bactérienne cutanée saine. Les baleines à bosse peuvent éliminer une partie des bernacles et de la peau lors de leurs activités de surface, comme les brèches, mais pas toutes. »

Comportement de contact avec le fond documenté par la caméra CATS. Captures d’écran montrant une baleine accompagnatrice sur le dos pendant le roulage sur le sable (a1) et une baleine accompagnatrice déplaçant sa nageoire pectorale sur le substrat à partir de la balise a (a2). Roulage sur le sable effectué par une baleine accompagnatrice pendant le déploiement de la balise (b) et l’individu marqué utilisant sa nageoire pectorale avant de rouler sur le dos à partir de la balise (c).

Il a été observé que la peau des baleines tombait lorsqu’elles se roulent sur les fonds marins. Des poissons tels que des carangues argentées juvéniles se nourrissaient activement de la peau des baleines pendant ce comportement similaire à celui des stations de nettoyage des récifs coralliens. On connaît déjà ce processus des stations de nettoyage pour les dents des requins ou la peau des raies mantas par de petits poissons spécialistes et partenaires.

Les carangues argentées (Pseudocaranx georgianus) observées près de la baleine lorsqu’elles se roulaient dans le sable pour les balises a et c. Les captures d’écran de la vidéo de la balise a montrent le poisson se nourrissant activement de la peau de la baleine et pour la balise c, certains poissons ont été vus en train de nager près de la baleine.

Quant à la propension des mammifères marins à se rouler sur le sable ou le fin gravier, c’est un phénomène déjà observé chez les orques, notamment au Canada. Des vidéos spectaculaires montrent Les fabuleuses vidéos du massage de l’orque sur la plage en Colombie-Britannique.