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Cachalot La Dominique Partie 2

Le projet Cachalot de la Dominique – partie 2

Bienvenue dans la seconde partie de l’article sur le projet Cachalot de la Dominique. Il complète la première partie qui développe l’objectif scientifique de cette étude. Le projet permet également de partager avec le public les histoires de famille de ces grands cétacés et de sensibiliser le public quant à l’importance des océans, tant pour les mammifères marins que les humains.

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Un projet pour un public averti, comme pour le grand public

L’habitat des cachalots dans les profondeurs de l’océan demeure encore en grande partie un mystère. En partageant leur histoire, l’équipe scientifique du Projet Cachalot de la Dominique espère motiver d’autres personnes à veiller à ce que les baleineaux d’aujourd’hui puissent élever leurs petits dans un océan sain. Ces familles de cachalots sont les ambassadrices d’une nation des profondeurs de l’océan dont l’évolution s’avère bien antérieure à l’apparition de l’homme sur la planète. Elles nous renseignent sur leur mode de vie dans une partie de notre planète qu’il nous est difficile d’explorer.

Le retentissement mondial du projet Cachalot de la Dominique

L’histoire de ces cachalots est essentielle et il importe que le grand public l’entende. Pas seulement les scientifiques, pas seulement les gestionnaires d’aires marines protégées, pas seulement les défenseurs passionnés des océans, mais nous tous sur terre. Nous ne pouvons être qu’émerveillés par la sophistication des cachalots et la richesse de leur existence.

C’est la raison pour laquelle les recherches du projet Cachalot pour la Dominique ont été à ce jour présentées dans le New York Times, Science Magazine, MacLean’s Magazine, Motherboard, WIRED et The Nature of Things de la CBC, parmi tant d’autres publications. Elles ont aussi fait l’objet de deux miniséries de la BBC et d’autres séries importantes, un peu partout dans le monde. La liste n’est bien sûr pas exhaustive, cette étude se poursuivant, de nouvelles publications et productions audiovisuelles voient le jour régulièrement.

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Les partenaires du projet

Au cours des dix dernières années, l’équipe a travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales ainsi qu’avec des ONG locales et internationales afin de faire progresser la conservation. Ce programme fournit également des données sur les populations de cachalots à la Commission baleinière internationale et a contribué à des études collaboratives multi-institutionnelles sur les cachalots à l’échelle océanique et mondiale. Plus localement, il assure le suivi et l’évaluation des populations de baleines et de dauphins pour les gouvernements nationaux et formule des recommandations en matière de gestion et de conservation à l’échelle régionale.

Le programme a permis de former les opérateurs locaux d’observation des cachalots et leur personnel, ainsi que de fournir des supports pédagogiques. De nombreux membres d’équipage ont travaillé à bord des bateaux consacrés à cette étude. Le développement d’un programme sur les cachalots à l’école est à l’étude, ainsi que la mise en place d’une coopération plus étroite avec les entreprises de pêche locales.

L’objectif à long terme est de travailler avec le gouvernement pour créer une aire marine protégée à l’échelle de la ZEE, similaire à celle des îles françaises voisines. Une ZEE est une Zone Économique Exclusive. Il s’agit d’une bande de mer ou d’océan située entre les eaux territoriales et les eaux internationales, sur laquelle un État riverain (parfois plusieurs États dans le cas d’accords de gestion partagée) dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources.

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Les cachalots de la Dominique

Le cachalot (Physeter macrocephalus) est un animal des extrêmes au sens propre du terme.

  • C’est la plus grande des baleines à dents.
  • Il est l’un des plus longs cétacés.
  • Il possède le plus gros cerveau de tous les animaux de la planète, marins et terrestres réunis.
  • Il est pourvu du plus long intestin du monde.
  • Il fait partie des animaux plongeant le plus profondément.

Le cachalot peuple tous les océans, la plupart des mers côtières et des golfes de la planète, ce qui fait de lui une espèce écologiquement importante dans l’océan. Il adopte par ailleurs une structure sociale complexe et un système de communication diversifié qui font l’objet de la plupart des recherches à la Dominique et un peu partout dans le monde.

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Les familles de cachalots de la Dominique

Les cachalots nouent des relations à vie. Ils veillent les uns sur les autres et l’éducation revêt une importance primordiale dans la transmission : ils adoptent des traditions familiales transmises par les mères et grands-mères qui leur enseignent un dialecte commun. Les familles ont des modes de vie différents qui ressemblent à nos diverses cultures. Ils mènent une vie riche, complexe et intéressante, que beaucoup d’entre nous seraient surpris de découvrir.

Les femelles sédentaires

Les cachalots vivant au large de la Dominique sont principalement des groupes de femelles et de baleineaux vivant ensemble dans des « units » (unités). Dans les Caraïbes, ces unités sont restreintes à 7 animaux en moyenne. Elles sont matrilinéaires, ce qui signifie qu’il s’agit d’une lignée féminine de grands-mères, de mères et de leurs baleineaux ; c’est pourquoi les unités sont communément appelées des familles.

Les jeunes mâles quittent leur famille à partir du début de l’adolescence (plus tard pour certains) pour errer en pleine mer, la plupart du temps seuls. Ils peuvent ne jamais revoir leur famille. Des unités de femelles et leurs petits se déplacent régulièrement au travers des aires de répartition couvrant plusieurs îles des Antilles. Cependant, elles semblent rester dans les Caraïbes, car ces familles n’ont jamais été identifiées dans les eaux voisines du golfe du Mexique ou de la mer des Sargasses, où des recherches actives sont également menées sur les cachalots.

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Les familles de cachalots identifiées dans le cadre du projet de la Dominique

Le projet a identifié plus de 20 familles de cachalots différentes qui fréquentent les eaux au large de la Dominique. 10 d’entre elles sont observées très régulièrement. D’après les photos, il est avéré qu’elles fréquentent ces eaux depuis au moins 1984. En réalité, il est plus que probable qu’elles se soient installées dans la région depuis bien plus longtemps, surtout si l’on se réfère à leur cycle de vie.

Les cachalots peuvent vivre plus de 70 ans, ce qui leur offre l’opportunité de rencontrer un grand nombre de congénères au cours de leur vie. Il a déjà été prouvé que les familles montrent des préférences les unes envers les autres. Ces préférences sociales perdurent à travers les décennies, ce qui suggère que les individus peuvent se souvenir les uns des autres, même après de longues séparations.

La communication sonore des cachalots

La reconnaissance sociale s’appuie certainement sur des dialectes distincts d’appels sociaux semblables au code Morse, appelés « codas ». Chaque coda correspond à un nombre de clics et aux variations des intervalles entre ces clics. Il caractérise chaque clan de cachalots. Chaque famille possède un répertoire de codas légèrement différent, mais partage également des types de codas avec les autres unités des Caraïbes.

Les répertoires partagés délimitent des clans vocaux socialement séparés. Les familles qui partagent le même dialecte s’associent et passent du temps ensemble, tandis que les unités qui ont des répertoires différents ne se réunissent jamais.

Dans les Caraïbes, le type de coda est « 1 +1 +3 », ce qui correspond à « Click-pause-Click-pause-Click-Click-Click ». Il est unique et propre à la région ; il est produit de la même manière depuis au moins les trente dernières années. C’est comme un marqueur de la nationalité caribéenne.

Nager avec les cachalots de la Dominique

Magnifiques images sous-marines des cachalots de la Dominique !

L’avenir des cachalots

Promouvoir la conservation au niveau local offre la garantie que les mammifères marins nés aujourd’hui puissent élever la génération suivante dans un océan sain. Sur le plan de l’évolution, les cachalots comptent parmi les plus anciennes baleines à dents.

 Les familles étudiées dans le cadre du projet de la Dominique se connaissent depuis très longtemps, simplement, parce qu’elles vivent dans le même « quartier ». Elles se côtoient depuis des décennies, voire des siècles. Leur nation océanique a vécu parallèlement à la nôtre, le plus souvent sans que l’on s’en aperçoive, pendant des générations.

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Le statut de la population de cachalots

La structure de la population de cachalots à l’échelle océanique est largement inconnue. Des études génétiques, photographiques et moléculaires suggèrent que les femelles restent en grande partie dans leurs eaux natales, tandis que les mâles se déplacent dans les océans et peut-être dans le monde entier. Il semble y avoir des différences dans le comportement social, vocal et de plongée entre les régions de l’Atlantique Nord. Compte tenu des récentes résolutions des Nations Unies, cela suggère que la gestion de la conservation en faveur de cette espèce devrait être faite à l’échelle régionale plutôt qu’à travers de vastes études océaniques arbitraires, comme c’est le cas à l’heure actuelle.

La communauté des cachalots de la Dominique

La communauté qui fréquente les eaux des Caraïbes orientales a été estimée à moins de 300 cachalots. Au niveau mondial, on estime qu’il y a environ 360 000 cachalots, alors qu’il y en avait environ 1,1 million avant la chasse à la baleine mécanisée ancienne et moderne, qui n’a cessé qu’à la fin des années 1980.

Les problèmes relatifs à la conservation

Bien que la chasse au cachalot ait cessé, l’homme reste la source des principales menaces qui pèsent sur les cachalots. Des produits chimiques et des métaux lourds sont retrouvés dans les tissus d’animaux du monde entier, y compris dans des régions aussi éloignées que l’Antarctique.

Les animaux s’empêtrent trop souvent dans des engins de pêche tels que les palangres, les filets maillants et les DCP (Dispositif de Concentration de Poisson). Le DCP est un système flottant, naturel ou construit par l’homme, qui concentre en certains points des océans la faune pélagique superficielle. Il permet d’améliorer la pêche en créant un écosystème temporaire artificiel.

Les collisions avec les navires constituent une autre source de préoccupation pour les cachalots, en particulier dans les régions insulaires comme les Caraïbes, où tout est importé et où des ferries rapides circulent entre les îles. Plus généralement, le bruit des océans est de plus en plus considéré comme une menace majeure pour les cétacés du monde entier.

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Les cachalots répertoriés ou protégés dans un certain nombre de cadres juridiques

La liste rouge des espèces menacées de l’UICN classe le cachalot dans la catégorie « vulnérable ». La loi américaine sur les espèces menacées d’extinction (Endangered Species Act) les classe dans la catégorie « en danger ».

    Inscrits aux annexes I et II de la Convention sur la conservation des espèces migratoires appartenant à la faune sauvage, les cachalots ont été répertoriés comme étant en danger d’extinction dans la totalité ou une partie importante de leur aire de répartition.

    Les cachalots sont couverts par les protocoles SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife) dans les Caraïbes. Toutefois, en 2023, il n’existe toujours aucune protection légale pour les cachalots de La Dominique.

Les données collectées pour le projet Cachalot de La Dominique montrent une évolution défavorable de la population, avec une diminution de 3 % par an.

Laius (à droite) et Oedipus (à gauche) de la famille de Jocasta.
Laius (à droite) et Oedipus (à gauche) de la famille de Jocasta.

Le réseau de partage Flukebook du cachalot de la Dominique

L’équipe du Projet Cachalot de la Dominique a mis en ligne un site nommé Flukebook (en anglais, « fluke » est la nageoire caudale des cétacés, « book » le livre) permettant aux observateurs, aux scientifiques et à tous ceux qui sont passionnés par les cachalots de suivre les cétacés qu’ils ont rencontrés et de partager leurs rencontres, leurs photos, leurs histoires et leurs vidéos.

Flukebook dispose également d’une gestion puissante des données, d’algorithmes pionniers de comparaison de photos et d’outils d’analyse pour les chercheurs et les groupes de conservation afin de construire un cadre pour les études sur les échelles géographiques gigantesques que les baleines fréquentent tous les jours.

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Flukebook est une ressource en ligne gratuite, créée pour renforcer la conservation mondiale des cétacés. Vous pouvez télécharger ici le Fluke Book de 2019, mis à disposition gratuitement par le Projet Cachalot de la Dominique.
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Ce flukebook local présente les familles de cachalots les plus communes, quelques informations de fond sur elles et sur le projet, ainsi que des photos en couleur de nageoires récentes pour chaque individu. C’est un outil très utile si vous prévoyez d’aller voir les cachalots de la Dominique !

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