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Phoque à capuchon, tout savoir sur Cystophora cristata
Le phoque à capuchon (Cystophora cristata) est un grand phocidé que l’on trouve uniquement dans le centre et l’ouest de l’Atlantique Nord, depuis le Svalbard à l’est, jusqu’au golfe du Saint-Laurent à l’ouest. Ces pinnipèdes affichent une robe typiquement gris argenté ou blanche, avec des taches noires de taille variable couvrant la majeure partie du corps. Le bébé phoque à capuchon est surnommé « dos bleu » en raison de sa couleur fascinante. À partir de l’âge de 14 mois, ce pelage disparaît au profit de sa robe définitive. Le phoque à capuchon appartient à la seule espèce du genre Cystophora.
Sommaire
La carte d’identité du phoque à capuchon
Phoque à capuchon / Cystophora cristata | |
Classification | |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Carnivora |
Famille | Phocidae |
Genre | |
Cystophora – Nilsson, 1820 | |
Espèce | |
Cystophora cristata – Erxleben, 1777 | |
Statut de conservation UICN | |
VU = Vulnérable |
La parade amoureuse d’un jeune phoque à capuchon
La drôle d’origine du nom du phoque à capuchon !
Le nom générique Cystophora signifie « porteur de vessie » en grec : cysto- = vessie, poche susceptible de se gonfler comme une vessie ; et -phor = porter. Il fait référence à l’ornement sexuel original de l’espèce : un septum — la cloison séparant deux parties d’un organe, en l’occurrence ses narines — qui apparaît comme une vessie gonflable chez le mâle adulte. Cette poche est suspendue entre les yeux et descend sur la lèvre supérieure lorsqu’elle est dégonflée.
En outre, le phoque à capuchon peut gonfler un gros sac en forme de ballon, d’une couleur allant du rose au rouge vif, à partir de l’une de ses narines. Pour ce faire, il ferme la valve d’une narine et gonfle la membrane qui sort alors par l’autre narine.
Les dimensions du phoque à capuchon
Le dimorphisme sexuel est évident dès la naissance. Le mâle adulte phoque à capuchon mesure en moyenne 2,6 mètres de long et peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres. Il pèse entre 300 et 410 kilos. Les femelles sont beaucoup plus petites : 2 mètres de long pour un poids de 145 à 300 kilos. La couleur du pelage est argentée, parsemée de marques sombres et irrégulières. La tête est plus foncée que le reste du corps et ne présente aucune marque.
Répartition et habitat du phoque à capuchon
La population du phoque à capuchon est estimée à 600 000 pinnipèdes. Il vit principalement sur la banquise dérivante et dans les eaux profondes de l’océan Arctique et de l’Atlantique Nord. Bien que certains d’entre eux dérivent vers des régions plus chaudes au cours de l’année, c’est dans les climats plus froids que leur taux de survie s’avère le plus élevé.
Le phoque à capuchon peuple quatre zones distinctes de banquise :
- près de l’île Jan Mayen, au nord-est de l’Islande ;
- au large du Labrador et du nord-est de Terre-Neuve ;
- dans le golfe du Saint-Laurent ;
- dans le détroit de Davis, au large du centre ouest du Groenland.
Les mâles semblent se localiser autour de zones de fonds marins accidentées, comme la baie de Baffin, le détroit de Davis et le Bonnet flamand, tandis que les femelles se concentrent principalement sur les zones de plateau, comme le plateau du Labrador.
Le phoque à capuchon est réputé pour être une espèce très migratrice qui parcourt souvent de longues distances, aussi loin à l’ouest que l’Alaska et aussi loin au sud que les îles Canaries et la Guadeloupe. Avant le milieu des années 1990, les observations de phoques à capuchon dans le Maine et dans l’Atlantique Est étaient rares, mais elles ont commencé à augmenter au milieu des années 1990.
De janvier 1997 à décembre 1999, 84 observations de phoques à capuchon ont été enregistrées dans le golfe du Maine, ainsi qu’une en France et une au Portugal.
Régime alimentaire
Le régime alimentaire du phoque à capuchon est riche en lipides et en acides gras. Il se compose principalement de divers amphipodes (des petits crustacés), d’euphausiacés (autres crustacés comme le krill) et de poissons, notamment l’argentina de l’Atlantique, le capelan, le flétan du Groenland, la morue, le hareng, le sébaste, ainsi que de calmars, d’étoiles de mer et de moules.
Par rapport aux autres espèces, les phoques à capuchon consomment trois fois plus de sébaste, tandis que les pourcentages de capelan sont similaires à ceux des espèces étroitement apparentées. Le capelan est considéré comme un choix plus courant pendant la saison hivernale.
Comportement et mode de vie
Les phoques à capuchon ont tendance à se nourrir dans des eaux relativement profondes allant de 100 à 600 mètres de profondeur. Ils plongent durant de 5 à 25 minutes. Cependant, certaines plongées peuvent dépasser 1 016 mètres de profondeur et durer au moins 52 minutes.
Les plongées s’enchaînent de jour comme de nuit. On estime que le phoque à capuchon passe environ 90 % de son temps sous l’eau. Les plongées pendant la journée semblent généralement plus profondes et plus longues. Les plongées hivernales sont également plus profondes et plus longues que les plongées estivales.
Le phoque à capuchon est un animal solitaire, sauf pendant les périodes de reproduction et de mue pendant lesquelles il a tendance à jeûner. Les mammifères marins se rassemblent chaque année près du détroit du Danemark vers le mois de juillet, au moment de la mue, pour s’accoupler. En dehors de ces périodes, ils migrent fréquemment et restent seuls.
Le phoque à capuchon apparaît donc comme une espèce relativement peu sociale par rapport aux autres phoques. Il se montre volontiers agressif et territorial. Le mâle manifeste son agressivité en gonflant son capuchon.
La cavité nasale distinctive du phoque à capuchon
Le phoque à capuchon est connu pour sa cavité nasale élastique unique située au sommet de sa tête qui lui vaut son nom. Seul le mâle possède ce sac nasal qu’il commence à développer vers l’âge de quatre ans.
Le capuchon commence à se gonfler lorsque le phoque prend sa première respiration avant d’aller sous l’eau. Il commence ensuite à se dégonfler et à se gonfler de manière répétitive pendant que le phoque nage. Ce phénomène a pour but d’émettre des signaux acoustiques, notamment lorsque le phoque se sent menacé et tente d’écarter les espèces hostiles, en compétition pour des ressources essentielles comme la nourriture.
Le capuchon sert également à communiquer son état de santé et à affirmer son statut de mâle supérieur, surtout dès lors qu’il s’agit de se disputer les faveurs d’une femelle avec d’autres adultes. Chez les mâles sexuellement matures, une membrane nasale rosâtre ressemblant à un ballon sort de la narine gauche afin de les aider à séduire une partenaire. Cette membrane, lorsqu’elle est agitée, est capable de produire différents sons et appels selon que le phoque se trouve sous l’eau ou sur la terre ferme.
Reproduction et cycle de vie du phoque à capuchon
Il existe quatre zones de reproduction principales pour le phoque à capuchon :
- le golfe du Saint-Laurent ;
- le front à l’est de Terre-Neuve ;
- le détroit de Davis entre le Groenland et le nord du Canada ;
- les glaces de l’ouest près de l’île Jan Mayen.
Les phoques à capuchon mâles atteignent la maturité sexuelle vers l’âge de 5 ans. Ils sont polygynes et connaissent donc plusieurs partenaires au cours d’une même saison d’accouplement. Alors que certains mâles ne s’intéressent qu’à une seule femelle et s’accouplent avec elle pendant de longues périodes, d’autres sont plus volages et ont tendance à vagabonder avec plusieurs femelles pendant des périodes plus courtes, générant ainsi un maximum de descendants.
La femelle phoque à capuchon met bas fin mars et début avril et mue de juin à août. La population de ces animaux marins est généralement répartie en deux populations distinctes : celle de l’Atlantique Nord-Est et celle de l’Atlantique Nord-Ouest.
On estime que 90 % de la population totale du Nord-Ouest met bas du côté de Terre-Neuve. La population de l’Atlantique Nord-Est qui met bas autour de l’île Jan Mayen se disperse généralement dans la mer après la reproduction en mars.
D’avril à juin, après la saison de reproduction, le phoque à capuchon parcourt de longues distances pour se nourrir, avant de retrouver à nouveau les siens lors de la période de la mue. Bien que certains individus reviennent sur la même zone de banquise en juillet pour muer, la majorité du troupeau se déplace plus au nord. Après la mue, à la fin de l’été et en automne, l’espèce se disperse à nouveau largement pour se nourrir avant de retourner dans les zones de reproduction à la fin de l’hiver.
Le bébé phoque à capuchon
Le bébé phoque à capuchon mesure environ 1 mètre de long à la naissance et pèse dans les 24 kilos. Il naît sur la glace entre la mi-mars et le début avril, avec une couche de graisse bien développée. Le bébé phoque naît avec un pelage bleu-gris ardoisé qui lui vaut le surnom de « dos bleu », et avec une couleur crème pâle sur le ventre. Il mue après environ 14 mois.
La femelle devient adulte entre 3 et 6 ans, tandis que le mâle devient adulte entre 5 et 7 ans. Leur espérance de vie est estimée entre 30 et 35 ans.
L’allaitement le plus court de tous les mammifères pour une prise de poids record
L’allaitement du bébé phoque à capuchon ne dure en moyenne que 4 jours, la période de lactation la plus courte de tous les mammifères, au cours de laquelle le petit double de taille, prenant environ 7 kilos par jour. L’établissement de ce record tient dans la composition du lait dont la teneur en graisse est de 60 %.
Le développement précoce du phoque à capuchon
Les chercheurs ont constaté que les muscles squelettiques et cardiaques du phoque à capuchon se développent différemment en raison des besoins différents des petits par rapport aux adultes en ce qui concerne la recherche de nourriture sous l’eau.
Les études montrent que le flux sanguin cardiaque fournit suffisamment d’oxygène pour soutenir les voies lipolytiques pendant les plongées, ce qui permet de relever le défi de l’hypoxie, c’est-à-dire la capacité à tolérer une quantité minime d’oxygène.
Le tissu cardiaque est plus développé que les muscles squelettiques à la naissance et pendant la période de sevrage, bien qu’aucun des deux tissus ne soit complètement développé à la fin de la période de sevrage. Les petits naissent avec des réserves d’hémoglobine (présentes dans le sang) complètement développées, tandis que leurs niveaux de myoglobine (présents dans le tissu squelettique) ne représentent que 25 à 30 % des niveaux adultes.
Ces observations montrent que les muscles du bébé phoque à capuchon sont moins capables que ceux des adultes de soutenir la production d’ATP (Adénosine triphosphate) en aérobie ou en anaérobie pendant les plongées. L’ATP fournit l’énergie nécessaire aux réactions chimiques du métabolisme, à la locomotion, à la division cellulaire, ou encore au transport actif d’espèces chimiques à travers les membranes biologiques. Ce phénomène est dû aux importantes réserves d’oxygène, liées à l’hémoglobine ou à la myoglobine, dont les phoques ont besoin pour plonger pendant de longues périodes. Ceci pourrait expliquer la courte période de sevrage des petits, car la plongée est essentielle à leur vie et à leur survie.
Rivalité entre deux phoques à capuchon
La particularité de la fourrure du bébé phoque à capuchon
Le bébé phoque à capuchon perd sa fourrure de lanugo (revêtement pileux chez l’embryon) dans l’utérus. Il naît avec un fin manteau de fourrure non-lanugo, ce qui constitue une couche thermorégulatrice moins efficace que celle des autres espèces de phoques.
Des études ont montré que le phoque à capuchon nouveau-né passe par une étape après la naissance au cours de laquelle l’épaisseur de sa graisse augmente extrêmement rapidement, ce qui maximise sa capacité de thermorégulation et compense la minceur de sa fourrure. Ce processus d’élimination de la fourrure dans l’utérus et d’utilisation de la graisse peut s’avérer avantageux, car l’eau ne peut pas pénétrer la graisse comme c’est le cas avec la fourrure. Or, la graisse peut isoler le phoque dans l’eau et dans l’air de manière assez uniforme et très efficace.
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