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Le grand espoir de survie pour le dauphin de l’Irrawaddy
Le dauphin de l’Irrawaddy est un dauphin mignon comme tout, mais dont l’espèce était sérieusement menacée depuis quelques temps. Les indicateurs sont devenus aujourd’hui, en 2020, beaucoup plus optimistes, notamment au Cambodge.
Le dauphin de l’Irrawaddy en voie de disparition semble être un mauvais souvenir, même si les efforts doivent continuer à être soutenus.
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Le dauphin de l’Irrawaddy en voie de disparition
Pendant des décennies, la population de dauphins d’Irrawaddy du Mékong, au Cambodge, a été au bord de l’extinction. Ils étaient autrefois des milliers, mais la population a commencé à chuter dans les années 70.
Pendant le règne violent des Khmers rouges et les années de guerre qui ont suivi, le dauphin de l’Irrawaddy a été chassé impitoyablement. La pêche au filet sans discernement, dans laquelle les dauphins finissent souvent comme prises accessoires, faisait des ravages, et, au tournant du millénaire, il en restait sans doute moins de 100.
Dauphin de l’Irrawaddy : combien en reste-t-il ?
Certaines mesures de conservation ont finalement été mises en œuvre au milieu des années 2000 lorsque le Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund for Nature – WWF) s’est associé au gouvernement cambodgien pour soutenir les efforts de répression des pratiques de pêche non durables, qui comprennent l’utilisation de poisons et de dynamite.
À cette époque, le gouvernement cambodgien a également commencé à promouvoir les dauphins comme une espèce phare et une attraction touristique. Mais il faut du temps pour réprimer les activités illégales et, en 2015, un recensement de la population a montré qu’il ne restait que 80 individus.
Puis, en 2018, il y eut de bonnes nouvelles. Une nouvelle étude a révélé la présence de 92 dauphins dans le Mékong, le nombre le plus élevé depuis plus de 20 ans. Les chercheurs ont identifié neuf nouveau-nés. Eng Chea San, le directeur général de l’administration cambodgienne des pêches, affirme qu’il y a peut-être une douzaine de dauphins en plus non identifiés qui vivent dans le fleuve.
Cependant, la population de dauphins reste bien en dessous de ce qui est considéré comme suffisant pour assurer sa survie. Selon Mark Drew, directeur de programme du WWF au Cambodge, qui a mené la campagne en faveur des dauphins, « Nous avons peut-être réussi à infléchir la courbe ». Le directeur national du WWF, Teak Seng, qualifie cette nouvelle de « fabuleuse », mais ajoute qu’il n’y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. « Comme les menaces à leur survie persistent, nous devons redoubler d’efforts pour protéger les dauphins, tant pour leur avenir que pour celui de la rivière et des communautés qui vivent à ses abords », dit-il.
La star de l’écotourisme
Moins connus que leurs cousins qui vivent dans l’océan, les dauphins d’eau douce sont parmi les créatures les plus menacées de la planète. En 2007, le dauphin du fleuve Yangtze, ou bajji, est devenu le premier mammifère à s’éteindre en plus de 50 ans et la première espèce de cétacés à avoir été poussée à l’extinction par l’activité humaine, selon une étude de la Royal Society.
Avec son front bombé, le dauphin de l’Irrawaddy, ressemble à un petit béluga gris. Il vit dans les eaux saumâtres près des côtes, à l’embouchure des rivières et dans les estuaires d’Asie du Sud-Est. Trois sous-populations de dauphin d’eau douce ont été établies dans trois fleuves : le Mahakam en Indonésie, l’Irrawaddy en Birmanie et le Mékong, qui prend sa source dans les hauts plateaux tibétains et traverse six pays d’Asie avant de se jeter dans la mer de Chine méridionale.
Le dauphin de l’Irrawaddy du Mékong au Cambodge
La population du Mékong, que l’on pense être la plus importante des trois, se trouve au nord du Cambodge. C’est une région qui, comme la plupart du Cambodge, a connu une intense pression de pêche pendant des décennies. Le plus grand problème pour les dauphins a été l’enchevêtrement dans les filets de pêche qui provoquent leur noyade.
Les efforts du gouvernement cambodgien pour sauver le dauphin de l’Irrawaddy
En 2012, le gouvernement cambodgien a déclaré le fleuve zone protégée, la pêche étant interdite à tout moment dans l’habitat principal des dauphins. Depuis 2018, les règles sont appliquées par un contingent de 32 gardes fluviaux, et les responsables affirment que la mortalité globale des dauphins a considérablement diminué.
Une plus grande implication des communautés locales a également aidé, selon les écologistes. Vénéré au Cambodge et au Laos, où de nombreuses personnes croient que les animaux sont des réincarnations de leurs ancêtres, le dauphin de l’Irrawaddy est devenu un acteur indispensable du secteur de l’écotourisme en plein essor au Cambodge. C’est pourquoi le gouvernement soutient le travail de conservation.
La préservation de l’Irrawaddy bénéfique aux autres espèces
L’attention accordée aux dauphins a également des retombées positives sur d’autres espèces sauvages de la région écologiquement perturbée du Mékong, explique Zeb Hogan, un biologiste spécialiste des poissons de l’université du Nevada à Reno et qui dirige un projet de recherche de l’USAID intitulé « Les merveilles du Mékong ».
« Le dauphin est une espèce phare, il est bien connu dans la région, très visible et suscite un intérêt et des financements nationaux et internationaux pour la conservation. La protection des dauphins contribue à protéger l’habitat des autres espèces sauvages de la région, notamment les tortues et les poissons de grande taille, qui sont menacés d’extinction », affirme Zeb Hogan.
Le suivi attentif de la population du dauphin d’Irrawaddy
Les chercheurs ont encore beaucoup à apprendre sur le comportement et l’écologie des dauphins de l’Irrawaddy, explique Lindsay Porter, une spécialiste des dauphins qui s’est rendue au Cambodge et qui travaille avec l’unité de recherche sur les mammifères marins, basée à Hong Kong et rattachée à l’université britannique de St Andrews au Royaume-Uni.
« Nous ne savons pas vraiment pourquoi les dauphins se rassemblent dans ces bassins, dont certains peuvent avoir une profondeur de 45 mètres, affirme Lindsay Porter. Cela pourrait être dû à la disponibilité de nourriture à cet endroit ou peut-être parce qu’il y a moins de perturbations. »
Les chercheurs essaient de suivre tous les individus de la population, ce qui n’est pas une tâche aisée. Pour différencier les individus, ils identifient et répertorient leur petite nageoire dorsale. Elles ont toutes des formes légèrement différentes. Les animaux n’apparaissant que durant de très courts instants et ne sortent que peu souvent leur corps de l’eau. Ce comportement les rend incroyablement difficiles à photographier à des fins d’identification.
Les chercheurs travaillent à mettre à jour le catalogue d’identification des dauphins. Ils nourrissent aussi le projet d’approfondir leurs recherches sur le dauphin de l’Irrawaddy en étudiant l’utilisation sophistiquée que font ces dauphins du sifflement comme moyen de communication.
L’optimisme quant à la survie de l’espèce
Teak, le directeur du WWF, est optimiste quant à l’avenir des animaux. Il estime que ses chances de survies sont en bonne voie.
L’abandon d’un barrage cambodgien en 2020
Le gouvernement cambodgien a fait un grand pas en avant pour la nature et les communautés qui dépendent du puissant fleuve Mékong en 2020. Il a abandonné le projet de construction du barrage hydroélectrique de Sambor et a imposé un moratoire de dix ans sur tout nouveau barrage sur le Mékong.
Le Mékong, qui s’écoule du plateau tibétain à la mer de Chine méridionale en passant par la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, abrite une biodiversité spectaculaire. Environ 60 millions de personnes vivent dans la région, dont beaucoup dans la pauvreté, et dépendent du fleuve et de ses affluents pour leur alimentation et leurs revenus.
La construction du barrage de Sambor aurait menacé la pêche en eau douce la plus productive du monde et qui nourrit des millions de personnes. Cela aurait également bloqué le mouvement de sédiments vitaux, accélérant l’effondrement et le rétrécissement du delta du Mékong et menaçant l’avenir du principal grenier à riz du Vietnam.
La nouvelle de l’abandon du barrage est excellente pour la survie du dauphin de l’Irrawaddy, en danger critique d’extinction. Sa protection est cruciale pour la santé générale du Mékong, qui abrite également quelques 1 100 espèces de poissons. Le dauphin de l’Irrawaddy est également considéré comme un animal sacré par les Khmers et les Laotiens et constitue une source importante de revenus et d’emplois pour les communautés qui pratiquent l’écotourisme avec observation des dauphins.
« Maintenir la libre circulation dans le bas du Mékong est la meilleure décision à prendre pour le peuple et la nature du Cambodge. Le WWF est prêt à soutenir le développement d’alternatives d’énergie propre et renouvelable qui aident à atteindre les objectifs énergétiques du pays », a déclaré Teak Seng, directeur du WWF-Cambodge.
Les rivières à débit libre sont importantes pour les hommes et l’environnement, mais le développement économique non durable dans le monde entier les rend de plus en plus rares. Les barrages et les réservoirs sont les principaux responsables de la perte de connectivité des rivières du monde. Le WWF plaide pour que les rivières soient valorisées et que l’accent soit mis sur les sources d’énergie renouvelables alternatives, comme le solaire et l’éolien, afin qu’elles continuent à couler aussi librement que possible.
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