Selon une étude de son génome publiée en août 2024, la population du requin blanc s’est divisée il y a environ 150 000 ans, pour ne jamais plus se croiser.
Dans les yeux des requins blancs
Les requins possèdent une excellente vision et le requin blanc ne fait pas exception. Leurs yeux sont munis de paupières, ce qui est exceptionnel chez les poissons. En cas de danger, et notamment lors de l’attaque de proies qui ont la capacité de se défendre, tous les requins ont une méthode de défense imparable. Nous verrons plus bas qu’elle n’est pas la même chez tous les requins. Voici donc le moment de regarder dans les yeux des requins blancs !
Sommaire
La vision de l’œil de requin
L’œil de requin présente des similarités avec celui de l’homme, ainsi que de nombreuses autres espèces animales. Il est par ailleurs parfaitement adapté à la vie sous l’eau, alors que la question du requin aveugle s’est longtemps posée. On sait aussi qu’il distingue les couleurs, même si de nombreuses interrogations demeurent à ce sujet.
Les yeux de requin sont situés sur les côtés de sa tête, de telle sorte que son champ de vision est de près de 360 degrés. Il a cependant deux angles morts : le premier est juste devant son museau et le second, juste derrière la tête.
Regardons dans les yeux des requins !
L’œil du requin ressemble beaucoup à la structure et à la fonctionnalité des organes de la vue d’autres créatures, dont l’homme. Il est similaire à celui d’autres vertébrés, avec de nombreuses parties qui nous sont communes : lentille, cristallin, rétine, iris et cornée.
À l’intérieur de la rétine se trouvent des cellules en forme de bâtonnets qui discernent les nuances entre la lumière et l’obscurité. Ils permettent donc de distinguer le clair du foncé. La rétine contient également des cellules coniques, qui permettent de voir la couleur. Les cônes sont moins nombreux que les bâtonnets.
Pour contrôler la quantité de lumière à laquelle ils sont exposés, les requins dilatent et contractent leurs pupilles. Pour faire la mise au point, les muscles qui entourent le cristallin le rapprochent ou l’éloignent de la rétine.
Les requins peuvent voir en dehors de l’eau, lorsqu’ils sortent brièvement la tête ou effectuent une brèche, mais la qualité de cette vision reste encore méconnue.
Les particularités des yeux de requin
Le tapetum lucidum ou tapis clair
Le requin possède un tapetum lucidum, autrement dénommé le tapis clair, que l’on trouve chez de nombreux animaux terrestres ou marins, dont le plus proche de nous, le chat. Ce tapetum lucidum traduit littéralement du latin signifie en réalité « tapis luisant ». Il s’agit d’une couche réfléchissante située au fond de l’œil.
Cette caractéristique est très importante pour la vue des requins, car le tapetum lucidum leur permet de voir dans la faible lumière créée par les eaux sombres ou profondes. Situé derrière la rétine, il est constitué de cristaux réfléchissants. Lorsque la lumière traverse la rétine et frappe ces cristaux réfléchissants, elle est réfléchie sur la rétine, au lieu d’être absorbée.
Les plaquettes argentées du tapetum lucidum sont constituées de cristaux de guanine (protéine pigmentaire) et de cellules mobiles colorées en noir, les mélanoblastes. Cette structure permet à la vision de s’adapter aux conditions de luminosité. Lorsque celle-ci est suffisante, les mélanoblastes glissent le long des plaquettes et les rendent inactives. En revanche, lorsque la luminosité est faible, les mélanoblastes laissent les plaquettes du tapetum lucidum réfléchir la lumière pour l’optimiser.
Cette meilleure visibilité dans l’obscurité des profondeurs de l’océan procure au requin une vision sous-marine estimée dix fois meilleure que celle des êtres humains. Tous les requins sont ainsi « équipés » pour chasser dans les eaux troubles, profondes et sombres, de jour, comme de nuit. Les requins nocturnes étant plus actifs la nuit, ils possèdent des tissus tapetum lucidum mieux développés.
Comme ceux des chats, les yeux de requins brillent dans l’obscurité. Chez un requin, cependant, le tapetum lucidum est environ deux fois plus efficace que chez le chat pour réfléchir la lumière.
L’autre particularité des yeux de requin : la paupière
Une autre particularité des yeux de requin est la paupière. C’est d’abord une exception chez les poissons. Ensuite, le requin utilise ses paupières principalement comme mesure de protection. Lorsqu’il attaque ou entre en conflit avec un autre requin, il les ferme paupières pour protéger les yeux des chocs, morsures et griffures.
Si les requins possèdent des paupières, ils ne clignent pas des yeux comme nous le faisons. Tous les animaux terrestres, dont l’homme, doivent cligner des yeux pour les nettoyer et les hydrater. Sous l’eau, les requins n’ont bien sûr pas ce besoin.
Cependant, les paupières d’un requin ne se ferment pas complètement. La nature a donc prévu une protection très ingénieuse pour protéger l’œil du requin : la membrane nictitante ou l’œil qui se révulse, selon le type de requin.
Ainsi, le requin peut parfaitement se préserver des blessures infligées par sa proie lors d’une attaque ou lorsqu’ils se battent entre eux. Les phoques possèdent des griffes et des dents très acérées, les raies pastenagues sont armées de barbes, les grands oiseaux de mer possèdent de puissants becs pointus, etc.
La membrane nictitante dans les yeux des requins
La plupart des requins possèdent une paupière, appelée membrane nictitante, qui protège entièrement l’œil. Ce n’est pas cas des requins blancs.
Bien d’autres animaux possèdent cette membrane nictitante : reptiles, oiseaux, ou encore le chat. Elle se présente comme une membrane fine et résistante, une sorte de paupière intérieure qui couvre l’œil et le protège. Elle est visible, mais transparente ou translucide. Elle se glisse pour couvrir tout le globe oculaire.
Vous pouvez déceler cette membrane nictitante chez votre chat lorsqu’il se réveille et qu’elle ne s’est pas encore retirée totalement.
L’œil du requin blanc qui se révulse
Les requins qui ne possèdent pas cette membrane nictitante, comme le grand requin blanc, font rouler leurs yeux à l’arrière de leur tête, ce qui donne l’illusion qu’ils ont les yeux blancs.
La partie blanche qui apparaît est le tissu sclérotique, la sclère étant la membrane fibreuse formant le blanc de l’œil. Il est fibreux et résistant, ce qui procure une sorte de bouclier à l’œil de requin.
Cette adaptation remarquable fournit la preuve que la vue est un organe important pour le requin. Il sait chasser (et vivre) avec ses autres sens, mais la vue lui est précieuse. À une distance de 15 mètres ou moins, la vision est probablement le sens dominant du requin.
Lorsqu’il utilise le roulement de l’œil ou la membrane nictitante, le requin devient cependant aveugle. Cela signifie que pendant les derniers instants où il attaque sa proie, le requin aveugle doit pouvoir se fier à ses autres sens, et notamment l’électro-réception et l’odorat.
Dans les yeux du requin vu par la Shark Academy
Regardez cette courte vidéo qui explique très bien la vision du requin. Vous verrez en gros plan l’action de la membrane nictitante.
Une vision à la carte : monoscopique ou stéréoscopique
Les requins peuvent voir de manière stéréoscopique (avec les deux yeux) ou monoscopique (avec un seul œil). Cela leur permet de mieux se concentrer sur un objet s’ils le souhaitent. Par ailleurs, lorsqu’ils bougent leur tête au rythme de leur navigation, ils optimisent leur champ de vision à 360°, à l’exception toujours des deux angles morts, juste devant et juste derrière eux.
Les requins sont capables de modifier à volonté leur champ de vision en passant du mode stéréoscopique à monoculaire.
Avec la vision stéréoscopique, ils voient en trois dimensions (comme les humains). L’image reçue est combinée par chacun des yeux pour lui donner de la profondeur, de la distance et de la forme.
La vision monoculaire est mise en œuvre lorsque le requin n’utilise qu’un seul de ses yeux. Cela permet une perception limitée de la profondeur, mais augmente la qualité des objets observés à ce moment-là.
La taille des yeux de requin
Tous les yeux de requins n’ont pas tous la même taille. Les requins qui attaquent des proies plus grandes et plus rapides ou qui vivent dans les zones pélagiques (0 – 200 mètres) et méso-pélagiques supérieures (200-400 m) ont des yeux plus grands, car ils vivent là où la lumière est plus disponible.
Les requins vivant dans la zone bathypélagique (1 000 – 4 000 mètres) ont de petits yeux et de grandes pupilles. Cela ne leur permet pas d’avoir une acuité visuelle accrue, mais de percevoir la bioluminescence.
Dans les yeux des requins blancs
Les yeux du requin blanc sont modérément grands par rapport à sa grande taille, ce qui suggère que la vision est assez importante pour le mode de vie de cette espèce.
Bien que de nombreux requins aient des yeux à pupilles fendues, ceux du requin blanc apparaissent sombres comme des boutons d’onyx. La pupille est circulaire, l’iris sombre et cerclé d’une touche spectrale de bleu nuit.
Lorsque les yeux du requin blanc sont détendus et ne suivent pas manifestement un objet, ils s’orientent naturellement vers l’avant et vers le bas. Ceci peut expliquer pourquoi ces animaux passent souvent légèrement au-dessus des plongeurs qu’ils rencontrent, afin de pouvoir inspecter visuellement l’étrange bipède.
Une bonne perception des couleurs
Chez le requin blanc, le rapport entre les bâtonnets et les cônes est d’environ 4 pour 1, soit à peu près le même que chez les êtres humains. Le pigment rhodopsine des cônes est plus sensible à la lumière verte qui correspond bien à la dominante verdâtre qui baigne les eaux côtières peu profondes. Dans les eaux plus profondes, où le bleu est la couleur prédominante de la lumière ambiante, les requins possèdent un pigment visuel secondaire, un composé photosensible doré qui réagit le mieux à la lumière dans la partie bleue du spectre.
Un système visuel performant
Le grand blanc possède un système visuel très développé. Sa rétine est sensible au contraste et au mouvement, une capacité qui peut être particulièrement utile pour traquer les phoques ou les otaries en suivant leurs silhouettes sombres et animées qui évoluent en surface.
La rétine du requin blanc est aussi particulièrement bien équipée pour discerner les relations spatiales et détecter les détails fins, ce qui est important pour déterminer la taille relative d’autres grands blancs ou des aspects subtils de leur langage corporel.
Enfin, sa rétine est munie de plaques tapissantes occlusives, ce qui lui permet de protéger sa délicate rétine de la lumière vive, comme lorsqu’il sort la tête de l’eau.
La conclusion est toujours la même avec le requin blanc : cet animal est un prodige de la nature dont nous ne connaissons, à ce jour, qu’une infime partie des talents !
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