Quelles peuvent être les conséquences pour la survie et le comportement de requins positifs à la cocaïne ? Les chercheurs ayant réalisé cette étude scientifique s’en inquiètent.
Les rorquals communs de retour en masse en Antarctique
Autrefois chassée et au bord de l’extinction, la population de rorquals communs de l’océan Austral a retrouvé une croissance encourageante pour l’espèce. Selon une nouvelle étude, les cétacés sont revenus dans leurs zones d’alimentation historiques. Un immense espoir pour la deuxième plus grande créature de la planète – après la baleine bleue – mesurant entre 18 et 20 mètres de long.
Sommaire
Rorquals communs se nourrissant près de l’île de l’Éléphant, au nord-ouest de l’Antarctique
Un épais brouillard… dû au puissant souffle des rorquals communs
Après six semaines d’une expédition de neuf semaines, près de la côte de l’île de l’Éléphant, au nord-ouest de la péninsule antarctique, les chercheurs sont tombés sur l’un des plus grands rassemblements de rorquals communs jamais observés.
De loin, on aurait dit un épais brouillard à l’horizon. Mais, à mesure que le navire se rapprochait, il apparut que l’océan bouillonnait en raison de la présence de 150 rorquals communs, d’après le décompte qu’en firent les chercheurs.
« Ce fut l’une des observations les plus spectaculaires que j’ai faites », a déclaré Helena Herr, écologiste spécialiste des mammifères marins à l’université de Hambourg. « Les rorquals communs semblaient devenir fous à cause de l’extraordinaire masse alimentaire à laquelle ils étaient confrontés. C’était absolument haletant ! »
« Je n’avais jamais vu autant de baleines au même endroit et j’ai été absolument fascinée de voir ces groupes aussi massifs se nourrir », a également déclaré Bettina Meyer, co-auteur de l’étude, biologiste et professeur à l’Institut Alfred Wegener.
Le docteur Herr et ses collègues ont documenté le retour d’un grand nombre de rorquals communs dans les eaux qui constituaient autrefois leurs aires d’alimentation historiques. Leurs conclusions peuvent être lues dans leur intégralité dans un article publié le 7 juillet 2022 dans la revue Scientific Reports : Return of large fin whale feeding aggregations to historical whaling grounds in the Southern Ocean (Retour des agrégations alimentaires de rorquals communs dans les zones historiques de chasse à la baleine dans l’océan Austral).
Des conclusions encourageantes pour les rorquals communs
Ces recherches et leurs conclusions sont de bon augure pour la préservation de cette espèce de mysticètes (baleines à fanons) se nourrissant de petits poissons, calamars et crustacés, dont le krill.
Le rebond de la population de rorquals communs prouve « que si vous appliquez de bonnes mesures de gestion pour la conservation de l’environnement, les espèces ont des chances de se rétablir naturellement », a déclaré le docteur Herr.
L’historique récent des rorquals communs dans l’Antarctique
Durant une grande partie du XXe siècle, les eaux entourant l’Antarctique furent extrêmement fréquentées à des fins commerciales. Entre 1904 et 1976, les baleiniers se sont abattus sur les riches zones d’alimentation et ont tué environ 725 000 rorquals communs dans l’océan Austral, réduisant leur population à seulement 1 % de sa taille avant la chasse.
L’interdiction de la chasse à la baleine en 1982
Lorsque les membres de la Commission baleinière internationale ont finalement voté l’interdiction de la chasse à la baleine en 1982, après une campagne de dix ans menée par des groupes de défense de l’environnement pour sauver les baleines, un certain nombre d’espèces — dont le rorqual commun, le cachalot et le rorqual boréal — avaient déjà été chassées jusqu’à leur quasi-extinction. Des restrictions avaient déjà été mises en œuvre dans les années 1970, mais elles étaient loin d’être suffisantes.
Or, ces grands animaux mettent très longtemps à reconstituer leurs populations. D’une part, ils leur faut des années (souvent plus de 10 à 15 ans) avant d’atteindre la majorité sexuelle ; d’autre part, ils ne mettent au monde qu’un baleineau à la fois. La mère a besoin de plusieurs années avant de le sevrer, et donc avant d’attendre un nouveau petit.
40 ans après l’interdiction de la chasse commerciale à la baleine, des chercheurs étudiant d’autres espèces dans l’océan Austral ont commencé à remarquer qu’un nombre croissant de rorquals communs étaient revenus.
Les scientifiques et autres observateurs ont commencé à remarquer une augmentation du nombre d’observations de rorquals communs dans les eaux entre l’Amérique du Sud et l’Antarctique au début des années 2000. Ils soupçonnaient depuis longtemps que la zone proche de l’île de l’Éléphant était en train de devenir un point de ralliement important pour les rorquals communs.
L’étude sur les rorquals communs de l’Antarctique
Le docteur Herr et ses collègues firent en 2013 une étonnante rencontre qui changea leurs objectifs scientifiques. À l’époque, ils étudiaient les baleines de Minke (ou petit rorqual, un autre mysticète) lorsqu’ils croisèrent par hasard de grandes congrégations de rorquals communs. Certains rassemblements étaient si importants que les embruns provenant des évents des baleines ressemblaient à un brouillard à la surface de l’océan. C’est pourquoi ils ont décidé de demander un financement pour étudier le renouveau de la population des rorquals communs.
En 2018 et 2019, les chercheurs sont retournés dans la péninsule antarctique pour la première étude dédiée à la population de rorquals communs. Grâce à des relevés aériens, les chercheurs ont enregistré une centaine de groupes de rorquals communs, dont la taille variait d’un à quatre individus. Ils ont également documenté huit grands groupes comptant jusqu’à 150 baleines qui s’étaient rassemblées pour se nourrir.
L’étude « confirme que cette tendance se poursuit et qu’elle est encore plus marquée », a déclaré Jarrod Santora, biologiste des pêches à la National Oceanic and Atmospheric Administration, qui a été l’un des premiers chercheurs à documenter l’augmentation des populations de rorquals communs en étudiant le krill.
Les chercheurs ont mis en garde contre le fait que toutes les espèces de baleines ne se sont pas rétablies avec autant de succès depuis l’interdiction de la chasse à la baleine. Sally Mizroch, une biologiste des pêches qui étudie les baleines depuis 1979, a décrit les rorquals communs comme « très prospères ». Contrairement à d’autres espèces, comme le rorqual bleu, le rorqual commun peut chercher sa nourriture sur de grandes distances et se nourrir de diverses sources.
Les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi certains des rassemblements étaient si importants. Le docteur Herr a noté que les scènes dont ils ont été témoins avaient au moins quelques parallèles avec des rapports historiques écrits avant la généralisation de la chasse commerciale à la baleine. Par exemple, le naturaliste William Speirs Bruce a décrit avoir vu des dos de baleines et des souffles s’étendant « d’un horizon à l’autre » lors d’une expédition en Antarctique en 1892.
La whale pump à l’ouvrage
Le rebond des populations de baleines est non seulement bénéfique pour les baleines, mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème, grâce à un concept connu sous le nom de « whale pump ». Les scientifiques expliquent que lorsque les baleines se nourrissent de krill, elles rejettent dans l’eau le fer qui était enfermé dans les crustacés. Cela stimule le phytoplancton, des organismes microscopiques utilisant le dioxyde de carbone dans la photosynthèse et servant de base à la chaîne alimentaire marine.
Consultez l’article Caca de baleine : une aubaine pour l’écologie de la planète ! qui décrit dans le détail le processus de la whale pump.
« Comme les rorquals communs ramènent le krill à la surface de l’eau, ils facilitent également la tâche d’autres prédateurs, notamment les oiseaux de mer et les phoques », déclare le docteur Santora. « Il existe de très nombreuses coopérations et symbioses dans la nature qui favorisent la santé d’un écosystème. »
Cet article comporte 0 commentaires