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Aileron requin soyeux

Spectaculaire régénération de l’aileron blessé d’un requin soyeux

Image de couverture de l’article © Josh Schellenberg

En 2022, un requin soyeux a été photographié par un plongeur sous-marin, alors que son aileron dorsal présentait une blessure conséquente. Un an plus tard, ce squale a de nouveau été photographié avec une nageoire régénérée en majeure partie. Chelsea Black, docteur en écosystèmes marins et biologiste à l’université de Miami, lui a consacré une étude.

Source : Resilience in the Depths: First Example of Fin Regeneration in a Silky Shark (Carcharhinus falciformis) following Traumatic Injury (Premier exemple de régénération de l’aileron chez un requin soyeux [Carcharhinus falciformis] à la suite d’une blessure traumatique)

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Qui est le requin soyeux ?

Le requin soyeux (Carcharhinus falciformis) est un squale océanique élancé pouvant atteindre 3,5 mètres de long. Il s’agissait autrefois de l’une des espèces de requins les plus répandues dans l’océan, mais, appartenant aux espèces les plus consommées sur les marchés d’ailerons de requins et victime de la pêche « de loisir », il est aujourd’hui considéré par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme vulnérable.

Requin soyeux en mer rouge

Vous en saurez davantage sur ce magnifique squale en consultant l’article Requin soyeux, tout savoir sur Carcharhinus falciformis.

La difficulté de l’étude

Les requins et les raies sont réputés pour leur capacité à régénérer les parties lésées de leur corps après de graves blessures. Toutefois, les recherches dans ce domaine sont très limitées, la plupart des espèces étant difficiles à suivre sur le long terme. Pour pouvoir documenter une quelconque guérison, il faut observer un requin blessé, puis le retrouver plus tard pour mesurer la guérison de sa blessure. Or, c’est ce qui s’est passé avec ce requin soyeux.

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© Josh Schellenberg

La blessure de l’aileron du requin soyeux observée en juillet 2022

En juillet 2022, au large des côtes de Floride, le photographe sous-marin Josh Schellenberg a capturé des images d’un requin soyeux présentant une blessure importante sur son l’aileron dorsal. Connaissant le travail de la biologiste marine Chelsea Black dans la région, il l’a contactée pour lui montrer ses clichés.

Le docteur Black travaille sur l’identification des requins soyeux à Jupiter, dans le comté de Palm Beach en Floride, où ils se rassemblent chaque année. Des balises de suivi satellite sont implantées sur leur aileron dorsal pour recueillir des informations et reconnaître un squale à chaque nouvelle rencontre.

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Chelsea Black, au centre, dirige une équipe de marquage par satellite de l’Université de Miami en juin 2022 ©Tanner Mansell

Une blessure intentionnelle

Après l’observation de l’aileron du requin soyeux, Chelsea Black en a conclu que la taille et l’emplacement de la blessure indiquaient une correspondance avec ceux d’une balise d’identification. Le squale avait donc été mutilé intentionnellement. Par ailleurs, un hameçon planté sur le côté gauche de sa mâchoire constituait une autre preuve de la capture du squale. Les requins soyeux sont protégés par la loi en Floride, il reste impossible de savoir pourquoi la balise a été sauvagement arrachée et comment ce requin s’est ensuite échappé.

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© John Moore

Disparition du requin en 2022 après une nouvelle identification

Le requin soyeux à l’aileron blessé a été de nouveau identifié par une balise, implantée à la base de son aileron dorsal. Il n’a plus été revu en 2022. Chelsea Black a supposé qu’il avait quitté la zone de Jupiter, dans le cadre de sa migration annuelle. Elle demeurait cependant inquiète pour sa survie, car la nageoire dorsale représente une partie fonctionnelle importante du corps d’un requin. Elle lui sert à nager, se stabiliser et se diriger dans l’eau ; elle s’avère donc indispensable pour capturer ses proies.

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Juin 2023 : le retour du requin soyeux avec un aileron régénéré

En juin 2023, c’est-à-dire moins d’un an plus tard, ce fut au tour du photographe sous-marin John Moore de photographier le requin soyeux, alors qu’il s’intéressait aux squales revenant dans la région pour leur rassemblement saisonnier.

Lorsqu’il envoya ses images à Chelsea Black, la chercheuse remarqua immédiatement un requin soyeux dont l’aileron présentait une forme étrange. La photo d’identification et le numéro de marquage de l’année précédente permirent d’identifier avec certitude le même individu, même si la forme de sa nageoire dorsale avait changé de manière significative.

« Je ne m’attendais pas à faire cette découverte révolutionnaire », a déclaré Chelsea Black, « la révélation a été stupéfiante ».

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© Josh Schellenberg & John Moore

La rapidité et l’ampleur exceptionnelles de la cicatrisation du requin soyeux

Voici la conclusion de Chelsea Black :

L’étude démontre la régénération partielle de la nageoire d’un requin soyeux près d’un an après une blessure traumatique qui a entraîné une perte de 20,8 % de la première nageoire dorsale. Le requin a été photographié 332 jours après la blessure enregistrée avec une nageoire dorsale nouvellement formée et cicatrisée à 87 % de sa taille d’origine. Les photographies fournies par les plongeurs ont permis de mesurer avec précision la croissance de la nageoire, confirmant une augmentation d’environ 10,7 % de la surface de la nageoire, ce qui indique une régénération des tissus. Le taux de cicatrisation des plaies a été calculé pour conclure que la plaie initiale s’était complètement refermée au 42e jour, ce qui est analogue aux taux de cicatrisation d’autres élasmobranches.

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Une cicatrisation exceptionnelle déjà documentée chez d’autres espèces

Les capacités exceptionnelles de cicatrisation ne sont pas totalement inconnues chez les animaux marins. En 2006, la régénération de la nageoire dorsale avait été documentée chez un requin-baleine (Rhincodon typus) qui avait perdu l’intégralité de sa nageoire dorsale à la suite d’une collision avec un bateau.

Par ailleurs, la cicatrisation de diverses autres blessures traumatiques a été observée chez des raies mantas de récif (Mobula alfredi), requins-taureau (Carcharias taurus) et requins citron faucille (Negaprion acutidens).

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Cheslsea Block conclut : « Je ne saurai jamais avec certitude où ce requin soyeux passe le reste de l’année, mais j’espère qu’il continuera à revenir à Jupiter chaque été pour que nous puissions continuer à évaluer ses progrès. D’après le taux de guérison calculé dans mon étude, il se pourrait que sa nageoire dorsale retrouve 100 % de sa taille d’origine ».

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