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La prodigieuse technique de chasse du rorqual de Bryde
Les cétacés ne manquent pas d’idées pour élaborer des techniques de chasse aussi sophistiquées qu’inattendues et efficaces ! En voici un excellent exemple avec le rorqual de Bryde, pris en flagrant délit dans le golfe de Thaïlande.
Sommaire
Qui est le rorqual de Bryde ?
Le rorqual de Bryde n’est pas très connu, mais il faut dire qu’il se montre timide et fuit les observateurs qu’il entend arriver de loin. Il nage dans les eaux tropicales, subtropicales et tempérées des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Il aime les eaux aux alentours de 20 °C.
On l’appelle aussi le rorqual tropical, le baleinoptère de Bryde ou la baleine d’Eden. Appartenant à la famille des Balaenopteridae, c’est un mysticète (une baleine à fanons).
Le rorqual de Bryde est fin et svelte. Il mesure jusqu’à 15 mètres de long, pour 20 tonnes. Il ressemble au rorqual d’Omura et au rorqual de Rudolphi (ou rorqual boréal), mais se distingue par les 3 carènes de sa mâchoire supérieure. Il s’agit des lignes qui longent son rostre, depuis le bout de son museau, jusqu’à ses évents.
Son aileron dorsal est dit falciforme, car il a une forme de faucille. Il est posté assez en arrière, environ aux trois-quarts du corps, ce qui permet aussi de le différencier de loin, par rapport aux autres types de rorquals.
La robe de la baleine d’Eden est gris foncé, avec une partie ventrale blanche. La gorge apparaît parfois dans des tons rosés, plus ou moins intenses.
Le rorqual de Bryde croise souvent seul ou en couple, mais on ne lui connaît pas de tactiques de chasse coopérative. Certains observateurs ont cependant rapporté des chasses en solitaire, mais empruntant aux baleines à bosse la technique du filet de bulles.
Étant difficile à observer, on connaît peu son langage. On sait seulement que le rorqual de Bryde communique avec des sons à basse fréquence qui s’apparentent à des gémissements.
Comment se nourrit le rorqual de Bryde ?
Les petits poissons, comme les maquereaux et les anchois, figurent au menu du rorqual de Bryde. Il se délecte aussi de crustacés pélagiques, dont les crevettes, le krill et les crabes. Il s’accommode également des calmars qui peuvent croiser sa route.
Pour se nourrir, le rorqual de Bryde ouvre grand la gueule et engouffre des hectolitres d’eau de mer, grâce à ses sillons ventraux (ou sillons gulaires) qui permettent à sa gorge de se déployer. Il possède entre 40 et 70 plis.
Il fait ensuite pression avec sa langue, afin d’évacuer l’eau et ne conserver que les proies. Celles-ci sont filtrées par ses 250 à 400 fanons d’environ 40 centimètres.
Enfin, c’est comme cela qu’on a toujours vu faire le rorqual de Bryde, jusqu’à ce que Bertie Gregory, un cinéaste animalier, capture par drone des images pour le moins surprenantes.
La vidéo ci-dessus a été publiée sur le site de Bertie Gregory, dont vous trouverez la biographie en bas de page.
Découvrez comment le rorqual s’est adapté pour avaler ses proies sous l’eau en lisant l’article Le bouchon oral du rorqual pour éviter la noyade.
L’alimentation du rorqual de Bryde dans le golfe de Thaïlande
Bertie Gregory a capturé ces images par drone dans le golfe de Thaïlande. Contrairement à la séquence habituelle au cours de laquelle on observe le rorqual (de Bryde, à bosse ou autre) ouvrir grand la gueule et se mouvoir, comme on le ferait avec une éprouvette, on voit la baleine d’Eden attendre que les poissons sautent dans sa gueule !
L’explication donnée par les observateurs établit qu’à cet endroit, les eaux du golfe de Thaïlande sont très polluées. Les eaux usées qui sont évacuées depuis la terre ferme asphyxient les profondeurs qui s’appauvrissent en oxygène. On dit que le milieu devient « hypoxique ».
En revanche, la couche supérieure de l’eau reste suffisamment oxygénée pour que les poissons puissent vivre. Leur population se concentre donc sur une couche superficielle assez restreinte.
Le piège du rorqual de Bryde
Le rorqual de Bryde a donc développé une nouvelle tactique de chasse vraiment spectaculaire : il garde la bouche grande ouverte, tout en conservant les angles de la mâchoire sous l’eau. Cette position crée naturellement un courant qui entraîne les poissons à l’intérieur de son immense gueule.
Il semble même que certains poissons, dans un mouvement de panique qui les incite à rejoindre leurs congénères, sautent hors de l’eau pour atterrir dans le piège.
Il ne reste plus qu’à attendre une quantité suffisante de proies, avant de refermer la bouche et filtrer ses proies.
Cette adaptation à son environnement qui se dégrade (par la faute de l’homme) apporte une nouvelle preuve de l’intelligence des cétacés.
Découvrez dans l’article Nourriture baleine à bosse : la technique du filet à bulles, une autre méthode de chasse très courante chez la jubarte. Elle est collective, redoutablement efficace et vous offre en prime un spectacle féerique, avec un fabuleux colimaçon qui se dessine dans l’océan.
Bertie Gregory
En vous rendant sur le site de Bertie Gregory, vous vous rendrez compte que ce cinéaste et photographe de la vie sauvage, se passionne pour le monde animal en général, et pas seulement pour le monde sous-marin.
Bertie est un Britannique, né en 1993. Très tôt passionné par les animaux et par les images, il fut nommé Young Explorer du National Geographic, Photographe de plein air de l’année pour la jeunesse et Explorateur de la Zenith Scientific Exploration Society.
Titulaire d’un diplôme de zoologie de l’université de Bristol en 2014, il a débuté sa carrière comme assistant d’un photographe animalier de renom, Steve Winter, spécialisé dans les grands félins. Depuis, il a appris à voler de ses propres ailes et travaille avec des organismes prestigieux, comme le National Geographic ou le département Planet Earth de la BBC.
Bertie Gregory s’intéresse de près aux drones qu’il manipule avec dextérité pour notre plus grand bonheur.
Espérons qu’il nous fasse très vite partager de nouvelles images tout aussi extraordinaires !
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